10 septembre 2021

Nos enseignements

FACE A L’INVASION DU CONTROLE CONTINU AU BAC, DEFENDONS NOTRE LIBERTE PEDAGOGIQUE !

Blanquer parachève sa réforme du Baccalauréat : le Ministère a entériné pendant l’été la suppression des épreuves communes et l’augmentation de la part du contrôle continu à hauteur de 40% de la note finale (voir notre PJ sur tous les aménagements du bac).
Chaque lycée doit maintenant s’atteler à construire son propre projet local d’évaluation.

QUE FAIRE FACE AU PROJET DE PROJET LOCAL D’EVALUATION ?

La fin des épreuves nationales, terminales et anonymes, dont le SNES-FSU n’a de cesse de réclamer le rétablissement, constitue une régression majeure et inacceptable pour les élèves, pour les enseignants et plus largement pour le service public d’éducation. Les épreuves certificatives du baccalauréat garantissaient un cadre national pour nos élèves et limitaient les biais propres à l’évaluation sommative et au contrôle continu. Pour le SNES-FSU le contrôle continu constitue un non-sens pédagogique. Il accroît le stress des parents et des élèves qui s’inquiètent par rapport au bulletin et à la sélection sur Parcoursup, il place les enseignants sous pression. Il contribue à créer des tensions entre collègues, mais aussi entre collègues et parents. La note est plus souvent questionnée par les élèves, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Un devoir raté et les collègues se voient parfois sommés de le faire rattraper. Il peut être aussi tentant, pour un élève ayant eu une bonne note à un devoir, de s’absenter pour les suivants. Le contrôle continu nous soumet donc à une tension permanente. Par ailleurs, le contrôle continu va faire exploser les inégalités entre établissements et entre élèves, dont le destin scolaire dépendra en grande partie de la réputation de leur lycée.
La rentrée a été l’occasion dans les établissements de discuter de ces projets locaux d’évaluation qui suscitent de nombreuses interrogations. Et pour cause : l’évaluation est constitutive de notre identité professionnelle au même titre que l’enseignement. Elle peut prendre des formes variées et est au cœur de notre activité. Le contrôle continu nous soumet à un certain nombre de dilemmes. Nous sommes attachés au fait d’évaluer correctement nos élèves, mais nous sommes également conscients que la note peut aussi être un outil de tri social et de frein pour l’accès à l’enseignement supérieur.
Les décrets de 2015 rappellent que l’évaluation fait partie des missions liées au service d’enseignement dont elle est l’un des prolongements au même titre que la préparation des cours, l’aide et le suivi du travail personnel des élèves.
Le Code de l’éducation (Art. L. 912-1) rappelle que les enseignants sont responsables de l’ensemble des activités scolaires des élèves. Ils « apportent une aide au travail personnel des élèves et en assurent le suivi. Ils procèdent à leur évaluation ».
Il faut donc se méfier de toute prescription qui viserait à encourager la mise en place d’une certaine quantité de devoirs par trimestre ou durant l’année !!!! Les textes nous laissent juges du rythme, du contenu, de la teneur des évaluations !
Dans le cadre général défini par l’article L. 912-1 du code de l’éducation, le décret reconnaît l’ensemble des missions liées au service d’enseignement dont elles sont le prolongement. Relèvent ainsi pleinement du service des personnels enseignants régis par ces dispositions, sans faire l’objet d’une rémunération spécifique supplémentaire autre que l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (Isoe) régie par le décret n° 93-55 du 15 janvier 1993, les travaux de préparation et de recherches nécessaires à la réalisation des heures d’enseignement, l’aide et le suivi du travail personnel des élèves, leur évaluation, le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d’orientation en collaboration avec les personnels d’éducation et d’orientation, les relations avec les parents d’élèves, le travail au sein d’équipes pédagogiques constituées d’enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d’élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire (II de l’article 2 du décret n° 2014-940).
Affirmant que le contrôle continu se traduit par une élévation mécanique des notes dans les établissements le ministère a élaboré un programme très prescriptif visant à nous expliquer comment noter. FACE A CETTE OFFENSIVE LE MAÎTRE MOT DOIT ÊTRE LA LIBERTE PEDAGOGIQUE ! NE NOUS LAISSONS RIEN IMPOSER QUI NE SOIT PAS CONFORME A NOTRE PRATIQUE PROFESSIONNELLE ! REAFFIRMONS NOTRE EXPERTISE ! A cet égard il est important de parvenir à discuter collectivement de l’évaluation à la fois dans le cadre d’échanges informels avec un ou deux collègues mais aussi et surtout dans le cadre des équipes disciplinaires. Les demi-journées banalisées prévues pour discuter de cette évaluation peuvent être l’occasion d’échanger avec des collègues d’autres disciplines.

