16 avril 2015

Notre académie, nos établissements

Réforme du collège : le retrait est à notre portée !

Réforme du collège :
Le retrait est à notre portée !

Les réunions syndicales que nous animons dans les établissements et les discussions que nous avons en salle des professeurs sont sans appel : le rejet de la réforme du collège est unanime dans la profession.

Malgré la publicité outrancière qui en est faite dans les médias, malgré les discours lénifiants du ministère et les éléments de langage repris sur Tweeter par des syndicalistes de salon, les praticiens sur le terrain n’ont pas à tardé à se faire leur avis : la réforme du collège n’apporte aucune plus value aux élèves, elle ne répond à aucun des problèmes qui leurs sont posés, elle casse des dispositifs qui fonctionnent ou apportent un espace de respiration aux établissements, elle sacrifie des enseignements qui font la richesse et la diversité du système français. Rien n’est dit sur les effectifs des classes, le travail en effectif réduit est rebaptisé mais il n’est pas étendu.

A l’inverse, les collègues ont bien compris que cette réforme est une attaque contre les professeurs. Elle implique une inflation du temps consacré aux réunions d’équipes pour arbitrer localement des choix qui étaient tranchés préalablement jusqu’alors : répartition des heures par disciplines, choix des disciplines bénéficiant du temps de travail devant des groupes allégés, progression annuelle des programmes, choix des sujets des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires.

La réunionite ? Pas question !

Le temps consacré à l’organisation des enseignements est du temps disponible en moins pour suivre les élèves, préparer les séquences, analyser les obstacles didactiques et les difficultés que les élèves signalent. L’organisation de la pédagogie au détriment de la pédagogie et de la didactique elles-mêmes !

Outre que les défis auxquels est confrontée notre Nation supposent de renforcer le cadre commun des enseignements, la pédagogie a besoin d’un cadre défini et stable pour se développer. L’intérêt du service n’est pas de faire travailler les professeurs dans un cadre horaire ou programmatique qui peut être remis en cause chaque année.

La dénaturation du métier passe aussi par l’invention de hiérarchies pédagogiques intermédiaires, coordonnateurs de cycle, coordonnateurs de niveau, qui auront pour mission d’animer le travail des équipes, en lien avec l’équipe de direction et le conseil pédagogique. Nos professions ont toujours refusé les ruptures d’égalité entre collègues de la salle des professeurs, y compris aux heures les plus vives du management. Les équipes ont besoin de cohésion pour surmonter les difficultés, pas de mise en concurrence interne !


La dénaturation du métier passe enfin par une conception de l’interdisciplinarité
, sous la forme d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires qui vont phagocyter les horaires disciplinaires, et remplacer les contenus formateurs et émancipateurs des programmes par des projets dont quelques exemples à la vacuité sidérante ont été présentés aux médias.
Quel gâchis que d’avoir jeté à la poubelle avant leur publication les propositions du Conseil Supérieur des Programmes : 10 « objets riches » intégrés dans les programmes de chaque discipline et travaillés de façon complémentaire par chaque enseignant, depuis le point de vue de sa discipline, sur la base de questionnements intellectuels en lien avec les grandes questions contemporaines.

Une fois de plus, les décideurs politiques imposent des réformes qui ne sont pas concertées et qui négligent l’avis des professionnels. Ceux qui connaissent la réalité du travail parce qu’ils le pratiquent au quotidien voient leur expertise niée. On ne peut que ressentir de la colère face au gâchis que représentent les annonces unilatérales du Ministère.

Une fois de plus, nous devons nous mobiliser pour défendre le sens de notre métier et la qualité de nos enseignements.

Mais cette fois-ci, le rapport de force n’est pas le même !

Il faut noter la détermination d’un front syndical qui représente plus de 80 % de la profession (87% dans l’académie d’Aix-Marseille) et l’unanimité des salles des professeurs.
A l’inverse, les tenants de la réforme sont particulièrement faibles. Bien entendu, l’UNSA et le SGEN n’ont plus de représentants sur le terrain, à force de renoncements. Quant à la FCPE, il y a un monde entre les positions défendues par la direction nationale et les parents que nous pouvons réunir dans nos établissements. certes, ce sont les mêmes qui ont imposé à la profession la réforme Chatel des lycées, dont la réforme du collège s’inspire fortement (sans que le ministère n’ait fait quelque bilan que ce soit !).
Mais la réforme Chatel a été imposée dans un tout autre contexte politique !

Car, plus encore, c’est la faiblesse du gouvernement lui-même qui est frappante !

Faiblesse du nombre, car il ne reste que bien peu de soutiens au gouvernement dans la population réelle. La majorité a subi trois défaites électorales cinglantes et les élections régionales s’annoncent difficiles. On imagine mal qu’elle puisse raisonnablement se couper également des professeurs, qui n’ont pour l’heure tiré aucun bénéfice du quinquennat Hollande...

Faiblesse idéologique, tant il est clair que le projet ministériel méconnaît la réalité du terrain, la réalité du travail, la réalité des attentes.
Nous voyons en face de nous à Paris des ministres, des conseillers, des hauts fonctionnaires, dont la pensée s’est appauvrie à force de power points, d’éléments de langages et d’entre-soi social et politique. La parole contradictoire n’est pas entendue car elle n’entre pas dans les cases et dans les a priori idéologiques et partisans. Ils n’écoutent que ceux qui les flattent !

Le ministère n’a pas entendu les remarques, les critiques, les alertes, convaincu qu’il est que le syndicalisme enseignant est devenu un tigre de papier qui ne reflète plus la profession.

Arrogance, témérité, dogmatisme ?
Ce que nous percevons dans les salles des professeurs nous convainc que le ministère vient de commettre une erreur politique avec cette réforme.

Tous ensemble, par la grève majoritaire du mardi 19 mai, et si besoin par les actions qui suivront, nous allons obtenir le retrait de la réforme et réaffirmer qu’il faut compter avec nous, les profs !

Nous n’avons aucune hésitation.