Entre les déclarations hors sol à Ganges d’un président qui se veut omniscient mais qui ne fait qu’afficher sa méconnaissance et son mépris pour les AESH et les conclusions de la CNH (Conférence Nationale du Handicap 2023, dossier de presse), les nouvelles ne sont pas bonnes.
Les conséquences de la hausse du SMIC
La revalorisation du SMIC prévue le 1er mai devrait le voir augmenter de 2%, c’est ce qui a été annoncé. L’indice plancher de la fonction publique va donc passer de 353 à 361, soit un peu moins de 39 euros bruts pour un temps plein et 24 euros pour les contrats 24h. Même si nous pouvons nous réjouir de cette augmentation, nous ne pouvons absolument pas nous en satisfaire. D’abord parce que cela ne sera évidemment pas suffisant pour sortir de la précarité ces personnels. Mais surtout, pour les AESH, parce que cela signifie la fusion des 3 premiers échelons de leur grille salariale. Leur rémunération sera donc identique avec une journée ou 9 ans d’ancienneté ! Et pour les AED alors ? S’il n’existe toujours pas de grille salariale, la signature du CDI s’accompagne du passage de l’indice plancher à l’indice 362… Ainsi, après 6 ans d’ancienneté, les AED auront gracieusement droit à une augmentation de 4,85 euros brut pour un temps plein !
Des déclarations hors sol sur les AESH
A Ganges, le président de la République se rappelle qu’en 2017, il a pris un engagement … qu’il n’a pas tenu, à savoir la titularisation des AESH ! M Macron confond-il contractualisation et titularisation ? En cela, il montre encore une fois sa déconnexion à la réalité du terrain. Une de nos missions étant l’accès aux apprentissages, nous pouvons l’aider : la contractualisation signifie qu’un.e agent.e signe un contrat avec un employeur de la fonction publique, tandis que la titularisation est le fait pour l’agent.e d’accéder à un corps de fonctionnaires et donc à son statut !
Or, malgré nos revendications au SNES-FSU, en cinq ans, aucun concours n’a été ouvert pour les accompagnant.e.s d’élèves en situation de handicap puisque le corps de catégorie B que nous réclamons n’est toujours pas créé. Nous sommes toujours sous le joug de la contractualisation, maintenu.e.s dans la précarité et bientôt corvéables à merci !
Méconnaissance de la fonction publique mais également du temps de travail des agents lorsqu’il parle d’un service complet à 35h. Il semble ignorer que les contrats à temps complet pour les accompagnant.e.s sont à 39h10. …. A moins que cela ne soit un lapsus ? Envisagerait-il de ramener notre temps plein à 35h payé 39h10 ?
Des mots, encore des mots mais toujours des maux d’un président qui se veut en apparence proche des citoyens. Tomber la veste au milieu d’une cour d’école ne suffit pas à être au plus près du peuple et manifestement ne donne pas le courage de l’affronter. En effet, une accompagnante, syndiquée et représentante du personnel au CA du collège s’est vu refuser la participation à la « table ronde ». M Macron acceptez la contradiction et entendez les légitimes revendications des AESH !
Les conclusions de la CNH, vers la création d’un nouveau métier ?
On trouve dans le dossier de presse de la CNH deux propositions dont les conséquences pourraient être délétères pour les AESH et les AED : la transformation des PIAL en Pôle d’Appui à la Scolarité et le regroupement du cadre d’emploi des AESH avec celui des AED autour du métier d’Accompagnant à la Réussite Educative (ARE).
La transformation des PIAL en PAS (?) n’est pas leur suppression, revendication portée par le SNES-FSU depuis leur création, bien au contraire. C’est essentiellement l’ajout d’un échelon hiérarchique supplémentaire pour les AESH, un professeur spécialisé rémunéré dans le cadre du PACTE, auquel le SNES s’oppose sans ambiguïté ! Va-t-on vers la disparition des AESH référentes, des coordonnateurs.trices PIAL ?
Et que dire de la création du métier d’ARE dont l’objectif affiché est d’offrir un passage à temps plein pour les AESH par la prise en charge sur les temps périscolaires des élèves ? La première conséquence serait la disparition d’un métier, celui d’accompagnant.e d’élève en situation de handicap puisque la notion de handicap disparaît même de l’intitulé de ce nouveau métier. La création des ARE c’est la fusion de l’accompagnement du handicap avec les autres difficultés éducatives. C’est nier la spécificité de notre métier et l’expertise qu’il demande, les AESH devenant les bouches trous officiels du service public d’éducation ! C’est oublier que sans les AESH il ne peut y avoir d’inclusion scolaire. La réponse gouvernementale à la dégradation de nos conditions de travail c’est donc … la disparition de notre métier à la rentrée 2024 après moins de 10 ans d’existence !
Si le dossier de presse n’évoque pas spécifiquement les AED, on ne peut que s’interroger sur leurs futures conditions de travail. Le métier d’AED lui aussi disparaîtrait au profit de celui d’ARE. Les ex AED vont-ils alors eux aussi intégrer les PIAL ? Intervenir dans le premier degré ? Assurer une partie des missions jusqu’ici dévolues aux AESH ?
Beaucoup de questions et des perspectives qui s’annoncent bien sombres pour les AESH et les AED. Mais l’heure n’est pas au découragement. Il est plus que jamais à la colère et à la détermination.
Avant une journée spécifique de mobilisation, le 1er mai sera l’occasion de dire à ce gouvernement notre refus de ce mépris permanent !
Toutes et tous dans la rue lundi, pour nos retraites, pour nos salaires, parce qu’ils tentent de nous imposer une société dont nous ne voulons pas !