Monsieur le Recteur,
Nous nous sommes très souvent adressés à vous par le passé, et plus particulièrement l’an dernier, concernant les problèmes engendrés par la notation des CPE, spécifiquement dans l’académie d’Aix-Marseille. Force est de constater aujourd’hui que nous n’avons eu aucune réponse de votre part et qu’il n’y a eu aucune amélioration, voire même une dégradation…
En effet, il apparaît toujours que les collègues d’Aix-Marseille sont clairement lésés par une politique académique très restrictive (notation tous les 2 ans dès 19.90, obligation d’un rapport très normé pour une notation exceptionnelle, harmonisation uniquement à la baisse, critères discutables, etc…) qui ne vise en fait qu’à freiner l’augmentation des notes sous prétexte que celles-ci sont trop élevées et ne peuvent plus refléter la valeur professionnelle réelle des agents concernés.
Le système de notation et d’évaluation des pratiques professionnelles, tel qu’il est pratiqué dans notre académie, est devenu si contraignant, pour les CPE comme pour les Chefs d’Etablissement, qu’il en a perdu tout son sens. La grille nationale, qui s’impose normalement à tous, n’est absolument pas respectée, ni même mentionnée. Ceci est injuste et remet en cause l’égalité de traitement des fonctionnaires sur l’ensemble du territoire, engendrant de grosses disparités entre les collègues, notamment pour les avancements d’échelon, entre les entrants et ceux issus de l’académie.
Ceci est bien évidemment incompréhensible pour les collègues qui, pour la quasi-totalité d’entre eux, sont reconnus de tous les partenaires, y compris des autorités hiérarchiques, comme de bons professionnels. D’ailleurs, nous avions souligné l’an dernier la diminution constante des contestations de note de la part des collègues, ce qui reflétait un désarroi de la catégorie et un manque de confiance dans l’autorité de tutelle, dû essentiellement à l’impossibilité de négociation réelle, voire à une méfiance vis-à-vis de l’Administration et de ses représentants. Que dire alors du nombre ridiculement faible des demandes cette année ?…
C’est pourquoi, nous réitérons notre demande de retour à la grille nationale ainsi qu’un rattrapage des notes pour les cas les plus critiques. A ce titre, nous vous rappelons l’une des revendications historiques du SNES : la création d’une double notation, à l’instar des enseignants, par des IPR spécialisés, issus du corps des CPE, ce qui sous-tend bien évidemment la création d’une agrégation spécifique, ce qui va dans le sens de l’augmentation des qualifications.
Ceci s’avère d’autant plus nécessaire à nos yeux, vu le contexte de réforme de l’évaluation. En effet, dans le projet actuel ce n’est plus la manière de servir de l’agent qui serait évaluée mais « les dispositifs » mis en œuvre par celui-ci, explicités et analysés « en lien avec les résultats obtenus ».
Nous refusons la définition locale des missions des CPE ; cadres A, ils doivent rester concepteurs de leur activité et disposer d’une autonomie professionnelle dans le cadre de leurs missions. Le fait que le CPE devrait justifier de sa pratique et de ses performances auprès du Chef d’Établissement, lui-même juge et partie de la politique éducative qu’il met en place, ne nous semble ni approprié, ni objectif. Il est donc important que les CPE bénéficient d’une double évaluation qui permette un regard croisé sur leur pratique.
De plus, le lien étroit entre carrière et évaluation individuelle, avec l’attribution de mois en fonction d’un contingent, accentuerait la logique d’individualisation et de mérite personnel, antinomique du travail en équipe. Le risque serait grand de voir se renforcer les pressions déjà multiples exercées sur nos collègues pour pallier les nombreux manques du système. Par ailleurs, l’activité professionnelle des CPE est difficilement réductible à des indicateurs de performance. Par exemple, comment mesurer la qualité éducative du suivi d’un élève : par la durée ou le nombre d’entretiens, par l’amélioration de ses résultats, de son assiduité, de son comportement ? Un absentéisme en baisse est-il imputable à la valeur professionnelle du seul CPE ? Les statistiques des sanctions refléteront-elles la qualité des actions en faveur de l’éducation à la citoyenneté ?
Le SNES rejette ce décret et cet arrêté car ils ne permettent pas d’apprécier la valeur professionnelle par une analyse experte des pratiques des CPE. En liant étroitement avancement d’échelon et évaluation individuelle, ce dispositif renforce un management par la pression et l’imposition opposée à notre conception du Service Public d’éducation.
Les commissaires paritaires SNES-FSU.
BORELLY Patrick (Lycée Honoré Daumier, Marseille), HYVERNAUD Jean-Luc (Lycée Marseilleveyre, Marseille), SAMOUILLER Carole (Lycée professionnel Leau, Marseille), ATIA Mohamed (Collège de Gréasque, Gréasque), BOURELY Yves (Lycée Alphonse Benoit, L’Isle-sur-la Sorgue), LUTHY Eric (Collège La Batie Neuve, La Batie Neuve), HAYOUN Lerani (Z.R. Sud Est 13), SERVANTON Marlène (Collège André Malraux, Marseille), ANTAR Djillali (Lycée Denis Diderot) et FONTANELLI Françoise (Collège Frédéric Mistral, Port de Bouc).