Dure rentrée.

Heureusement, il y a ces élèves qui avec notre travail voient s’ouvrir l’horizon, réussissent leur scolarité et reviennent quelques années plus tard pour nous remercier.
Pour le reste… Quel manque de considération ! Si l’état d’une société se juge à l’aune du sort qu’elle réserve à sa jeunesse et aux adultes qui la préparent à la vie future, alors notre pays va mal. Un pays dont les dirigeants, la main sur le cœur, parlent de société de la connaissance, d’égalité des chances, d’autonomie, de générations futures...

Mais qui les entasse dans des classes pléthoriques, qui reconnaît bien chichement l’engagement des professeurs. Un pays où les recteurs parlent de « route haute vers la réussite » et où un fossé se forme entre les indicateurs de performance et la réalité vécue sur le terrain, où un gouffre se creuse entre quelques établissements pour l’élite et l’ensemble de ceux qui se ghettoïsent.
Un pays où certains établissements deviennent le hochet des nouveaux convertis aux dogmes de la « Gestion des Ressources Humaines ». Se croyant managers, ceux ci se révèlent souvent de piètres contremaîtres, confondant direction et bureaucratie, concertation et réunionnite, mérite et soumission.

L’obsession de l’évaluation des élèves comme des professeurs, de la toise à mérite, de la sélection, du tri social, de l’orientation mécaniste entrave notre projet commun, celui d’éduquer, d’instruire et de former. Les heures supplémentaires imposées, les compléments de service ubuesques, la généralisation à marche forcée de l’informatique, le remplissage forcené des classes...
N’en jetez plus ! Les parents, les salariés, les autres fonctionnaires demandent comme nous plus de solidarités, de protection sociale, de services publics. Nous serons avec eux début octobre pour que le travail soit reconnu, sécurisé et valorisé. Nous serons avec eux pour que la richesse soit partagée. Reprenons en main notre métier, nos établissements, nos statuts, nos carrières. C’est le meilleur service à rendre à nos élèves, à nos professions, à notre société.

Laurent Tramoni