Depuis 2008, la crise systémique, venue de la finance, n’en finit pas de faire des ravages dans l’économie réelle. Alors que la Grèce s’enfonce dans la récession sous le coup des remèdes de cheval que lui administrent l’Union Européenne et le FMI, l’Espagne et l’Italie sont elles aussi victimes de ceux qui spéculent sur un éventuel défaut de paiement. Dans la plupart des pays d’Europe, à force de plans de soutien au système bancaire et de manque de recettes, les dettes privées se sont muées en dettes publiques et les Etats sont sommés de couper dans les dépenses publiques par ceux-là même qui ont profité et tirent encore profit de la financiarisation de l’économie.
En l’absence de politique monétaire européenne, dans un contexte de dumping fiscal, avec des économies nationales dont les intérêts sont divergents, on voit mal comment les gouvernements nationaux et les institutions européennes pourraient s’extraire de ce cercle vicieux, et ce alors que l’économie américaine donne des signes de faiblesse.
Lors de la rentrée 2010, ces mêmes logiques ont présidé à une réforme des retraites qui place la France parmi les pays européens où les reculs ont été les plus rudes (âge légal et durée de cotisation). Un an plus tard, le gouvernement prépare de nouvelles mesures amères aux salariés, aux fonctionnaires qui émargent au budget de l’Etat. Poursuite des suppressions de postes de fonctionnaires, de la RGPP, gel des salaires et hausse des cotisations, pouvoir d’achat en net recul… Premier budget de l’Etat, l’Education Nationale peut s’attendre à de nouveaux coups : évaluation, temps de travail, rémunérations… Nous y reviendrons.
Dans ce contexte, tout peut advenir, y compris le pire, comme on l’a vu en Angleterre. Tout peut advenir, et ceux qui pensent qu’il suffirait de patienter jusqu’au 22 avril 2012 risquent de sérieuses déconvenues.
Dans ce contexte, tout peut advenir, y compris un sursaut démocratique et citoyen de premier plan qui impose enfin les intérêts des populations. C’est dans cet esprit combatif que le SNES entend s’inscrire, afin d’aboutir à une réelle alternative. Les objectifs en seraient de modifier la fiscalité afin de répartir les richesses et financer les dépenses publiques utiles à la population, de réduire les inégalités et de lutter contre le chômage et la ghettoïsation de notre société.
Si les échéances politiques de la fin de l’année scolaire, présidentielles et législatives, sont des rendez-vous essentiels pour la Nation, le mouvement social doit sans attendre être à l’initiative pour imposer les aspirations populaires dans le débat public et arracher des améliorations concrètes. C’est le sens de la grève unitaire dans l’Education Nationale du 27 septembre, c’est le sens de l’adhésion syndicale et des votes SNES et FSU lors des élections professionnelles du 13 au 20 octobre.
Laurent Tramoni