28 novembre 2012

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Ce que vivent les stagiaires : Bilan de l’enquête du SNES

Le SNES a enquêté sur les condition de formation et d’entrée dans le métier de nos jeunes collègues lauréats des concours. Notre Institution peut et doit mieux faire, d’urgence ! Ci-dessous, les extraits les plus édifiants des témoignages des stagiaires de l’académie

  {{ {{ <quote>Bilan de l'enquête nationale du Snes sur les conditions de formation des stagiaires de l'Education Nationale dans l'Académie d'Aix Marseille</quote> }} }} {{{La formation

« La formation est un scandale. Inintéressant, long, nous n’apprenons rien, n’avançons pas, les formateurs ne sont pas du tout au point. Avec la fatigue du collège et le reste, la formation n’est qu’un ajout d’heures (..) qui nous fatiguent plus que jamais ... Je suis à deux doigts d’écrire au recteur d’académie. »

Stagiaire d’Anglais

« Formation un peu tardive notamment sur la gestion de classe. La gestion des conflits a été traitée 6 semaines après la rentrée !!! »

Stagiaire de Sciences Physiques

« En Lettres, la manière qu’ont certains formateurs de s’adresser à nous pendant les formations est inacceptable : on nous infantilise, on nous fait la morale, alors que nous devons être adultes et responsables face à des élèves le reste du temps.

Quant au contenu il est insultant d’inutilité : on nous propose des séquences toutes prêtes au lieu de nous conseiller sur nos cours, tout en nous disant qu’il ne faut jamais réutiliser tel quel le cours de quelqu’un d’autre.

Enfin, nous n’avons absolument jamais l’occasion de parler de nos difficultés ou interrogations. On passe des journées entières de formation sur des niveaux que nous n’avons pas, et on nous fait commenter les cours des formateurs là encore sans jamais écouter nos difficultés à nous sur nos cours et nos classes. ».

Stagiaire de Lettres Modernes

« Nous sommes nombreux à surnommer cette structure le goulag. Nous avons l’impression de subir une rééducation intellectuelle : quid de la liberté pédagogique ?  »

Stagiaire de Lettres Classiques

« La formation interdisciplinaire du 18 octobre a été indigente : tour de table interminable pour une conclusion d’une banale évidence, à la limite de la malhonnêteté intellectuelle, par l’exploitation des vidéo de jeunes profs en collège ultra-sensible comparées à celle d’un prof plus expérimenté sur un public lycéen bien plus favorisé. »

Stagiaire de Lettres Modernes

Ce que revendique le Snes :

• Que la formation soit avant tout disciplinaire : qu’elle aborde les questions de didactique et de pédagogie sous l’angle de la discipline.

• Que la formation parte de la réalité du métier et soit menée par des formateurs qui aient gardé contact avec le terrain : l’aller retour entre théorie et pratique n’a de sens que dans la mesure où la théorie éclaire la pratique pour permettre de prendre du recul. Si la théorie nie les réalités de la pratique alors elle perd toute crédibilité et n’apporte aucune aide aux stagiaires.

• Que la formation soit distincte entre stagiaires ayant derrière eux une expérience importante de contractuel et ceux issus des masters universitaires.

 Les tuteurs

« Différence d’approche entre l’inspection, le tuteur et la formation. Donc très difficile de s’y retrouver et la meilleure manière pour l’instant étant de la mettre à distance, je suis privée de conseils qui pourrait être précieux. »

Stagiaire d’Art Plastique

Ce que revendique le Snes :

• Que les Inspecteurs apportent un soin réel dans le choix des tuteurs.

• Que les tuteurs puissent être déchargés d’une partie de leurs heures de cours afin d’accompagner efficacement le stagiaire. Qu’ils bénéficient également d’une formation sur ce qu’implique leur tutorat : il s’agit pour eux d’accompagner, de conseiller, pas de juger et de condamner !

