4 janvier 2023

Notre académie, nos établissements

Quand le département se (dés)engage...

Il paraît que le département s’engage… Plan Charlemagne et autres… Beaucoup d’annonces. Pourtant certaines choses nous laissent à penser que d’autres engagements sont possibles.
Le département a pris l’habitude de rencontrer les chefs d’établissement et de leur présenter ses orientations quant au budget. La dernière bouture de ces rencontres s’est tenue le 30 novembre dernier. Elle apporte de nombreux enseignements sur la manière dont le CD13 envisage son investissement dans les collèges des Bouches-du-Rhône. A l’heure où le budget est passé en CA dans tous les établissements, connaître les perspectives pour les prochaines années nous donne de quoi demander mieux.
Il est à noter tout d’abord que, lorsqu’il s’agit de parler budget, le CD13 ne réunit pas seulement les chefs des EPLEs… Il ajoute le directeur diocésain de l’Enseignement Catholique et le responsable de l’inter-organisation des syndicats de l’enseignement privé. La politique d’investissement dans les établissements privés est tellement importante dans notre département !
Ensuite, puisqu’on a parlé budget, le CD13 a fait l’affichage de tout ce qu’il réalise, mettant en avant le seul nouveau collège sorti de terre au détriment de tous ceux qui attendent encore d’être réhabilités. Très vite, une petite musique s’est aussi faite entendre : Le contexte est inflationniste. Les dépenses énergétiques vont subir une hausse sans précédent. Plus de 300% ! Le bouclier budgétaire qui fait prendre en charge directement les dépenses énergétiques des collèges par le département est cher. Il faut faire des efforts…
Et les efforts, c’est aux établissements de les faire. Il faut réduire les gaz à effet de serre : problème environnemental ou problème de coût ? Peut-être le département pourrait-il plus investir dans les performances énergétiques des collèges du public s’il n’investissait plus dans les collèges privés… Rien ne l’oblige à investir au-delà des subventions de fonctionnement. C’est pourtant un choix qui est fait…
Et les efforts, ça impacte tout. Parce qu’on ne peut pas augmenter le budget, bien sûr. Il faut trouver un équilibre à enveloppe budgétaire constante ! Dans ces conditions, il va falloir rogner quelque part. Le 100% sécurité ? Non, c’est un affichage trop important. On va plutôt refonder les PAMEs, ces Participations aux Actions Menées par les Établissements. Il faut les simplifier, c’est-à-dire harmoniser les montants à 800 euros, supprimer les PAMEs dédiés et conditionner leur nombre au nombre d’élèves dans les établissements. Et puis, on va repenser l’assiette et la progressivité de l’abattement dans le budget 2023. Les fonds de réserve des établissements étant encore trop hauts, il faudra piocher dedans. Il n’est d’ailleurs pas totalement ridicule sur ce point de reconnaître qu’un EPLE n’a pas vocation à thésauriser et que les fonds de réserve n’ont pas de nécessité de dépasser les 30 jours de fonctionnement. (Certains collèges étaient assis sur des sommes incroyables.) Mais ce n’est pas le cas partout et si les dotations stagnent l’inflation, elle, augmente. Il y a donc une perte budgétaire dans les établissements.
Pour le plan numérique, on abandonne les tablettes pour une solution avec un « meilleur rapport coût / performance » : ce seront des ordinateurs portables qui seront distribués en 2023. On ne remplacera plus massivement les vidéoprojecteurs. Il faut entrer dans une démarche plus « green ». Tout se fera au coup par coup, au coût par coût !
Un petit point, enfin, sur le SRH (Service Restauration et Hébergement) : le CD13 a bloqué le prix du repas à 3 euros pour les familles sans augmenter ses subventions. Avec l’inflation sur les denrées alimentaires, la charge repose sur les établissements pour assurer un repas complet et équilibré avec toujours moins de budget. Certains seront peut-être tentés d’alléger les assiettes !
Ainsi, malgré les effets d’annonce, le CD13, face à l’inflation, préfère réduire les dépenses plutôt que d’augmenter les dotations. Il préfère investir toujours plus dans le « 100% sécurité », plutôt que de renforcer les réels besoins numériques ou culturels des établissements. Il investit dans les collèges privés au détriment des collèges publics. Et tout cela, les chefs d’établissement l’écoutent et l’entendent passivement… Il s’agit de ne pas être dupe. Face à l’inflation, le SNES demande à la collectivité territoriale d’investir mieux et plus dans les EPLEs !
Parce que d’autres choix sont possibles…