En octobre 2011, en votant majoritairement pour les listes SNES et FSU, vous avez rappelé le consensus qui existe dans le second degré : nos professions sont porteuses d’une conception ambitieuse du second degré, un second degré unifié permettant à tous nos élèves, malgré les difficultés, d’envisager leurs études secondaires dans un cursus cohérent, allant du collège aux séries diversifiées des trois voies du lycée.
Forts de ce consensus, nous sommes parvenus à convaincre qu’il fallait rompre avec le dogme du non-remplacement d’un professeur sur deux, qu’il fallait rebâtir une formation professionnelle en alternance lors de l’année de stage, qu’il fallait renoncer à la réforme de l’évaluation, qu’il fallait faire de l’éducation une priorité pour la Nation.
Mais notre projet, bien que partagé par les familles, conscientes des enjeux de scolarisation pour leurs enfants, a un coût. Il implique que l’on fasse les efforts nécessaires pour répondre de façon précoce, dès l’école primaire, aux difficultés
de scolarisation que rencontrent les élèves issus des milieux populaires, que l’on fasse évoluer les programmes et les dispositifs d’enseignement pour qu’ils répondent aux besoins des nouvelles générations, que l’on améliore et étoffe
la formation des professeurs, que l’on dote chacun des outils nécessaires à la vie dans la société moderne : compétences intellectuelles, démarches raisonnées, pratiques sociales, capital culturel, savoirs émancipateurs.
Alors que, dans les faits, 9 jeunes sur 10 sont toujours scolarisés à 18 ans, tout projet scolaire progressiste se devrait de penser le parcours des élèves de la maternelle aux formations post-bac. L’heure n’est-elle pas venue de mettre le droit en accord avec le fait en prolongeant la scolarité obligatoire jusqu’à
18 ans ? Une telle mesure mettrait l’Etat devant ses responsabilité pour traiter réellement les situations d’échec au lieu d’évacuer années après années 150 000 jeunes qui sortent sans qualification du système éducatif, dans l’indifférence de tous.
Investir dans l’éducation, c’est prendre les mesures nécessaires pour que nos carrières redeviennent attractives, c’est relancer le recrutement, c’est inscrire les générations futures dans une nouvelle dynamique de démocratisation en s’attaquant de façon volontariste au noyau dur de l’échec scolaire et en élevant le niveau de qualification de tous. Bien plus que toutes les mesures d’austérité que l’on continue à nous imposer, ce sont ces décisions qui permettront à notre pays de sortir de la crise économique et sociale qu’il traverse.
C’est avec ces convictions que nous participerons au cours de l’été aux discussions autour de la nouvelle loi d’orientation.
Nous vous donnons rendez-vous à la rentrée pour que chacun puisse se faire entendre dans le cadre des Etats Généraux du second degré que nous organiserons au premier trimestre.
Bonnes vacances, bien méritées !
Laurent Tramoni