22 juin 2015

Notre académie, nos établissements

GRETA : déclaration du SNES-FSU au CCAFCA du 22 juin 2015

Tout d’abord nous tenons à souligner la qualité des documents qui nous ont été remis qu’il s’agisse du bilan d’activité ou du projet académique. Bien sur, nous regrettons que certaines données ne soient pas disponibles, nous y reviendrons, mais cela n’enlève rien au travail remarquable des rédacteurs de ces documents.

Bilan d’activité des GRETA - 2014 Projet stratégique académique de développement des GRETA 2015-2018

Par contre nous estimons que le temps imparti à cette commission (de 11h30 à 13h) est largement insuffisant pour aborder dans le fond l’ensemble des questions importantes qui se posent au réseau des Greta. Outre le bilan d’activité et le projet académique, nous interviendrons aussi sur deux dossiers particulièrement sensibles : le transfert de l’antenne Saint Lazare et la situation du mastodonte, à savoir le Greta Marseille Méditerranée nouvellement créé par la fusion des 4 Greta de l’aire marseillaise. Notre intervention sera donc un peu longue.

Le choix politique qui a été fait de soumettre la formation continue aux lois du marché concurrentiel fragilise bien sur le service public de formation puisque celui-ci doit aussi répondre à des besoins non rentables mais nécessaires en particulier l’accompagnement des publics les plus fragiles dans l’accès à des formations qualifiantes. Notons à ce propos que la notion de service public n’apparait jamais dans vos documents alors que c’est l’une des motivations principales des personnels des Greta.

Si le bilan financier (CA en baisse de 5,6%, déficit d’environ un demi millions d’euros. Baisse du prix de vente moyen de l’heure stagiaire de 7,19 à 7,12 avec un coût moyen à l’heure de formation de 96 euros) n’est pas mirobolant et est le reflet à la fois de la crise et de la concurrence qui tire les prix vers le bas, les résultats en terme de formation restent bons qu’il s’agisse de la participation aux examens, diplômes et titres divers (+10,3%) ou des taux de réussite (81% et 86% sur les présents). C’est le fruit du travail de personnels qualifiés et très engagés. C’est leur travail, leur condition de travail, la réponse aux besoins de formations des salariés (et pas des seules branches professionnelles) qui doivent pour nous être les indicateurs principaux.

Si nous nous félicitons de la réussite au concours et donc à l’accès à la titularisation de 9 collègues, nous avons des inquiétudes sur d’autres domaines : la forte baisse du nombre de jours de formation des personnels (-38%) pour la deuxième année consécutive et des salaires en berne comme en témoigne d’ailleurs la forte augmentation du nombre de personnels (41) ayant bénéficié de la GIPA en 2014. Le gel de point d’indice depuis 5 ans, la hausse des cotisations retraite, associés à une forte baisse des entretiens individuels (de 131 à 80), passage obligé de l’avancement ou de débouché de carrière, ont pour conséquence un pouvoir d’achat en baisse constante pour les salariés des Greta. La volonté d’harmoniser les questions RH au niveau académique, en terme de rémunérations et d’avancement notamment, ce que la FSU revendique depuis de longues années déjà, doit être l’occasion de revaloriser les personnels, de reconnaitre leur investissement et des arguments comptables ne doivent pas nous être systématiquement opposés. Nous demandons que les personnels, leurs élus et les OS soient partie prenantes de ce chantier et que celui-ci démarre sans tarder. cela suppose, dès maintenant, qu’un diagnostic précis sur ces questions soit réalisé. Nous ne voulons pas être seulement informés, comme c’est le cas par exemple pour le projet académique dont nous prenons connaissance aujourd’hui et qui sera totalement validé le 9 juillet prochain.

Le rapport se satisfait du dialogue social en particulier concernant les fusions. Effectivement les engagements de maintenir les emplois lors des fusions a été tenu, du moins à ce jour car les inquiétude sur l’avenir sont nombreuses. Mais le refus d’intégrer les personnels et les OS dans certains groupes de travail sur la fusion de Marseille, ceux qui évoquaient les questions techniques et procédurales, fut une erreur à notre avis. Vous soulignez à juste titre la déstabilisation des formateurs qui « se sentent inondés de procédures, de réglementation, de travail administratif, qu’ils considèrent loin de leur cœur de métier ». Plus loin encore, et concernant tous les personnels cette fois « Leur mobilisation reste forte mais nous devons veiller à mieux communiquer, à harmoniser les pratiques, à trouver les moyens de mieux mobiliser les énergies ». Ce n’est pas d’une meilleure communication qu’ont besoin les personnels mais qu’ils soient écoutés et entendus car ce sont eux les vrais et les seuls experts de la formation continue.

