21 février 2022

Notre académie, nos établissements

Comité Technique académique du 10 janvier 2022 : une rentrée 2022 en trompe l’oeil

« L’école, c’est du sérieux » affirmait en décembre Jean-Michel Blanquer sur les ondes d’une matinale radio. Ce CTA, consacré à la préparation de la rentrée 2022, devrait donc démontrer tout le sérieux avec lequel notre ministre considère les élèves et les personnels.

Dans le second degré, 7900 emplois de professeur•e•s auront été supprimés sur l’ensemble du quinquennat. Les 100 « moyens d’enseignement  » (et non ETP) prévus pour la prochaine rentrée sont évidemment bienvenus, mais nous verrons dans le cours du CTA qu’ils ne suffiront pas à améliorer sérieusement les capacités en remplacement ni le taux d’encadrement, taux qui n’a cessé de se dégrader ces dernières années. Les heures supplémentaires ne viendront pas compenser le manque de moyens. D’autant plus que c’est 1/3 seulement des HS supplémentaires budgétées qui est consommé. HS qui contribuent de plus à renforcer les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.

Ces « moyens d’enseignement » résultent pour l’essentiel du passage à plein temps en stage en responsabilité devant les élèves des jeunes professeurs stagiaires lauréats des concours au détriment de leur temps de formation et de leur entrée progressive dans le métier. il ne s’agit donc pas de moyens nouveaux, mais d’une intensification de la charge de travail des stagiaires du fait de la réforme de la formation initiale des professeurs, que nous dénonçons. Bien au contraire, la rentrée scolaire 2022 est marquée par 440 suppressions d’emplois d’enseignants qui viennent s’ajouter au passif antérieur.

Ainsi, les 100 « moyens d’enseignement » annoncés résultent de la création de seulement 3 emplois d’enseignant (solde de 15 emplois de titulaires créés et de 12 emplois de stagiaires supprimés), le reste provenant de la transformation en « moyens d’enseignement » de l’équivalent de 92 emplois, antérieurement consommés sous la forme de « moyens de formation », les professeurs stagiaires accomplissant dorénavant la totalité de leur service devant les élèves. En outre, l’équivalent en HSA de 7 emplois sont retirés à l’académie, première reconnaissance que les HSA créées les années précédentes ne sont pas consommées.
L’académie attend 531 élèves de plus, dont 137 en collèges et 643 en lycées, les LP perdant 248 élèves.

Dans l’enseignement professionnel, notre académie se voit dotée d’un poste, pardon « moyen d’enseignement » pour les LP. La baisse des effectifs, qui est constatée également au niveau national (- 20 000 en 4 ans et - 10 000 l’an dernier) est, pour la FSU, la conséquence directe d’une politique à l’origine de la désorganisation de la voie professionnelle.
Les postes administratifs dont notre académie est dotée pour la prochaine rentrée seront insuffisants à renforcer les services et les établissements qui fonctionnent à l’os. Pourtant, les services de gestion des personnels, les services d’examens, tous les services administratifs y compris dans les établissements scolaires, croulent sous des charges de travail liées aux réformes mal pensées du ministère et plus largement du gouvernement. Les termes de la discussion en cours à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi 3DS visent à transférer l’autorité fonctionnelle des adjoints-gestionnaires des EPLE aux collectivités territoriales de rattachement. Cette mesure est de nature à dégrader les conditions de travail de ces personnels, le bon exercice de leurs missions ainsi que le bon fonctionnement des équipes de direction et des établissements. De même, la FSU réaffirme son opposition au transfert de la compétence « santé scolaire » aux départements, comme le prévoit l’article 41A.

Dans la partie « Vie de l’élève », l’annonce de la création de 2 postes de personnels infirmiers et assistants sociaux montre tout le sérieux avec lequel le ministère considère les élèves et les personnels dans le contexte de crise sanitaire et sociale que nous traversons. Seule une création massive de postes permettra de répondre aux besoins exponentiels des élèves en santé, en accompagnement social et en prévention. En effet, tous les acteurs de la santé mentale s’accordent à dire que l’état de santé des élèves, collégien•ne•s, lycéen•ne•s et étudiant•e•s s’est fortement dégradé. Dans le même temps, deux infirmièr•e•s sur trois se déclarent en souffrance et nous ne retrouvons aucune création de poste de PsyEN pour répondre aux besoins immenses d’accompagnement de tous les élèves.

Les 11 postes de CPE prévus permettront de couvrir les besoins d’une ouverture d’établissement qui cette année ne se fera pas à moyens constants. Cependant, cette dotation ne répondra pas aux besoins criants de certains établissements, notamment des collèges de plus de 600 élèves, qui ne comptent qu’un seul CPE, et des lycées créés ces dernières années, qui sont en montée pédagogique. Et, cette année encore, toujours aucun moyens en AED supplémentaires, alors que les effectifs élèves augmentent, particulièrement en LGT. Les heures supplémentaires rendues possibles pour les AED ne sont pas une réponse adaptée aux besoins des établissements.

