6 septembre 2018

Notre académie, nos établissements

L’UPE2A AU LYCÉE SAINT-CHARLES MENACÉE DE DISPARITION ?

Le sigle UPE2A désigne une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants en France. Au nombre de vingt, les élèves – tous âgés de plus de 16 ans et ayant au moins un niveau fin de collège – suivent en commun des cours de français langue seconde (FLS) ainsi que les cours « ordinaires » de maths, EPS et anglais de la classe de seconde à laquelle ils sont rattachés. Progressivement, ils intègrent les autres matières. Ce type de dispositif, très efficace, permet à des élèves qui ne maîtrisent pas la langue française d’effectuer des progrès très rapides qui leur permettent de poursuivre leurs études.

Au mois de juin de cette année, les collègues du lycée Saint-Charles ont appris, de manière tout à fait fortuite, que les inscriptions étaient désormais closes au sein du dispositif, la structure étant désormais complète. Or, à cette date, seuls 9 élèves étaient officiellement inscrits ! Il restait donc 11 places à pourvoir ! Une telle annonce ne pouvait signifier qu’une chose, un désinvestissement quant à la prise en charge des élèves étrangers et l’abandon pour eux de toute ambition de réussite.

Une délégation de collègues, accompagnée d’un représentant du SNES académique, a été reçue le 12 juillet 2018 pour tenter de trouver des réponses à ces informations inquiétantes. Lors de l’audience, le DASEN adjoint, M. Gros, nous a bien confirmé qu’il n’y avait que 9 inscrits dans le dispositif UPE2A du lycée Saint-Charles.

Face au nombre importants d’élèves arrivants en seconde, l’IA et le Rectorat ont décidé de remplir en priorité les classes de 2nde avec des élèves du secteur y ayant droit. Ainsi, les effectifs sont déjà complets et il n’est plus possible de prendre des élèves allophones en UPE2A.

Manifestement, l’administration a considéré qu’il n’était pas possible d’atteindre les deux objectifs : accueillir les élèves du secteur qui ont le droit de poursuivre leur scolarité ET accueillir des élèves allophones ne demandant qu’à apprendre le français et à faire des études... La chose est étonnante et, comme souvent, la rigueur budgétaire et la volonté de faire des économies sur le dos des populations les plus fragiles sont masquées derrière un discours clivant qui vise à opposer les étrangers aux autres.

Le DASEN a néanmoins proposé trois scénarios pour résoudre les difficultés liées à l’accueil des élèves allophones :

  1. Accepter que les classes de seconde dépassent 35 et atteignent en réalité 39 quand les élèves allophones de l’UPE2A sont dans les cours ordinaires (maths, anglais, EPS puis, bien souvent, physique etc.), ce qui, en pratique, n’est pas vraiment une solution, le Rectorat lui-même suivant la règle de 35 élèves maximum par classe…
  2. Transformer le dispositif UPE2A en une structure fermée, les élèves allophones ne suivant plus que les cours de FLS. Nous avons longuement insisté sur le fait que cette seconde proposition contrevenait à l’esprit de la circulaire de 2012 sur l’accueil des élèves allophones, laquelle prévoit une inclusion progressive dans une classe ordinaire de Seconde générale. Le DASEN a rappelé qu’il ne s’agissait que d’une circulaire… tout en reconnaissant lui-même l’absurdité de la proposition, une structure fermée n’ayant aucun intérêt pédagogique.
  3. Accepter que le dispositif tourne avec seulement 9 élèves et éventuellement quelques apports s’il y a des places qui se libèrent (élèves partis dans le privé, déménageant ou réorientés) et que, dans le même temps, aucun élève du secteur ne veuille rentrer…

C’est bien évidemment la troisième proposition qui paraissait la meilleure au service de l’éducation nationale.

Nous avons fait une 4e proposition qui est que l’on réserve – comme cela se faisait jusqu’à maintenant ! – des places libres dans les classes en prévision des futurs arrivés, sans que cela n’ait d’incidence sur la scolarisation des élèves du secteur. Pour cela, il suffit d’ouvrir une demi-division en seconde. Cette proposition a été rejetée par le DASEN pour des raisons de gestion des flux, c’est-à-dire une logique budgétaire. « Un élève n’est pas payé deux fois », tels sont les mots du DASEN, lequel a longuement insisté sur la différence entre « repères de gestion » et « repères pédagogiques ».
 
Depuis cette réunion du mois de juillet, l’effectif de 9 élèves est descendu à…. 7, le nombre de classes de seconde supposé accueillir ces élèves est passé de 3 à 2… ou comment on provoque lentement la mort d’un dispositif pédagogique républicain qui a fait ses preuves.