La section syndicale du SNES-FSU
Les représentants des professeurs élus en CA
Etablissement, commune...
à l’attention de Monsieur le Député,
Monsieur le Député,
Nous nous permettons de vous adresser ce courrier aujourd’hui pour vous demander une rencontre dans les meilleurs délais car nous souhaitons évoquer avec vous le projet de réforme des collèges sur lequel travaille actuellement le gouvernement de Monsieur Manuel Valls. Le projet de réforme du collège porte les germes d’un conflit social important dans le second degré.
Nous pensons qu’il faut que le collège évolue, et se démocratise. Nous sommes ouverts à la concertation. Mais ce projet se caractérise par le choix de l’autonomie de l’établissement dans la définition des horaires d’enseignement ou d’une partie des programmes et objets d’étude.
Il nous semble que les élus ne perçoivent pas à quel point nos professions désapprouvent le mode de fonctionnement actuel des établissements dans les domaines d’autonomie qu’il a déjà.
Les pouvoirs des chefs d’établissement ont été fortement accrus au détriment des lieux de débats collectifs et des instances permettant un dialogue entre les différentes composantes de la communauté éducative.
Aussi, il n’est pas possible d’accroître encore la part d’autonomie pédagogique de l’établissement sans renforcer les pouvoirs du chef d’établissement au détriment des équipes. Le projet dessine un fonctionnement de l’établissement sur les questions pédagogiques très encadré et hiérarchisé, à rebours de la conception d’un travail entre pairs, concepteurs de leur enseignement car membres de la catégorie A, que nous demandons pour l’équipe enseignante.
La possibilité laissée à l’établissement de moduler les horaires disciplinaires met les professeurs en concurrence et sème la discorde au sein des équipes alors qu’il faudrait renforcer leur cohésion pour faire face à la difficulté scolaire. L’autonomie prônée par le ministère va se traduire par un accroissement des inégalités scolaires et par une polarisation sociale plus forte du fait du consumérisme scolaire des familles. Elle va engendrer une inflation du temps consacré par les équipes à l’ingénierie pédagogique au détriment du passé au suivi individuel des élèves, sans que le surcroît de travail ne soit compensé par une revalorisation salariale.
C’est une question très sensible pour les professeurs du second degré. Est-il judicieux d’ouvrir un conflit dans le second degré ? Quelle qu’en soit l’issue, il ne peut que renforcer la défiance envers la politique et les corps intermédiaires, partis tout autant que syndicats.
Nous connaissons tous le contexte politique actuel, marqué par une abstention massive des électeurs de la gauche, dont sans doute une part non négligeable de professeurs, si l’on en croit les discussions dans les salles des professeurs, et par une montée par ailleurs de l’extrême droite.
Aussi, nous espérons que le gouvernement et la majorité qui le soutient sauront entendre la parole qui émane du terrain, émanant d’une part non-négligeable de l’électorat de gauche.