Une seule réponse : Il faut plus d’école
La presse se fait l’écho de la montée d’un sentiment de « deux poids deux mesures » et de la théorie du complot chez une partie de nos élèves. Le SNES-FSU rappelle que les professeurs agissent en fonctionnaires de la République laïque.
Face à de tels comportements, agir en professeur de la République laïque, cela implique que l’équipe éducative soit en mesure de créer les conditions d’un travail pédagogique en classe autour des questions sensibles et complexes que les élèves nous posent en ces moments troublés. Il n’est pas surprenant que certaines réactions spontanées d’enfants ou d’adolescents ne soient pas conformes aux attentes. Dans les cas extrêmes, des sanctions éducatives sont prévues et appliquées. Mais, on ne peut en rester là, et le principe de laïcité suppose que notre Institution s’implique pour les valeurs de la République et la formation de citoyens libres et éclairés. Ce que nos adolescents ne sont pas encore devenus.
La classe se distingue des autres lieux en ce que l’expression des opinions n’y est pas une fin en soi. Les opinions que les élèves rapportent dans la classe sont le point de départ, non pas d’un débat entre le professeur et les élèves, non pas d’un jugement de la part du professeur, mais celui d’un travail d’analyse et de critique, d’un travail pédagogique qui se confronte aux représentations et aux opinions par l’apprentissage des savoirs et du raisonnement.
La laïcité, la compréhension des lois de la République, leur appropriation ou au contraire leur remise en cause dans le cadre démocratique, ne sont pas des compétences innées. Elles s’acquièrent dans le cadre d’une école laïque et émancipatrice.
Il nous semble important de souligner qu’il faut enseigner la liberté d’expression, son sens et ses restrictions prévues par la loi. Rappeler que le blasphème ou l’offense ne sont pas interdits en France (sauf en Alsace-Moselle).
Le désarroi qu’expriment les professeurs permet de mettre en évidence la scandaleuse misère de la formation continue des enseignants, les conditions d’enseignement que subissent les élèves (effectifs de classe pléthoriques, faiblesse du temps consacré aux travaux en petit groupe), la faible part du temps de la vie des jeunes consacrée au temps scolaire, l’absence d’espaces de socialisation laïques et républicains dans les quartiers populaires en dehors de l’école.
Notre société a besoin de conforter son école et ses professeurs, outil essentiel de cohésion sociale. La priorité à la jeunesse, sur laquelle le Président Hollande a fait campagne, et plus particulièrement la priorité à l’adolescence, ne doit plus être subordonnée aux logiques comptables qui guident depuis de trop longues années les politiques publiques.