Alors que la circulaire n°2012-141 du 2 octobre 2012 ouvrait droit pour ces élèves à un dispositif UPE2A fondé sur des cours spécifiques de FLS et l’inclusion progressive en classe ordinaire, la réalité dans l’académie montre que les moyens ne sont pas mis pour assurer un accompagnement de qualité ces élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP).
Le nombre d’UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones nouvellement arrivés) est très insuffisant au regard du nombre d’élèves concernés, et le maillage territorial de ces dispositifs reste très hétérogène. La carence générale en UPE2A implantées dans les lycées ne garantit pas l’égalité des chances pour ces adolescents que leur parcours a rendu particulièrement vulnérables. En découle des bricolages locaux, toujours au détriment des élèves et des personnels, pour tenter de pallier le manque de volonté politique et budgétaire sur cette question.
Une fois surmontées les difficultés d’affectation (les délais peuvent aller jusqu’à plusieurs mois avant qu’un élève ne commence sa scolarité en France), les EANA bénéficient d’un an d’UPE2A, de deux ans s’ils sont NSA (Non scolarisés antérieurement ou considérés comme tels). A la fin de cette année, rien n’est prévu.
Pourtant, on ne cesse pas d’être allophone au terme d’une année : des études montrent que 3 à 7 années sont nécessaires pour maîtriser le français.
Viennent s’ajouter logiquement de grandes injustices dans l’orientation de ces élèves qui se voient dirigés de manière presque automatique vers la voie professionnelle.
Le fait qu’on ne leur laisse pas le temps d’apprendre le français et de s’adapter à leur nouvel environnement scolaire et leur situation personnelle (les mineurs non accompagnés, souvent proches de la majorité, doivent travailler le plus vite possible pour sécuriser leur situation) réduisent le champ des possibles qui s’ouvrent à eux.
Le flou de la circulaire de 2012 fait des enseignants de FLS coordonnateurs d’UPE2A des personnels multitâches.
Leur première mission est d’enseigner le français aux élèves allophones.
Leur deuxième mission principale est d’organiser l’inclusion de ces élèves en concertation avec les équipes pédagogiques.
A cela s’ajoute les positionnements (évaluation des élèves à leur arrivée afin de déterminer leur affectation), très mal ou non rémunérés, l’orientation des élèves (tâche particulièrement complexe dans le cas des élèves allophones) et les relations avec de nombreux acteurs (services d’aide sociale à l’enfance, CADA…).
Ce travail de coordination n’est pas toujours rémunéré. Et quand il l’est c’est de façon très variable : aucune décharge , pas d’IMP.
les effectifs ont plus que doublé depuis la mise en place de la circulaire .
Cette explosion des effectifs entraîne une dégradation des conditions de travail et n’est certainement pas en faveur des élèves. Certaines UPE2A dépassent de manière récurrente les 30 inscrits, donnant lieu à des bidouillages pour absorber les arrivées et amenant parfois à priver les élèves des volumes horaires de français auxquels la circulaire de 2012 leur donne droit.
Le Snes et à la FSU ont lancé une alerte dans notre académie en intersyndicale sur le principe fondamental de l’UPE2A selon la circulaire de 2012 qui est l’inclusion en classe ordinaire, ce principe est largement bafoué dans la réalité du terrain.
D’un côté on demande aux enseignants d’UPE2A d’absorber de plus en plus d’élèves mais de l’autre on refuse aux EANA des places dans les cours ordinaires auxquels ils ont droit.
Cela faute de place ou au nom du fait « qu’on ne paye pas un élève deux fois ».
Dans la mesure où les EANA ne bénéficient que d’un an d’appui UPE2A, ils réintègrent un parcours ordinaire trop tôt : beaucoup n’ont pas eu le temps d’acquérir une maîtrise suffisante du français, d’autres n’ont pas pu rattraper des retards importants dans certaines disciplines (les mathématiques sont particulièrement concernées).
Les équipes, pour lesquelles l’offre de formation reste indigente sur la question des EANA, se retrouvent démunies pour accompagner au mieux ces élèves.
L’UPE2A doit devenir la modalité d’accueil des EANA sur tout le territoire.
Des seuils doivent être définis pour les UPE2A : 15 élèves maximum dans les UPE2A, 10 maximum dans les UPE2A NSA.
Pour cela, il faut créer un vivier suffisant de professeurs de FLS.
Le travail de coordonnateur doit donner droit à une décharge horaire de deux heures, et non à une IMP.
Les positionnements doivent être rémunérés de manière décente et les pratiques doivent être harmonisées.
Les élèves allophones doivent pouvoir bénéficier de plus d’une année d’UPE2A selon leurs besoins.
Des mesures auraient du être prises pour tenir compte des effets du confinement sur le EANA