Inflation, baisse des pensions, protection sociale et services publics en régression...
Face aux politiques à l’œuvre, les retraités, dans l’unité, entendent continuer à porter haut et fort leurs revendications !
Le groupe des 9 rassemble depuis 2014 les organisations syndicales de retraités, CGT, FSU, FO, CFTC, CGC, Solidaires, et les associations de retraités FGR, LSR, Ensemble.
Les retraités ont défilé à plus de 25 000 de Denfert-Rochereau à la place des Invalides
pour se faire entendre d’un gouvernement sourd à leurs revendications.
Nous dénonçons :
• La baisse organisée pensions
• Une revalorisation de 0,4 % en 2021 alors que les prix ont augmenté de 2,6 % cette
année, et que la perte du pouvoir d’achat des pensions oscille entre 10 et 12% depuis 2014, soit un mois de pension par an !
• Les difficultés d’accès au système de santé.
• Des services publics qui s’éloignent des citoyens : la Poste, les transports, les hôpitaux de
proximité … alors que l’Internet n’est pas la solution : 30 % n’y accèdent pas.
• Des menaces sur la Sécurité sociale avec la création d’une 5e branche qui ne résout en
rien le problème de l’autonomie des personnes âgées. Au contraire la loi grand âge promise a été abandonnée.
• Des menaces sur les libertés individuelles et collectives.
Tel est le très juste titre du communiqué unitaire interconfédéral (CGT,FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL...) du 8 décembre.
La patience n’est plus de mise. Les retraités, tout comme les salariés, se mobilisent. Un meilleur salaire, et la hausse des pensions vont bien évidemment de pair.
Un ensemble en lien direct avec la sécurité sociale.
}
Les mesures prises dans le domaine de la protection sociale depuis les années 1990, avec une accélération très brutale depuis 2017, entraînent une reconfiguration majeure des principes qui ont fondé la Sécurité Sociale en 1945. A savoir un système de protection sociale qui a profondément amorti en France les effets négatifs des crises de 2008 puis de 2020. En effet, malgré les reculs imposés, l’État social à la française tient bon.
Mais il faut savoir que la multiplication des exonérations sociales octroyées par les gouvernements aux employeurs depuis les années 1990, avec les accélérations brutales que l’on connait depuis 2017, et singulièrement à la faveur de la crise sanitaire, entraine un manque à gagner de 75 milliards par an pour la Sécurité Sociale.
Il s’agit, rappelons-le, d’éradiquer les cotisations sociales, qui sont du salaire, en grande partie ainsi socialisé, payé par l’employeur. Dès lors, la fiscalisation, et singulièrement la CSG, remplace les cotisations. Soit un ensemble qui modifie radicalement les principes de solidarité institués à la Libération. Et qui, dans le même temps , transfère à l’État les décisions, faisant opportunément disparaitre toute démocratie sociale.
Dit autrement, les demandes récurrentes du patronat d’une baisse du coût du travail, présenté comme l’ennemi de l’emploi, ont largement été entendues par les gouvernements néolibéraux successifs.
Mais l’appétit est insatiable. En effet, alors que les comptes de la Sécurité Sociale étaient pratiquement à l’équilibre en 2019 ( grâce aux multiples désengagements et aux réductions drastiques sur les dépenses), le gouvernement a choisi en 2020 de rembourser la dette Covid à l’Euro près via la Cades ... Alors même qu’il aurait dû reprendre cette dette résultant de ses seules décisions au titre de l’Etat. Lequel, contrairement à la Cades, n’est jamais obligé de rembourser sa dette : il la fait « rouler », dit-on, c’est à dire qu’il réemprunte.
Ce choix politique consiste en fait à creuser artificiellement le déficit de la sécurité sociale pour mieux préparer de nouveaux reculs sociaux.
Le système des cotisations sociales crée des droits sociaux pour tous les travailleurs. A la Libération, la Sécurité Sociale était gérée aux 2/3 par les représentants des salariés, élus par ces derniers.
Les coups de butoir contre l’État social, à savoir ceux voulant éradiquer le droit du travail, le statut de la fonction publique, les services publics, la sécurité sociale... se sont multipliés, notamment depuis les années 80. Ce fut dès 1967 pour la sécurité sociale. Le tout naturellement accompagné de régressions majeures en termes de démocratie sociale.
Pourtant, si les aggravations depuis 2017 ont opéré un véritable saut qualitatif, cela ne signifie en rien qu’elles soient inéluctables. A condition de mobiliser, d’imposer le débat sur ces questions, et de le porter au cœur de l’espace public en 2022.
Mobiliser pour la hausse des revenus du travail, à savoir à la fois des pensions et des salaires, pour la protection sociale et la sécurité sociale... : c’est ce que les retraités ont d’ores et déjà prévu.
La prochaine manifestation nationale, organisée par pôles régionaux, aura lieu le jeudi 24 mars. Une prochaine réunion unitaire nationale en précisera les modalités.
Mais le syndicalisme doit urgemment aussi porter des alternatives économiques et sociales pour le salariat, entendu comme actifs et retraités ( la retraite est un droit social acquis par le travail).
Plus largement encore, on sait que les politiques néolibérales poursuivent leur folle course vers l’abîme, détruisant la planète et l’humanité. L’urgence est sociale et écologique.
C’est pourquoi les retraités entendent porter un tout tout autre avenir, fondé sur la solidarité et la lutte contre les inégalités croissantes dans tous les domaines.
Outre la hausse des pensions, nous œuvrerons en particulier pour une véritable sécurité sociale à 100%. Il s’agit d’assurer à toutes et tous, jeunes, actifs comme retraité.es, une véritable sécurité sociale fondée sur la solidarité et un juste partage de la valeur ajoutée, à savoir des richesses qui sont produites par le travail, et non par la finance ou le capital.
Il faut s’emparer du dossier du 100% sécurité sociale et travailler en profondeur. Il faut en ce sens aussi en revenir aux principes de la mutualité, fortement dévoyés par la mise en concurrence, et développer ainsi la prévoyance. Tout en se faisant entendre dans l’espace public dès 2022.
L’actuel ministre de la santé évoque une « grande sécu », qui serait réduite en fait à un panier de soin a minima, laissant la part belle aux assurances privées pour ceux qui en ont les moyens. De surcroît, en poursuivant la fiscalisation intégrale, à savoir l’étatisation totale du système, mettant un terme à la démocratie sociale.
Ce sont tous ces enjeux qui se trouvent aussi derrière la question de la Protection Sociale Complémentaire. Les assurances privées et le système financier tentent de se débarrasser de la sécurité sociale pour étendre leur emprise. Pour un système à l’américaine en somme.
Pour en savoir plus, on peut lire avec grand intérêt ces travaux de l’IRES ( Institut de Recherches syndical) dans sa dernière revue la Revue de l’IRES N°103-104 : Assurance santé : aux frontières du public et du privé. octobre 2021 : c’est ici.
Josiane Dragoni