 Conditions de stage

« J’ai un emploi du temps absolument fou, je travaille tous les jours et je passe la semaine dans ma voiture pour aller d’une école à l’autre (en faisant une route très dangereuse). Pour la formation jusqu’à présent j’ai du me lever le matin à cinq heures et faire 210 Km aller + 210 retour, avec des conditions météo pas toujours évidentes. Finalement je me demande quelle est la logique de créer un poste de stage isolé du reste du monde. »

Stagiaire d’Italien

« Bien que nous ayons une décharge de 3h par rapport aux deux années précédentes, j’ai 3 niveaux en collège dont la 3e qui me demande un travail supplémentaire considérable (tuteur de stage, etc), et des élèves avec d’énormes problèmes d’apprentissage, des élèves à handicap lourd (déficience visuelle et autisme), je prépare mes cours (en 2 versions) jusqu’à 1h du matin afin d’aider au mieux mes élèves. Mes formations se passent à Marseille, soit à plus de 130km de chez moi.  »

Stagiaire de SVT

« Je ne sors jamais à l’heure malgré ma décharge, j’ai déjà fait deux jeudi en plus. Ma chef d’établissement ne me forme pas et me dit débrouillez vous. Je travaille toujours en plus le week-end et ma tutrice est peu présente et tiens le même discours que la chef quoi qu’il arrive.  »
Stagiaire CPE

Ce que revendique le Snes :

• Que les stagiaires n’aient qu’un tiers de service qui s’effectue sur le service de son tuteur.

• Que les postes réservés pour les stagiaires soient les moins éloignés possibles des lieux de formation, ce qui serait beaucoup plus facile à obtenir si les stagiaires n’effectuaient qu’un tiers de leur service.

• Que l’administration s’assure que les stagiaires n’ont pas dans leur service des classes à examen, ou des classes spécifiques (type UPI ou Ulysse) qui nécessitent une expérience déjà solide du métier.

• Que les remboursements occasionnés par les déplacements imposés aux stagiaires pour leur formation leur soient entièrement remboursés.

 La pression

« Comment espère-t-on combler le déficit en enseignants avec de telles méthodes ?
 Depuis le début de l’année, je m’épuise, je n’ai pas de vie en dehors du travail, ma santé, morale comme physique, périclite. J’adore mes élèves, l’enseignement, j’ai déjà fait face à des classes de ZEP et avec succès.
Se peut-il que je sois au bord de la démission et dans la dépression pour seulement deux mois d’année de stage ? J’ignore si je tiendrai jusqu’à la fin de l’année. L’an dernier, deux de mes anciens camarades de promo en Lettres Classiques, filière on ne peut plus déficitaire, ont démissionné de leur CAPES, ne supportant pas les conditions de travail. Je tiens à préciser que j’ai fait des métiers difficiles dans le privé, le monde de l’entrerpise, que j’ai fait une prépa littéraire, des années épuisantes dont personne ne peut nier le caractère ardu et aujourd’hui, me voilà vaincue par l’année de stage du CAPES. Pourvu que le gouvernement prenne en compte la situation pour les prochains recrutements.
 »

Stagiaire de Lettres Classiques

« Quelle entrée dans le métier ! Il y a tellement de travail, de fatigue, de pression et de manque de considération (de certains à notre égard) réunis que l’on dirait un baptême du feu, un passage obligé que l’on doit endurer pour montrer sa volonté d’intégrer l’Education Nationale... »

Stagiaire de Lettres Modernes

Ce que revendique le Snes :

• La titularisation des stagiaires devrait être examinée dans le cadre d’une commission paritaire académique afin que les redoublements ou licenciement des stagiaires soient prononcés en toute transparence, sans que les stagiaires n’aient peur tout au long de l’année, de dire ce qu’ils ressentent ou ce qu’ils pensent de peur que cela ne soit retenu contre eux par leur chef d’établissement, leur tuteur ou leur inspecteur en vue de la titularisation.