Greta Marseille Méditerranée

A ces procédures chronophages s’ajoutent, concernant Marseille, une organisation complexe (centre de production, pôle de formation et in fine centralisation des décisions à Perrin), une volonté d’imposer à la hussarde l’utilisation du logiciel Progrè, et les personnels se sentent empêchés dans leur travail. Ordre, contre ordre, changement de procédure, multiplication des contrôles, délai anormalement long pour toute prise de décision : ce ne sont pas les outils de gestion qui sont au service de l’activité du Greta et du travail des personnels mais les personnels qui se retrouvent au service d’une gestion comptable qui méconnait la réalité du travail fait. Les conséquences sont désastreuses sur les personnels et le bilan social serait plus complet, mais aussi moins élogieux, si était pris en compte l’état de santé des personnels. Combien d’arrêt maladie en plus depuis la fusion ? L’embauche de nombreux contrats précaires (CUI), l’avance de trésorerie du FAM ne suffisent pas à masquer les pertes de marché, la baisse du nombre de stagiaires individuels, des retards énormes dans l’encaissement (en particulier concernant les formations Région de ces derniers mois), les délais trop important pour réaliser des devis qui ne tiennent pas toujours compte de la réalité du coût de la formation. Connaissez vous d’ailleurs avec précision l’état des finances actuel du Greta Marseille Méditerranée ? Les non recouvrements de créances de feu le Greta Marseille Ville sont certes un gros problème mais n’expliquent pas l’ensemble des difficultés actuelles. Evidemment cela créé une angoisse supplémentaire puisque de nombreux CDD arrivent à terme cet été et nous n’accepterons pas leur non renouvellement pour des motifs financiers dont ils sont pas responsables. Comme n’en sont pas responsables les formateurs titulaires dont on envisage de payer les heures sup que tous les 2 ou 3 mois histoire de se donner des marges de manœuvre financière. Pas plus que les personnels dont la revalorisation salariale avait été actée par leur ex-greta et qui attendent toujours, parfois depuis 6 mois, l’effectivité de celle-ci. Pas plus non plus les personnels sur postes gagés dont l’entretien obligatoire annuel n’a toujours pas eu lieu et dont il est question qu’il soit mené par la direction de Perrin alors même qu’ils n’ont aucune connaissance du travail réel mené par ces salariés.

Si les procédures mises en œuvre et le modèle même de fonctionnement sont en cause, la direction effective par un tandem composé de l’agent comptable et du SG le sont aussi. Le respect de normes comptables ne doit pas faire oublier les lois et normes sociales ni le respect le plus élémentaire du à ceux qui font fonctionner ce qui est un organisme public de formation. Il nous semble nécessaire de rapidement recouvrer les créances pour stabiliser les finances du Greta, d’écouter les personnels, de partir de leur expertise, plutôt que de leur imposer des solutions d’expertise comptable. A ce titre, la fusion qui a eu lieu en janvier n’a pas donné lieu à de nouvelles élections des personnels et 2 greta ne sont donc pas représentés dans les instances (assemblée générale et commission du personnel) ce qui est très dommageable dans une période de tension. La moindre des choses serait d’associer les élus des personnels des deux Greta entrés en janvier dernier à l’ensemble des instances.

Antenne Saint Lazare

Venons en à la situation de l’antenne Saint Lazare du Greta 04. Notons d’abord que la situation financière du Greta des Alpes de Haute Provence n’est pas mauvaise : CA en hausse de 2% et équilibre financier. Et l’antenne de Digne, dite antenne Saint Lazare, amène environ la moitié de ce CA et c’est elle qui permet un résultat en quasi équilibre.

Si les formations du Greta à Digne s’effectuent dans une antenne hors établissement depuis de nombreuses années, c’est bien parce que la place manque dans les établissements scolaires de la Ville. La décision prise par l’Etat de vendre les bâtiments continue de nous laisser perplexe. Travaux de rénovation trop important ? Aucune étude sérieuse n’a été réalisé par les services de l’Etat et de fait les travaux nécessaires concernent l’accessibilité et l’électricité. Si l’Etat n’a pas chiffré ces travaux, les personnels l’ont fait et les montants n’ont rien d’astronomiques puisqu’ils sont de l’ordre de l’aide apporté par le FAM au Greta pour le déménagement (14 000 euros).

La décision d’intégrer les formations existantes sur Digne dans les lycées et collèges de la Ville se traduira, si elle est menée à terme, par une réduction de l’offre de formation et l’impossibilité de tout développement ultérieur du greta dans ce bassin d’emploi.

