Réforme du baccalauréat : sur le site national
La fin de l’année scolaire a été marquée par les ajustements nombreux et parfois importants des prévisions d’effectifs d’élèves entrant en Seconde (lire ici). Les enfants du baby boom de l’an 2000 ont 15, 16, 17 ans. La démographie, la suppression du redoublement, mettent nos lycées sous tension, dégradant les conditions d’étude des élèves, et les conditions de travail des enseignants. La priorité au premier degré, si elle semble consensuelle dans l’opinion, masque les besoins du second degré. Les créations de poste de la précédente majorité ont été massivement orientée vers le premier degré, et plus conjoncturellement vers le collège, au moment où il a fallu faire « passer » la réforme. Les classes des lycées sont aujourd’hui pleines à craquer, et aucun moyen supplémentaire ne viendra à cette rentrée répondre aux difficultés des élèves.
Aucun bilan officiel n’a été fait de la réforme du lycée de 2010. A cette rentrée, de tout petits ajustements interviennent dans les programmes de maths de Seconde (lire ici), rien de plus. Et pourtant c’est un bouleversement majeur qui s’annonce.
En droite ligne de la campagne présidentielle le ministre annonce une réforme du baccalauréat dont les contours sont esquissés : réduction à 4 épreuves terminales, passage en contrôle continu des autres disciplines (lire ici). Si on peut apprécier la volonté de réaffirmer le rôle du bac comme examen terminal national, la perspective de l’augmentation du contrôle local, avec ses conséquences sur la charge de travail des enseignants que l’on connait en LV ou en lycée Pro est inacceptable. Pour le SNES le baccalauréat doit évoluer, retrouver de la cohérence et restaurer sa place de premier grade universitaire, mais le ministère doit entendre la profession et organiser une véritable concertation.
Mais la réforme du bac comporte d’autres enjeux, car sans dire son nom, elle est aussi porteuse d’une réforme du lycée et d’une réforme de l’accès à l’université. Ces deux sujets étant sensibles, et de nature à créer une forte contestation, on comprend la stratégie du ministère.
Le ministère ne parlera pas de « réforme du lycée ». Il parle en revanche d’« évolutions » pour tenir compte de la réforme du bac, et ce dès la rentrée 2018 en Seconde. Pour le SNES, le lycée doit effectivement évoluer, mais c’est pour offrir aux lycéens des conditions d’étude de qualité, notamment pour qu’ils soient en mesure de réussir dans le supérieur, et pour lutter contre les inégalités et les déterminismes sociaux. Ce qui suppose des moyens, mais aussi des voies et des séries rénovées, cohérentes et équilibrées.
Le ministère ne dira pas non plus que l’article du Code de l’Education qui précise que tout bachelier peut s’inscrire dans la Licence de son choix est caduc. Mais la réflexion sur la réforme du baccalauréat est systématiquement articulée avec la question des affectations, en particulier à l’heure où 6000 bacheliers ne sont pas encore affectés. L’échec massif en Licence, en particulier des bacheliers de l’enseignement professionnel, la concurrence des formations sélectives qui conduit à envoyer à l’université des bachelier n’ayant pas été retenus pour entrer en BTS, créent une situation inacceptable qui doit recevoir des réponses. Il ne serait pas absurde d’attirer en amont l’attention des futurs étudiants et des familles sur les exigences requises par des études universitaires au lieu de laisser l’illusion s’installer. Mais il serait inacceptable que la réflexion sur les « prérequis » conduisent à déterminer des profils d’étudiants, faisant des séries et des options de véritables destins pour les lycéens, et donnant à l’orientation en fin de Seconde un rôle beaucoup trop lourd et précoce.
On le voit les enjeux sont très forts, tant pour le devenir du lycée que pour la poursuite d’études. Et dans ce contexte, ce sont aussi nos métiers et nos conditions de travail qu’il nous faudra défendre. C’est pourquoi dès maintenant il faut exiger une véritable concertation, et non une réforme au pas de charge. Une réforme du baccalauréat est nécessaire, mais elle ne répondra à la complexité des enjeux que si les personnels y sont associés.