Après les annonces sur les examens, quel enjeux pédagogiques ?
Les annonces du ministre concernant les examens induiront nécessairement des changements dans l’attitude des élèves vis-à-vis de la continuité pédagogique, plus ou moins demandeurs de travail en fonction du profil de l’élève, de la classe, de la discipline etc. Nous attirons votre attention sur ce que nous disons depuis le début : nous souhaitons tous garder le lien avec nos élèves, les accompagner et contribuer dans la mesure du possible à ce qu’ils conservent une activité scolaire et intellectuelle pendant la période du confinement. Mais il faut absolument savoir nous préserver. Les conditions de travail en situation de confinement sont difficiles pour la plupart d’entre nous. Nous vous invitons à rejeter un oeil aux fiches du CHSCTA sur la « continuité pédagogique », qui mérite bien ses guillemets.
On peut imaginer deux lectures : l’une insistant sur le fait qu’il faut faire diminuer la pression sur le travail scolaire en période de confinement, puisqu’il n’y a pas d’évaluation et que les cours reprendront sans la pression des épreuves et donc des exercices académiques, avec des évaluations qui pourront être diversifiées ; l’autre consistant à annoncer un retour à la normale dès la rentrée avec nécessité d’être à jour du travail fait pendant le confinement, annonce d’évaluations et pression.
Or il faut avoir à l’esprit que nous allons accueillir à la fin du confinement des élèves qui auront vécu de longues semaines enfermés, avec pour certain une peur réelle, qui auront peut-être perdu des proches ou craint de les perdre, qui auront perdu beaucoup de repères, dont certains auront une situation sociale catastrophique, et qui ne pourront sans doute pas reprendre « normalement » sans un temps d’échange entre eux et avec les enseignants, sans un accompagnement attentif qui peut prendre aussi du temps.
Nombre d’entre nous seront sans doute déstabilisés aussi, et il faudra pouvoir reformer du collectif. L’organisation d’une journée type « prérentrée » pourrait avoir son utilité par exemple, pour échanger avec l’ensemble des équipes, CPE, PsyEN, infirmières, assistantes sociales inclus, pour faire le point et réfléchir aux meilleures manières d’accueillir les élèves.
C’est pourquoi il nous faut être vigilants sur la manière dont sont répercutées les annonces, afin que l’on puisse porter à nouveau un discours lucide et « de raison », issu de notre connaissance des élèves et de ce qu’il est possible et souhaitable de faire avec eux selon les circonstances. Cette parole collective de professionnels, de « gens du métier », est le meilleur antidote à la communication du ministre qui est toujours hors sol, et à ceux qui la répercutent sans aucun recul critique.
N’hésitez pas à faire des retours (s3aix@snes.edu) sur la manière dont l’encadrement (chefs d’établissement, IPR) répercute ces annonces et les consignes qui sont données en conséquence.
Caroline Chevé