Dans le premier degré, les créations prévues cette année (111 « moyens d’enseignement » et non ETP) ne suffiront pas à mettre en œuvre les priorités ministérielles.

Notre CTA se tient à nouveau en visioconférence, dans un contexte de crise sanitaire qui semble ne pas vouloir finir. Et, nous pourrions dire : « une crise sanitaire, c’est du sérieux » !

En ce début d’année, les personnels qui sont engagés au quotidien, bien au-delà de ce qui serait normal pour faire fonctionner le service public d’éducation, sont fatigués et en colère. Une nouvelle fois, nous avons appris par la presse comment serait organisé notre quotidien professionnel. Depuis le début de l’épidémie, ce mode de fonctionnement semble davantage guidé par des impératifs de communication politique plutôt que par le souci d’une communication respectueuse des personnels. Et ce n’est pas l’argument de coller au plus près des chiffres épidémiques qui peuvent convaincre familles et personnels du bien-fondé de cette méthode alors que les modélisations sont connues depuis des semaines.
Alors que le 30 décembre la question de l’EPS avait été posée au ministère, aucune réponse n’avait été apportée. Le niveau de protocole appliqué au second degré est le niveau 2. Le cadre général sanitaire que le ministère a défini en début d’année indique déjà les modalités pour la pratique de l’EPS. Alors que cette crise vient renforcer l’idée que la pratique physique est une nécessité, ces préconisations supplémentaires en pleine période hivernale mettent certains établissements en très grande difficulté pour assurer l’enseignement de l’EPS et discréditent une nouvelle fois cette discipline. A ce jour, c’est bien le niveau 2 qui est applicable dans le second degré. S’agissant des activités aquatiques : elles restent possibles selon cette même FAQ. Pourtant, certains chefs d’établissements l’interdisent notamment pour des lycées en pleine épreuve de CCF. Nous vous demandons, Monsieur le Recteur, de faire cesser toute surinterprétation du protocole. L’EPS est une fois de plus considérée comme une discipline à part alors qu’aucune étude n’a montré à ce jour qu’il y a plus de contaminations en EPS qu’ailleurs.

Quelques jours après la rentrée, les écoles, collèges et les lycées sont déjà au bord de la rupture : écoles, vies scolaires et équipes de direction submergées par la gestion des absences et des cas contacts, professeur•e•s non remplacé•e•s, demi-pension en mode dégradé, absence de capteurs de CO2, impossibilité parfois d’aérer correctement les salles…
Actuellement, de nombreux élèves et professeurs sont mis à l’isolement, les classes se vident puis se remplissent puis se vident à nouveau, au gré des découvertes de cas positifs. L’heure est donc à la discontinuité pédagogique qui fragilise encore davantage les apprentissages. Dans ces conditions, comment croire qu’il est possible de préparer sereinement et sérieusement les épreuves de baccalauréat qui sont prévues mi-mars ? Les inégalités de préparation devant l’examen sont de plus en plus flagrantes !

Dans l’immédiat, pour faire face à la 5e vague, la FSU demande donc :
• du matériel de protection adapté pour tous les personnels et les élèves : masques chirurgicaux et FFP2 pour les plus exposés, capteurs de CO2, purificateurs d’air, autotests ;
• le retour dans les écoles à la règle « 1 cas positif = fermeture de la classe » ;
• l’isolement des cas contacts intrafamiliaux ;
• le rétablissement de règles véritablement protectrices pour tous les agents vulnérables ;
• le recrutement de personnels pour renforcer les vies scolaires ;
• l’élargissement du vivier de remplaçants dans le 1er et le 2nd degré par le gel des suppressions d’emplois, la création des postes nécessaires pour répondre aux besoins et le recours aux listes complémentaires ;
• le report des épreuves de spécialité du baccalauréat de mars à juin.

Depuis 20 mois, les personnels tiennent le service public d’Éducation à bout de bras, souvent seuls, au milieu des ordres et contre ordre ministériels, quand ce n’est pas du mépris qui s’exprime à l’image de l’emploi par le ministre du mot « absentéiste » à l’encontre des professeurs malades ou cas contact. Parce que la FSU a toujours défendu l’ouverture des établissements scolaires tout au long de la crise sanitaire, elle exige, depuis le printemps 2020, les moyens humains et matériels indispensables à l’accueil en classe de tous les élèves. Elle est décidée à faire entendre que nos écoles, collèges, lycées, CIO, services administratifs méritent mieux, méritent plus, méritent d’être considérés avec sérieux ! La FSU, avec l’intersyndicale Éducation, avec la FCPE, avec les syndicats lycéens appelle à la grève et à la mobilisation jeudi 13 janvier !