9 janvier 2015

Notre académie, nos établissements

Chronique de la tendresse ordinaire

Un collège difficile du Vaucluse. Jour de l’an 2015.

Chez lui, un enseignant décède subitement d’une crise cardiaque.
Les obsèques ont lieu le jeudi 8 janvier 2015 (hasard du calendrier, c’est jour de deuil national).

Chez les personnels du collège, l’émotion est à son comble, et chacun souhaite assister aux obsèques, accompagner un collègue de travail de longue date jusqu’à sa dernière demeure, se tenir aux côtés de son épouse, elle aussi professeur dans l’établissement.

C’est sans compter sur notre administration, qui, à trop garder les yeux rivés sur les indicateurs de performance et le nombre d’heures de cours perdues par les élèves, en oublie la décence et les règles de bonne conduite les plus élémentaires.

Les personnels se voient opposer un refus à leur demande d’autorisation d’absence : nécessité de service oblige ! Ils n’ont qu’à faire une délégation, comme si le deuil et le chagrin se déléguaient !

Choqués par tant de mépris et, il faut bien le dire, de bêtise, les collègues décident qu’ils se rendront malgré tout aux obsèques, et évoquent un préavis de grève.
Qu’à cela ne tienne, la réponse du DASEN et du Cabinet du recteur ne se fait pas attendre : ceux qui se rendront aux obsèques seront bien ponctionnés d’un trentième pour service non fait.

Cette position mesquine et inhumaine nous a été confirmée jeudi 8 janvier, malgré nos protestations.

Les personnes qui ont pris cette décision et celles qui l’assument ne sont pas dignes des responsabilités que la République leur a confiées.


Laurent Tramoni
Secrétaire académique
Snes-FSU Aix-Marseille

LETTRE PETITION TYPE de SOUTIEN à nos COLLEGUES :

Monsieur le Recteur,

Des collègues du Vaucluse ont perdu un collègue jeudi dernier. Ils ont souhaité participer aux obsèques, tant pour partager un au revoir solennel à leur collègue que pour accompagner son épouse, elle aussi professeur dans l’établissement.

La réponse de l’administration a été un refus d’autorisation d’absence, imposant aux collègues de déléguer leur peine ou de perdre une journée de salaire.

Nous, professeurs de XXX, sommes indignés par cette réponse. Nous revendiquons l’appartenance à notre communauté scolaire, et n’imaginons pas, en pareille situation, que l’établissement puisse fonctionner normalement pendant qu’on enterre l’un de ses membres.

Nous ne pouvons qu’imaginer un dysfonctionnement dans la chaîne des responsabilités académiques et nous vous demandons solennellement d’apporter un démenti à cette information.

Veuillez croire, Monsieur le Recteur, en notre attachement au service public d’éducation nationale.