Pendant 4 h 30, le Comité Technique Paritaire a étudié les conditions de la rentrée 2008, marquée par les suppressions de postes (345 au niveau académique, dont 172 en lycée et 162 en collège).
Pendant ce temps, des délégations d’établissements s’étaient rassemblées devant le Rectorat pour témoigner de leur désaccord quanbt à la préparation de rentrée.
83% des lycées (48 sur 58) ont voté contre la DGH.
La situation des collèges est aussi très problématique : 70% des collèges ont exprimé leur désaccord quant aux dotations d’emploi, soit en votant contre (un collège sur deux en moyenne, 58.3% dans les Hautes-Alpes !), soit en adoptant des motions. Dans les Bouches-du-Rhône, la pénurie des moyens en heures postes est telle que les appariements d’établissements pour les compléments de service sont impossibles : l’IA 13 a alors été amenée à supprimer 143 emplois au lieu des 117,5 attendus.
Ces suppressions d’emplois entraînent la suppression de 472 postes vacants ou libérés par départs en retraites et 188 mesures de cartes scolaires touchant des collèges en poste ! Ainsi, à la rentrée 2008, nous aurons dans l’académie 77 postes de Lettres en moins, 61 postes de Mathématiques en moins, 41 postes en moins en Anglais, 27 postes en moins en histoire-Géographique ...
Nous avons dénoncé l’inflation des heures supplémentaires que l’administration tente d’imposer aux personnels. Pourtant en 2007, 18.6% des crédits académiques consacrés au paiement des heures supplémentaires n’ont pas trouvé preneur ! On ne peut étendre indéfiniment la charge de travail des personnels !
ci-joint la déclaration unitaire des organisations syndicales siégeant au CTPA et la motions adoptée à l’unanimité des organisation syndicales
(le Recteur ayant annoncé que l’ensemble de la délégation administrative votait contre, sans même faire voter les membres de sa délégation, sans doute pour éviter que certains votent avec les représentants des personnels ...)
ci dessous l’intégralité de la déclaration du SNES.
Monsieur le Recteur,
A l’occasion de la grève nationale du mardi 18 mars dans les collèges et les lycées (FSU – CGT – FO – Sud), la presse a largement relayé la colère des enseignants face à l’ampleur des suppressions de postes.
L’enchaînement de trois grèves majoritaires, avec un collège sur deux dans l’action, marque le désaccord profond de la profession quant à la politique scolaire de cette majorité. Trois éléments cristallisent les mobilisations :
1) les suppressions de poste sans précédent (80 000 suppressions sont annoncées entre 2007 et 2012)
2) la dénaturation du métier et l’accroissement de la charge de travail et des missions
3) la généralisation des bac professionnels en 3 ans, prélude à une réduction de l’offre de formation en lycées.
Le SNES entend bien porter, relayer et amplifier les mobilisations en recourant à des modalités d’action nouvelles et permanentes. Et ce jusqu’à la fin de l’année scolaire, si cela s’avère nécessaire…
Rappelons que lors du Conseil Supérieur de l’Education du 20 mars, le calendrier du baccalauréat a été très largement dénoncé, un vœu rédigé par l’Union Nationale des Lycéens ayant recueilli 49 voix pour. Dans les établissements, « la reconquête du mois de juin », dans sa traduction expérimentale dans le Vaucluse comme dans ses conséquences sur le calendrier du bac et de l’orientation dans les autres départements (conseils de classe de seconde en même temps que les épreuves écrites, délais de correction restreints, calendriers retardés…) est particulièrement indigeste : ça ne passe pas !
Comme ne passe pas le dossier post-bac unique, mis en place dans la précipitation, par le biais d’un BA rectoral publié le 10 mars au moment où commençaient les conseils de classe du second trimestre, et qui invite les enseignants à traiter à l’identique les procédures d’orientation vers les séries post-bac, qu’elles soient sélectives ou non (formuler un avis sur les poursuites d’étude en université comme cela doit se faire pour les CPGE). Nous nous élevons contre les attaques visant à discréditer, à contourner, à fragiliser le baccalauréat, premier grade universitaire, ouvrant de droit l’accès à l’Université. Loin d’être une loterie, le bac est la clef de voûte du système éducatif. Il ne peut porter la responsabilité de l’échec dans les premiers cycles universitaires et nous sommes par contre ouverts à des évolutions des cursus et des conditions d’étude, dans le secondaire comme, bien entendu, dans le supérieur, qui favorisent la démocratisation et les poursuites d’étude.
