Dans un contexte sanitaire particulièrement contraint et alors que se multiplient les démarches locales pour alléger les effectifs dans les établissements du second degré et que la mobilisation des personnels et des lycéens se renforce, le MEN a annoncé le jeudi 5 novembre, des aménagements dans les épreuves du bac :
- Les trois périodes d’EC (évaluations communes) des premières et terminales sont annulées. La part du contrôle continu reste la même (40%)
- Les certifications de compétences numériques PIX pour les terminales sont reportées
- Les épreuves de spécialités (EDS) sont maintenues aux dates prévues (15 au 17 mars 2021) mais avec choix entre deux sujets pour chaque élève. Les sessions de remplacement des épreuves de spécialités passe de septembre à juin afin de pouvoir être intégrées dans la seconde phase de Parcoursup
- Les allègements d’effectifs en lycée sont validé. L’accueil des élèves peut se faire sur une partie au moins du temps scolaire. Il est associé à la mise en place d’un plan de continuité pédagogique.
Peut-on pour autant se réjouir de ces annonces et considérer que contrairement à son habitude le ministre a entendu la profession et tenu compte des difficultés que rencontrent les personnels et les élèves ?
Évidemment non !
Aucun aménagement des programmes : Pour le Ministère, la réduction des programmes n’est pas une solution. Pourtant, nous avons dénoncé leur lourdeur et le fait qu’ils sont déconnectés du niveau réel des élèves de lycée. Le CSE avait d’ailleurs voté contre ces programmes dont la mise en œuvre a pourtant été imposée par le Ministère.
Recours à l’enseignement hybride présentiel/distanciel : Si le Ministère valide le choix des allègements d’effectifs en lycée dans le contexte sanitaire actuel, rien n’est dit sur les collèges et l’organisation des modalités est renvoyée au local, ce qui risque une fois encore de renforcer les inégalités territoriales en fonction des choix adoptés.
Si l’accord du ministère pour un accueil des élèves sur une partie seulement du temps scolaire est une bonne chose dans le contexte actuel, il n’est pas associé à un allègement des programmes ni à un report des épreuves de spécialité ce qui maintient une pression très forte sur les élèves et les enseignants.
Le piège du contrôle continu : L’annulation des EC renforce la part du contrôle continu dans le bac. Leur annulation tout en conservant 40% de contrôle continu renforce l’idée d’un bac local au détriment de la dimension nationale de l’examen. Cela accentue les inégalités territoriales et se fait au détriment des élèves les plus fragiles.
Deux sujets au choix pour les épreuves de spécialité, quel avantage ? : Les propositions du Ministre quant au traitement des programmes de spécialité sont un peu énigmatiques. Dans son mails aux personnels le ministre explique, en parlant des spécialités : « Ces programmes ne sont, pour beaucoup d’entre eux, pas linéaires : vous pouvez vous en saisir et les mettre en œuvre comme vous le souhaitez, ce qui relève de votre pleine initiative et de votre liberté pédagogique ».
Il ajoute par ailleurs : « j’ai demandé que, pour chacune de ces épreuves, il n’y ait pas un seul sujet mais un choix entre deux sujets pour chaque élève, à partir des entrées prépondérantes des programmes ».
Ces deux propositions doivent-elles laisser entendre que chaque enseignant est libre de traiter ou non certaines partie du programme de spécialité, l’hypothèse des deux sujets au choix permettant de contourner le risque pour les élèves d’être interrogés sur des parties du programme non traitée en classe ? Cette solution n’est pas acceptable et laisse trop d’incertitudes.
Renforcement insupportable du poids de Parcoursup : les modalités prévues notamment pour les épreuves de spécialité (en mars) et leur session de rattrapage en juin et non plus en septembre renforce clairement le poids de Parcoursup dans la scolarité des lycéens. Tout est pris en compte dans Parcoursup à l’exception des épreuves terminales de philosophie et du Grand Oral (qui porte d’ailleurs en partie sur les questions d’orientation).
Or, on ne fait pas des études pour avoir un emploi. On fait des études par plaisir, pour se former et se faisant on acquiert de l’autonomie qui favorise ensuite l’accès à l’emploi.
Enfin, Parcoursup valorise les lycéens de la voie générale (98% d’entre aux obtiennent une réponse positive sur 1 au moins de leurs vœux) aux détriments de la voie technologique (90% des élèves ont une réponse positive sur un vœu au moins) et de la voie professionnelle (70% des élèves ont une réponse positive sur un vœu au moins). Avec ces nouvelles modalités, J-M Blanquer accélère la mise en place d’un lycée élitiste, d’un lycée du tri social.
Le SNES-FSU continue à exiger du Ministère des moyens supplémentaires (aménagement des locaux, recrutement d’enseignants, de personnels vie scolaire et d’agents territoriaux) pour permettre un réel renforcement du protocole sanitaire sans diminuer le temps de classe des élèves. Nous demandons un réel allègement des programme afin de soulager élèves et enseignants du stress induit par les conditions sanitaires actuelles. Le SNES-FSU maintient sa volonté de voir les EC transformés en épreuves terminales, seules garantes de l’équité de traitement de l’ensemble des lycéens.
Dans ce contexte, il nous faut absolument maintenir le rapport de force avec le Ministère. Cela passe notamment par une mobilisation forte dans le grève du mardi 10 novembre !
Etat des lieux après deux années de réforme Blanquer : cliquer ici
Pétition unitaire syndicats et associations de spécialistes : des aménagements indispensables : cliquer ici