Cherchant à maintenir des équilibres issus de la concertation, le projet de loi de « refondation de l’Ecole » répond partiellement à des attentes fortes de la profession : suppression de la note de vie scolaire, redéfinition du « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » confiée à « un conseil supérieur des programmes », suppression de « l’apprentissage junior », volonté d’une véritable formation initiale et continue des enseignants, qui reste à construire, réaffirmation du rôle de l’éducation nationale dans la formation continue des adultes… Il réaffirme la volonté de lutter contre les sorties sans diplôme ou qualification.
Cependant, il renvoie les sujets les plus conflictuels à la rédaction des décrets d’application ou à la loi de l’acte III de la décentralisation, que ce soit sur la mise en œuvre d’une meilleure articulation entre le premier degré et le collège, sur le devenir de l’orientation solaire et de ses personnels et sur le pilotage des cartes de formation professionnelles et technologiques.
Si le volet programmation, avec la confirmation des créations d’emplois dans les 5 années à venir, traduit la priorité donnée à l’éducation et à la jeunesse, le projet de loi et son rapport annexé ne donnent pas d’indications sur les améliorations que les personnels du second degré attendent et qui sont fondamentales pour réussir « une refondation » en termes de conditions de travail et de revalorisation de leurs métiers.
Le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SNUEP-FSU considèrent que la création d’un cycle artificiel CM2-6e, par ailleurs piloté au moins pour une part par un conseil école-collège, ne peut être la réponse au problème posé par la liaison entre le primaire et le secondaire. Le collège doit être mieux affirmé comme la première étape d’un second degré qui amène toute une génération dans une des trois voies du lycée qui reste le grand oublié de ce projet.
Le SNES le SNEP et le SNUEP rappellent leur l’ambition de démocratisation de l’accès aux diplômes de niveau IV et aux qualifications et, à ce titre, regrettent que cette ambition n’ait pas trouvé de traduction par la prolongation de la scolarité obligatoire à 18 ans.
Beaucoup d’éléments restent donc à préciser pour concrétiser certaines ambitions que semble vouloir porter ce projet de loi.
Face aux incertitudes qui demeurent au regard du prochain projet de loi de décentralisation, le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SNUEP-FSU réaffirment leur opposition à toute décentralisation de l’orientation scolaire ou mise sous double tutelle Etat-Régions des conseillers d’orientation-psychologues dont la contribution à la réussite scolaire doit être réaffirmée. A ce titre, ils combattront la vision restrictive de l’orientation scolaire développée dans le projet de loi d’orientation et son rapport annexé. Par ailleurs ils s’opposent à toute perspective de décentralisation du pilotage de la carte des formations professionnelles et technologiques.
Le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SNUEP-FSU alertent les personnels sur certains dangers potentiels de ce projet. Ils les appellent à s’exprimer publiquement dès maintenant sur leurs exigences et aspirations. La plus grande vigilance étant par ailleurs nécessaire lors du débat parlementaire, ils les appellent à peser dès à présent sur les choix non tranchés par la loi et qui devront l’être par le ministre dans les mois qui viennent.
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Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école est enfin connu !
La FSU regrette d’avoir découvert ce projet en même temps que la Presse, et particulièrement le rapport annexé, sur lequel elle n’a pas été consultée. Le dialogue social devra à l’avenir permettre une concertation plus approfondie.
La FSU partage un certain nombre des orientations données dans ce projet : l’éducation première priorité nationale avec confirmation des 60 000 créations d’emplois, la priorité à l’école primaire, plus de maîtres que de classes, la scolarisation à l’école maternelle, le rappel des valeurs qui doivent fonder l’école et être transmises par elle, l’objectif d’élever le niveau de qualification et de réduire les inégalités, la fin de l’apprentissage junior pour les jeunes de moins de 15 ans, la révision de l’éducation prioritaire…
La FSU note que certaines propositions qu’elle porte ont influencé l’écriture du texte : reprise de la notion de culture dans le socle et réécriture de celui-ci, révision des programmes, création d’un Conseil Supérieur des Programmes, insistance sur l’amélioration de la formation initiale et continue des enseignants qui reste à construire réellement.
Mais ce projet comporte également des absences ou des continuités avec les politiques précédentes qui ne permettront pas les transformations nécessaires. C’est en particulier le cas de l’avenir de l’orientation scolaire et de ses personnels ainsi que du pilotage des cartes de formation professionnelles ces deux sujets étant renvoyés à la loi de décentralisation, ce qui ne saurait rassurer les personnels. C’est aussi le cas du lycée, dont le lycée professionnel, trop absents des perspectives à venir. La progressivité des apprentissages ne doit pas seulement être pensée en cohérence de la maternelle au collège, mais bien intégrer le lycée. Il s’agit là d’un outil indispensable de démocratisation du système éducatif. La FSU rappelle sa proposition de prolongation de la scolarité obligatoire à 18 ans.
Les évolutions nécessaires des métiers, des pratiques professionnelles, doivent être affirmées comme levier de transformation. Il convient aussi d’introduire de nouvelles modalités de pilotage du système éducatif.
Enfin, la FSU continue d’affirmer que les personnels sont les acteurs majeurs des évolutions, le travail de concertation, d’équipes pédagogiques et d’équipes pluri professionnelles doit être davantage mis en perspective. Les missions des personnels doivent être confortées. Des perspectives d’amélioration de leurs conditions de travail et de rémunérations sont nécessaires alors que par ailleurs, nous vivons une crise importante de recrutement.
Beaucoup de questions sensibles seront traitées par les textes d’application. La FSU attend maintenant que le Ministre de l’Éducation donne un agenda de négociations qui devra préciser les chantiers qui seront menés dans les prochains mois et le calendrier de travail.
Les attentes sont fortes. Les enjeux pour l’avenir des jeunes sont importants. Il n’y a pas de temps à perdre.