Ce n’est nullement le cas de la suppression des formations de BEP et de la généralisation des bac professionnels en trois ans. Libération, dans un article récent relatant le refus des équipes pédagogiques des établissements expérimentaux d’être instrumentalisés comme les vitrines d’une politique gouvernementale « suicidaire » (ce qui est hélas le cas de nombreux établissements expérimentaux, qu’ils soient Cohn-Bendit ou Freinet …), écrivait ainsi : « Les BEP, qui se préparent en deux ans, permettaient à des élèves très faibles de décrocher un diplôme et de reprendre confiance, avant éventuellement de tenter le bac, sur deux ans lui aussi ». Libération le mardi 25 mars 2008.
Nous nous félicitons que sur ce point, l’académie soit revenue à la raison et que moins d’une vingtaine de bac pro trois ans soient ouverts à la rentrée 2008 en remplacement des formations de BEP. Mais nous serons particulièrement vigilants quant aux annonces ministérielles de réduction de l’offre de formation dans les lycées, attendues pour fin avril / début mai : tronc commun et baccalauréat général unique, attaques contre la diversité des séries de formation offertes aux élèves, fusion des voies technologiques et professionnelles…
Car, après les 30 000 suppressions d’emplois qui ont touché les collèges et les lycées entre 2002 et 2007, les 80 000 suppressions annoncées entre 2008 et 2012 ne sont possibles que si l’on limite fortement l’offre publique.
Vous n’avez pas, Monsieur le Recteur, l’assentiment des personnels, des parents, des usagers pour ces suppressions de poste : les conseils d’administration 83% des lycées de l’académie, une majorité des collèges, ont refusé les conditions de rentrée que vous leur proposiez. Un vote contre en CA n’est possible que s’il est partagé par les personnels, les parents, les élèves.
L’académie doit en effet supprimer 345 emplois d’enseignants à la rentrée 2008. Cela se traduit par une ponction lourde dans les lycées généraux et technologiques (-172 emplois) et dans les collèges (-162.5 emplois). En deux ans, les lycées et les collèges de l’académie ont ainsi perdu respectivement 303 et 287.5 emplois. Depuis 2002, ce sont 822 emplois qui ont été retirés à l’académie, l’équivalent de 16 collèges fermés.
L’administration a beau jeu de justifier ces suppressions d’emploi par la légère baisse démographique du nombre d’élèves scolarisés : cette baisse temporaire (les effectifs de sixième repartent à la hausse, les effectifs de collèges étant d’ores et déjà stabilisés) pourrait être immédiatement compensée par une amélioration de la réussite scolaire et une lutte résolue contre les abandons en cours de scolarité. Les indicateurs ministériels montrent par ailleurs que notre académie est parmi les moins bien dotées de France et que les classes y sont parmi les plus chargées (en collège, par exemple, seulement 2,6% des heures sont dispensées devant des petits groupes –moins de 10 élèves- !).
Certes, l’administration convertit une partie de ces emplois supprimés (150 emplois) en heures supplémentaires : ce faisant, elle prétend compenser une partie des pertes.
Mais :
Cette opération aggrave le déficit d’encadrement rencontré dans les établissements. Elle accroît la charge de travail au-delà du raisonnable : on ne peut pas augmenter sans arrêt le nombre d’heures d’enseignement d’un professeur. Ainsi, en 2007, 18,6% des crédits consacrés au heures supplémentaires n’ont pu être consommés, faute de personnels en mesure de les assumer. Elle éclate les équipes pédagogiques en multipliant les changements d’affectations contraints et en fractionnant les services sur plusieurs établissements.
Réduire le nombre d’enseignants et dégrader leurs conditions de travail, c’est contrarier les conditions d’étude des élèves. Quelques exemples concrets des suppressions d’emploi dans notre académie : En septembre 2008, dans les collèges et les lycées, nous aurons 77 postes d’enseignants de Lettres en moins (l’apprentissage de la Langue : priorité ?), 61 postes en moins en Mathématiques (le calcul : une compétence secondaire ?), 41 en moins en Anglais (l’ouverture sur le monde : boycottée ?), 27 en moins en Histoire-Géographie (l’histoire de France : aux oubliettes ?), …
On le voit, la majorité UMP et son gouvernement, pour financer les baisses d’impôts des plus favorisés – 15 milliards du paquet fiscal de l’été 2007 – se paye sur la bête : en réduisant le service rendu à la population, en restreignant l’accès à une éducation de qualité pour tous comme on restreint l’accès à la santé, entre autres. Elle trouvera les personnels de l’Education National sur son chemin, le 29 mars pour les manifestations pour les retraites, le 2 avril à l’occasion de la journée nationale pour l’Education, le 27 mai à l’occasion de la manifestation nationale pour l’Education. Et au-delà si nécessaire.
Tous dans l’action, tous à la manifestation nationale à paris le dimanche 18 mai (réservez vos places dès maintenant).