Roland Hubert, vous êtes co-secrétaire général du SNES-FSU, le principal syndicat dans les collèges et les lycées, qu’attendez-vous du chantier ouvert par le Ministre Vincent Peillon sur l’Education Prioritaire ?
L’avenir de l’Education Prioritaire est un élément central de la Refondation annoncée par le ministre. Elle concerne 20% des jeunes scolarisés, principalement issus des classes sociales les plus défavorisées. Alors que notre système éducatif reste très inégalitaire, créer les conditions pédagogiques et matérielles de la réussite de ces jeunes souvent éloignés de la culture scolaire et qui se sentent trop souvent exclus, est un enjeu démocratique, de justice. Alors qu’ECLAIR a créé une école de la relégation scoiale, essayons de remettre de l’égalité dans le système ! Pour les enseignants qui travaillent dans les établissements de l’Education Prioritaire, il s’agit de reconnaître les difficultés particulières qu’ils rencontrent, mais aussi leur engagement au service de la réussite de tous. Ils ont beaucoup à dire et il faut les entendre.
Roland Hubert, vous serez jeudi 21 novembre à Marseille pour les Etats Généraux de l’Education Prioritaire, en quoi la situation de l’Education Prioritaire à Marseille peut-elle être utile à la réflexion nationale ?
Penser l’Education Prioritaire ne peut se faire sans prendre en considération la réalité des territoires qui concentrent les difficultés sociales et scolaires. un élève sur dix en éducation prioritaire est dans l’académie d’Aix-Marseille. La situation marseillaise a ses spécificités, mais, ici comme ailleurs, les personnels ont inventé, ont innové. Ils ont aussi une idée précise de ce qui leur manque tant sur le plan matériel que sur celui de leur formation initiale et continue, mais aussi de ce qui ne fonctionne pas, de ce qu’il faut éviter. Leur expérience est irremplaçable. La « règle de trois » (un agent de police, un enseignant, un éducateur spécialisé) ou le Plan d’Urgence pour les Quartiers Nord de Marseille élaborés par le SNES-FSU Aix-Marseille s’inspirent de ces expériences de terrain.
Mais le Ministre organise des Assises inter-académique pour la relance de l’Education Prioritaire, cela ne serait-il pas suffisant ?
Les Assises inter-académiques, préparées par des demis journées de travail et de débat dans les établissements peuvent être intéressantes si l’essentiel ne se résume pas à une parole institutionnelle chargée de faire valider des solutions déjà décidées. Il est donc de notre responsabilité de première organisation syndicale des collèges et des lycées de créer les conditions d’une expression des personnels. C’est le sens de ces Etats Généraux organisés par le SNES- FSU Aix-Marseille qui, par cette initiative, met en œuvre notre conception d’un syndicalisme fondé sur les réalités de nos métiers et la volonté de construire nos revendications avec les personnels.
EGEP : en savoir plus
Le SNES-FSU Aix-Marseille a produit un document intitulé « 12 propositions pour un plan d’urgence pour les quartiers populaires de Marseille » (à retrouver en cliquant ici).
L’impossible démocratisation scolaire ? l’exemple des lycées marseillais
Le SNES a produit des fiches thématiques pour vous aider dans les débats et éclairer vos prises de position : à consulter ici
12 propositions dans la presse : cliquer ici
Plan d’urgence pour Marseille : Le SNES-FSU reçu à l’occasion de la visite de JM Ayrault, premier Ministre, à Marseille le 8 novembre 2013