Expérimentation en LV : repartir du terrain et sans précipitation !
L’IA-DASEN des Hautes-Alpes a souhaité une expérimentation en langues vivantes au collège afin de permettre l’introduction de la LV2 en 5° et pour ce faire a octroyé une enveloppe dans la DGH départementale de 22 h pour les établissements se lançant dans l’expérience. Dans ce projet, la LV1 « choisie » en primaire serait poursuivie obligatoirement en 6°. Certains élèves (pas tous) ont parfois le choix entre l’anglais, l’italien ou l’allemand dans leurs écoles. Dans cette expérimentation, la LV1 en 6° passerait de 4 à 3 h d’enseignement et les bilangues n’auraient plus de raison d’être puisque tous les élèves entameraient l’étude de la LV2 en 5° à hauteur de 3 h pour chaque langue.
Cette expérimentation pourrait être intéressante si elle émanait des enseignants eux-mêmes ainsi que des services d ‘inspection pédagogique, c’est-à-dire du terrain avec un projet fort et cohérent sur les langues vivantes. Cependant tel n’est pas le cas puisque c’est d’en »haut » qu’est dirigée l’opération. Cela pourrait également être intéressant s’il s’agissait d’une demande forte des familles , or les parents d’élèves ont le sentiment qu’il y a « rupture dans le contrat » car il était entendu que les enfants ayant pris une langue « mineure » comme l’allemand (4%) ou l’italien (6%) seraient prioritaires pour suivre l’enseignement bilangue dans les collèges. Ensuite d’un point de vue plus pédagogique, cela comporte plusieurs risques : un enseignement minoré dans la LV1 en 6°, une baisse des effectifs dans les langues (italien et allemand) en choix langue 1 car les bilangues jusque là offraient la possibilité aux familles de choisir ces langues sans « sacrifier » l’anglais, langue la plus représentée. Ainsi les enseignants d’allemand ont très vite compris le risque que cela allait faire peser sur leur discipline qui est très peu choisie en LV2 : c’est l’extinction à terme des LV1 Allemand et Italien. Le manque de continuité pédagogique entre le primaire et le secondaire est un point sensible, il serait donc préférable de clarifier la cohérence des parcours avant de transformer l’enseignement des langues vivantes : il serait plus judicieux de permettre aux élèves ayant choisi une langue 1 de la poursuivre dans leur collège de secteur et de permettre à davantage d’élèves de choisir une langue dans toutes les écoles du département.
Introduire la LV2 en 5° est recevable compte-tenu du faible taux horaire du niveau 5° et permettrait aux élèves d’accroître leur chance de réussite mais cela doit se faire avec une enveloppe de moyens conséquents à la fois pour les 4 langues vivantes enseignées dans les Hautes-Alpes et ça, les services de l’inspection n’en ont pas les moyens cette année puisque les établissements vont devoir gérer la pénurie avec 5 ETP à rendre dans les collèges pour 4 élèves de moins ! Comment se lancer dans une expérimentation d’envergure avec des moyens en baisse ?
C’est pourquoi les représentants du SNES mais aussi les autres organisations syndicales ont demandé le report de cette expérimentation à la rentrée 2015 afin de permettre à un groupe de travail langues vivantes d’envisager l’avenir sereinement en travaillant conjointement : primaire, secondaire, parents, IPR.
Delphine Franceschetti.