2 mai 2025

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Stages de seconde « obligatoires » vraiment ???

Stages de seconde « obligatoires » vraiment ???

Depuis juin 2024, les plus de 550 000 élèves de seconde générale et technologique, 25 000 dans l’académie d’Aix-Marseille, sont censées faire un stage obligatoire de 2 semaines « d’observation en milieu professionnel » dans des entreprises, des associations ou des administrations publiques.

Le projet n’avait fait l’objet d’aucune consultation et avait été massivement rejeté par le Conseil Supérieur de l’Éducation. Annoncé dans les médias à la rentrée 2023, il a fallu attendre la publication tardive de la circulaire en mars 2024 pour en connaître les contours.
Les élèves seront-ils toutes en stage du 16 au 27 juin 2025 ?

De fortes inégalités d’accès au stage pour les élèves

D’après le ministère, les stages de seconde permettraient d’améliorer la politique d’orientation, de lutter contre les déterminismes sociaux et de favoriser la justice sociale. Pourtant, les inégalités d’accès aux stages sont réelles en fonction de l’origine sociale, du territoire, du genre, du handicap, de l’origine ethnique… L’ environnement familial et l’origine sociale influencent fortement les probabilités d’accès au stage des élèves.
La plateforme « 1 jeune 1 solution » relève plus d’un slogan que d’une réalité. Dans l’académie comme au national les offres sont dérisoires au regard du nombre d’élèves. A Marseille, on comptabilise 78 offres de stages pour 37 lycées généraux et technologiques soit 2 offres de stages par lycée !!!! Les offres sont peu diversifiées et proviennent massivement d’administrations publiques.
Les élèves qui ont les moyens d’effectuer une mobilité à l’étranger ou de participer à un voyage scolaire sur cette période peuvent être dispensées du stage par les cheffes d’établissement.

Le SNU comme dérogation aux stages d’observation en milieu professionnel

Trouver un stage sur une même période pour autant d’élèves de seconde, impossible ! Qu’à cela ne tienne, le ministère trouve un subterfuge pour imposer le SNU. En effet, le séjour de cohésion ou la mission d’intérêt général dans le cadre du SNU dispensent les élèves de la séquence d’observation.
Le Service National Universel est un dispositif d’inspiration militaire mis en place en 2019 et porté par le président Macron comme une véritable ambition politique. Le gouvernement s’entête malgré les échecs , il lance des appels à projets pour des« classes et lycée engagés » en 2023. La dérogation permise par le SNU aux stages de secondes apparaît comme un moyen de se rapprocher de l’objectif de sa généralisation.
Le SNU porte une vision idéologique, passéiste et conservatrice de l’éducation à la citoyenneté. Il se nourrit du fantasme du service militaire, et présenté comme la solutions aux problèmes de laïcité, d’incivilité, de violences. En mars 2025, le président Macron a annoncé une « refonte du SNU pour qu’il corresponde aux besoins de la nation ».

Et pour les élèves sans stage ???

La circulaire du 28 mars 2024 indique que les élèves sans stage doivent être accuillies dans leur établissement. Mesure complètement déconnectée de la réalité des établissements au mois de juin. Les personnels sont mobilisés par les épreuves de bac. Faute de personnel humain, les élèves pourront « bénéficier de solutions en ligne de découverte des environnements professionnels et y effectuer des recherches documentaires pour préciser ou parfaire son projet d’orientation. » Des élèves qui passeraient donc des journées entières devant un écran quand leur année scolaire est terminée, leur orientation décidée dans des bâtiments inadaptés et très chauds au mois de juin dans notre académie !!

Ne rien se faire imposer

Pendant la période des stages, les professeur.e.s sont mobilisées pour assurer la surveillance et la correction des épreuves écrites, puis les épreuves du Grand Oral et l’oral de français. Le suivi des stages est donc inapplicable car les personnels ne seront pas disponibles.
De plus, les obligations de services des enseignantes prévoient le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d’orientation et non pas un rôle de « référente » . La convention de stage doit être signée par le/la cheffe d’établissement, les responsables du stage et les responsables légaux des élèves, se méfier des conventions « maison » qui demandent la signature du professeure principale ou référente .
La circulaire prévoit une préparation en amont du stage mais avec qui et sur quel créneau horaire ?La fin d’année scolaire est marquée par une course pour terminer des programme infaisables et la multiplication des convocations. La quasi disparition des groupes à effectif réduit et de l’accompagnement personnalisé finissent de rendre cette préconisation complètement est hors sol. De la même manière qu’une prétendue exploitation pédagogique en classe de première qui peut se limiter à un échange entre élèves, aucun rapport de stage ne peut être exigé.

Les stages de secondes sont inégalitaires, inutiles pédagogiquement et relèvent de l’obsession du rapprochement école/entreprise. Ils constituent une charge de travail supplémentaire et bénévole pour les équipes alors qu’ils n’ont ni d’intérêt pour les apprentissages ni pour l’orientation. Les raisons de leur mise en œuvre semblent ailleurs et davantage politiques. Pour satisfaire la promesse « d’une reconquête du mois de juin », pourtant occuper les élèves n’est ni un projet pédagogique, ni un projet éducatif. Les stages de seconde apparaissent aussi comme un bon alibi pour aller vers la généralisation du SNU.