Un cadre souple, minimaliste qui doit reconnaître notre expertise et notre liberté pédagogique

Nous conseillons une approche large qui soit la moins contraignante possible. Elle peut prendre la forme d’un texte à faire inscrire dans le règlement intérieur ou à communiquer aux familles pour éviter les tensions ou malentendus avec les familles. Il s’agit surtout d’apaiser les relations avec les parents, les élèves et de garantir notre liberté pédagogique.
Dans un lycée marseillais, voici la proposition d’une équipe disciplinaire : L’équipe/les enseignants du lycée ou de telle ou telle discipline pourront avoir recours à des modes d’évaluation variés (DS, DM etc.) que chaque professeur explicitera à son groupe classe en début et/ou en cours d’année. Chaque absence à un devoir nécessite bien entendu un justificatif. Si le nombre d’évaluation par trimestre est jugé insuffisant pour apprécier le niveau de l’élève nous nous réservons le droit de le mentionner sur le bulletin.
Il nous semble important de respecter la culture de chaque discipline : en sciences existe souvent la pratique de progressions communes (TP) et de devoirs communs ; il n’en va pas de même dans d’autres disciplines.
La question des devoirs communs (une sorte d’ersatz des E3C) apparaît dans le bulletin officiel. Là encore il faut réfléchir collectivement à la meilleure manière de fonctionner. Ce sont des modalités d’évaluation qui peuvent par exemple se justifier dans le cadre du français en première puisque celle-ci fait partie des épreuves de baccalauréat. Elle peut aussi avoir du sens dans le cadre des enseignements de spécialité évalués en contrôle terminal du baccalauréat. Dans certains lycées, il existe un « calendrier pédagogique » qui fixe notamment des plages de devoirs (communs ou non). L’existence de ce type de calendrier n’est pas une mauvaise chose en soi puisqu’il permet aux élèves et aux familles de se projeter. En aucun cas, si des devoirs sont programmés, le calendrier pédagogique ne sera pas figé ni coercitif. Il pourrait être fixé, après accord des équipes, à titre indicatif sous réserve que l’année se déroule à peu près normalement. Les collègues doivent avoir toute latitude pour annuler ou déplacer un devoir. Ainsi, les collègues de philosophie d’un lycée de l’académie ont subi une intense pression de leur chef d’établissement pour qu’ils organisent un bac blanc en distantiel puisque celui-ci était programmé et tombait pendant le confinement du printemps dernier…
Les critères d’évaluation peuvent aussi faire l’objet de discussions entre collègues. Par exemple, des collègues d’HG d’un lycée de l’académie se sont mis d’accord sur les principes suivants : 1 évaluation sommative + 1 évaluation d’un autre type. En cas d’absence, pas de rattrapage au fur et à mesure. Si un élève n’a pas une moyenne significative, rattrapage en fin de trimestre.
Aussi souvent que nécessaire, rappelons que les enseignants sont des experts qui choisissent les meilleures modalités d’évaluation pour leurs élèves !!!

Aménagements du BAC - Juillet 2021







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