Vous pourrez rétorquer que des solutions ont été trouvées pour la plupart des formations. Mais à quel prix ? Outre la déstabilisation des établissements scolaires de Digne, les déménagements au LP Beau de rochas se font dans des conditions catastrophiques : les formations ossature bois par exemple ont lieu dans un espace exigu et pas aux normes. La région vous a pourtant fait part des risques encourus ! Les formations maçonnerie, un temps envisagées dans un espace en plein air dans ce LP, puis ensuite scindée entre Digne et Manosque, ont finalement trouvées un hébergement dans les bâtiments du CFA.
Le centre de ressource de l’antenne va disparaitre, du moins en tant que lieu d’accueil et de formation. Pourtant les modules de formation (initiation et perfectionnement informatique et plus spécialement bureautique) qui y sont actuellement dispensés répondent à une demande et une attente sur le territoire de Digne. Il permet de répondre, de façon totalement adaptable, à des demandes individuelles de publics souvent esseulés (retraités, chômeurs) mais aussi de groupes plus important (agents de la préfecture, mgen, FAF-TT) et le chiffre d’affaire, certes modeste, induit par ce centre va disparaitre...
L’antenne Saint Lazare dispose de 3 salles informatiques, pouvant ainsi répondre à la volonté académique de développer le numérique dans toutes les formations. Mais le déménagement va anéantir ce potentiel puisqu’aucune salle dédiée n’est prévue et si des espaces seront temporairement mis à disposition dans les établissements d’accueil, il faudra donc un matériel informatique migrant donc des portables plus fragiles, un câblage des salles (qui le financera au collège Gassendi ?)etc.... En tout état de cause, question informatique, rien ne pourra être opérationnel à la rentrée de septembre.

Dans le projet stratégique académique, vous souligniez, concernant les stagiaires : « Exigeants sur la qualité, ils supportent de plus en plus mal des conditions d’accueil minimales. ils souhaitent des lieux conviviaux, s’attendent à des équipements modernes, notamment informatiques et adaptés aux enseignements ». Et vous insistez sur la difficulté « pour faire face au besoin d’individualisation des stagiaires ». L’antenne Saint Lazare permet déjà de répondre à ces attentes, le déménagement vous éloignera donc de vos objectifs.
Le manque de place dans les établissements de Digne est connu de tous et d’ailleurs vous n’excluiez pas, dans un premier temps, d’utiliser des locaux hors établissement. Les personnels de l’antenne en ont trouvé et vous avez alors avancé des arguments financiers pour vous y opposer.

Et que dire du développement du greta sur Digne ? Vos documents souligne pourtant le besoin d’« investir le potentiel du lycée PGDG » concernant les métiers de l’eau, de développer les formations soudage dans départements alpins et vous faites mention de la volonté de la région de développer une « capacité d’anticipation des évolutions technologiques et sociétales liées à l’économie verte » et de « proposer un développement des formations professionnelles qui répondent à ces enjeux » (12 appels d’offre de la région, 18 actions certifiantes dans les départements alpins« ). Vous ajoutez que cela nécessitera de »négocier des créneaux de disponibilité dans les établissements scolaires où les équipements ne sont toujours pas opérationnels pour répondre au verdissement des compétences« puis »à défaut envisager d’investir dans l’équipement de plateaux techniques complexes et couteux". Gouverner n’est ce pas prévoir ?
Concernant les personnels, il n’est pas acceptable de nier leur investissement et implication et de systématiquement envisager leurs revendications et demandes comme un réflexe réactionnaire de personnes refusant de « rentrer dans le rang ». Il serait plus opportun de s’interroger sur les réussites d’une équipe qui n’a pas choisi son lieu de travail, qui n’a pas choisi l’autonomie vis à vis des établissements scolaire mais qui a su adapter ses pratiques professionnelles à cet environnement et aux évolutions du contexte socio-économique territorial actuel.

Tous les interlocuteurs que nous avons rencontrés sur cette question, parmi lesquels la Région, mise dans ce dossier aussi devant le fait accompli, soulignent la nécessité de revoir le projet actuel.

Le déménagement initialement prévu au 1er janvier dernier a été repoussé. Nous vous demandons un nouveau moratoire pour prendre le temps, avec tous les partenaires, d’étudier toutes les pistes qui permettent le maintien et le développement du service public de formation continue sur le bassin de Digne. Pour notre part notre conviction est qu’un espace extérieur aux établissements scolaires de Digne est incontournable. Et, puisque l’aspect financier semble primer sur toutes autres considérations, nous pensons que la solution la moins couteuse est celle d’assurer les modiques travaux dans l’antenne Saint Lazare et donc de demander à l’Etat de conserver ces locaux. Nous précisons que c’est aussi la conviction de la Région que nous avons rencontré la semaine dernière sur ce dossier.

Dans ces deux dossiers, nous appellerons les personnels à saisir le CHSCT-A afin qu’un état des lieux précis et contradictoire puisse être mené et que les inquiétudes voire angoisses des personnels soient prises en compte.
Pour conclure nous évoquerons le « rapprochement », pour ne pas dire la fusion, des greta des départements alpins qui envisagé dans vos documents. Plus qu’envisagé d’ailleurs puisque cette fusion des greta 04 et 05 semble pour les rédacteurs une évidence, ces deux greta n’étant jamais distingués dans le projet académique. La FSU y est à priori défavorable au regard des fusions déjà réalisées et des contraintes géographiques dans les départements alpins. Mais nous préciserons notre position après avoir entendu et pris connaissance de l’avis des principaux intéressés puisqu’un stage syndical réunira jeudi prochain des personnels des deux greta concernés.