Articles antérieurs sur ce dossier :

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Communiqué de presse du SNES Aix-Marseille du mercredi 28 novembre 2012

Stagiaires de l’éducation nationale : « débordés, fatigués, stressés  » (stagiaire de Maths)

C’est ainsi que se décrivent la plupart des stagiaires à l’issue de l’enquête nationale organisée par le SNES sur les conditions dans lesquelles s’effectue l’apprentissage du métier d’enseignant et de CPE.

Tous témoignent de leur fatigue lié à la surcharge de travail et aux déplacements : les stagiaires assurent en effet un service avec 3 heures de décharge mais s’ajoutent pour eux toutes les semaines les journées de formation et les déplacements qu’elles occasionnent. De ce fait, ces jeunes collègues tentent d’apprendre leur métier en travaillant bien plus qu’un enseignant titulaire !

« Depuis septembre, ma santé s’effrite. En effet, avec 14h de route hebdomadaires, 15h de cours de seconde en français, 2h avec mon tuteur (un cours, un entretien), 6h de formation dans des endroits de distance variable, et environ 15h de préparation de cours ou plus (le tout avec régulièrement 20h de correction de copie), c’est à environ 52 ou 72 heures que je fais face chaque semaine. Le pire, psychologiquement, c’est que personne ne semble reconnaître l’ampleur de la tâche. »

 
 (stagiaire de lettre classique)

Cette charge de travail est encore accrue par l’exigence de deux certifications en langue (CLES) et en informatique (C2i2e) que les stagiaires doivent présenter avant la fin de l’année pour être titularisés :

« L’idée de devoir en plus suivre des cours et une remise à niveau en langue pour le CLES m’accable. J’aime mon travail mais je ne comprends absolument pas pourquoi tant de certifications sont exigées ?
A noter que j’ai du payer 400 euros l’an dernier pour valider mon C2i2e !! » (stagiaire de SVT)
« Si nous devons en plus de la préparation de nos cours, de nos heures effectives devant élèves et de la formation, avoir des heures de préparation au CLES cela me semble difficile. L’Education nationale oublie notre priorité de l’année : la gestion de nos cours et de notre classe. Avant de faire des cours de sciences physiques en anglais, il me faudra plusieurs années d’expérience !!!
 » (Stagiaire de Science Physique)

Cette semaine, le Snes a décidé d’alerter la presse et d’interpeller le ministère sur la situation très difficile vécue par les stagiaires depuis la rentrée de septembre.
A l’occasion de cette rentrée, Vincent Peillon avait annoncé aux stagiaires de l’académie de Créteil qu’ils étaient « la dernière génération sacrifiée ».
Pourtant les annonces ministérielles prévoient que les lauréats des concours 2012/2013 seront exactement dans la même situation à la rentrée 2013. Le ministère refuse également d’entendre les stagiaires et les revendications du Snes qui demande que le CLES et le C2i2e ne soient pas un obstacle à la titularisation des stagiaires au moment où il clame partout la nécessité de recruter dans l’éducation nationale !!
Pour le Snes, si de moins en moins de candidats se présentent aux concours de l’enseignement, c’est bien parce que cette entrée dans le métier n’est pas attractive.

« Il y a tellement de travail, de fatigue, de pression et de manque de considération (de certains à notre égard) réunis que l’on dirait un baptême du feu, un passage obligé que l’on doit endurer pour montrer sa volonté d’intégrer l’Education Nationale... » (Stagiaire lettres modernes)
« Moi et mes collègues avons tous depuis septembre pensé au moins une fois à la démission. » (Stagiaire de lettre classique)

Le Snes demande au ministère d’écouter les stagiaires et les revendications que le Snes porte pour eux :
Il faut augmenter la décharge pour les stagiaires de la rentrée 2013.
Il faut supprimer l’exigence du CLESet du C2i2e pour la titularisation des stagiaires actuels.

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