21 avril 2024

Nos carrières

COMPTE-RENDU DU GT SUR LA FORMATION CONTINUE (04/04/2024)

Le 4 avril 2024 s’est tenu, au rectorat, un groupe travail sur la Formation continue, l’occasion, pour l’institution, de faire un bilan de l’année en cours et d’aborder les évolutions à venir. A cette occasion le SNES-FSU a pu faire remonter un certain nombre d’interrogations et de revendications.

1.Se former…. tout en préservant la continuité pédagogique.

Le directeur de l’EAFC (Ecole Académique de Formation Continue) a présenté sa « feuille de route », à savoir sa volonté de développer une formation qui « préserve la continuité pédagogique », autrement dit faire en sorte que la formation continue se déroule en dehors de nos heures de cours.

Dès la « rentrée scolaire prochaine, il est attendu que tous les modules de formation destinés aux enseignants du second degré n’impactent plus le face-à-face pédagogique ».

L’institution envisage pour cela plusieurs « leviers » :

Levier 1 : mercredi après-midi, samedi matin, fin de journée, 12h-14 h
Levier 2 : formation distancielle asynchrone.
Levier 3 : vacances scolaires.
Levier 4 : EDT compatible avec le départ en formation ou solution de remplacement (Hors RCD) préférentiellement individuel et désigné.
Levier 5 : EDT compatible avec le départ en formation ou solution de remplacement (avec recours possible au RCD), formations à public désigné liées à un grand plan.

Le SNES-FSU, de même que d’autres organisations syndicales, ont souligné :

1.La contradiction qu’il y avait entre la volonté de former 100% des personnels et le faire en dehors du face à face pédagogique.

2.La crainte des collègues de ne plus pouvoir se former et le risque, plus global, que la formation continue ne disparaisse complètement.

2.Des interrogations nombreuses et des réponses parfois inquiétantes.

Vous avez été nombreux et nombreuses à nous écrire et/ou à nous téléphoner au sujet de ces formations placées en dehors des heures de cours. Nous avons sollicité l’administration pour obtenir des réponses.

SNES-FSU  : Qu’en est-il des collègues qui reçoivent des convocations avec ordre de mission et dont les CE annulent les convocations sans forcément les prévenir ou refusent de laisser partir ? Est-ce que ce n’est pas la convocation/l’ordre de mission qui prime ?

Cette question est moins anecdotique qu’il n’y paraît. Les cas ne sont pas rares de collègues qui découvrent, parfois à posteriori et sans forcément en avoir été avertis, que des cheffes d’établissement ont supprimé purement et simplement la formation à laquelle ils ou elles étaient convoquées.

La réponse de l’administration est à cet égard relativement claire et très inquiétante. Ce qui prime c’est la continuité pédagogique. La décision d’accorder ou non la formation est faite au final par le ou la cheffe d’établissement. C’est bien le ou la CE qui a la décision finale sur le fait d’autoriser ou non un personnel à partir en formation par rapport aux nécessités de service. Ceci vaut en particulier pour les formations auxquelles nous nous inscrivons volontairement à titre individuel.

Pour ce qui est des formations à public désigné, le rectorat « incite » les CE à envoyer les collègues se former car c’est important. Mais il est vrai que la « nécessité de service » s’est amplifiée. Pour ce qui est de ces formations à public désigné l’institution met en avant le recours prioritaire au pacte.

Cette réponse ne nous satisfait évidemment pas et fait apparaître plusieurs dérives inquiétantes :

1/Le renforcement du pouvoir du chef d’établissement qui peut décider de nous retirer notre droit à la formation au motif qu’il faut assurer les heures de cours.

2/Une véritable inversion de la hiérarchie des normes. Les ordres de mission/convocation envoyés par l’employeur sont dépendants de la bonne volonté des cheffes d’établissement. Ce n’est pas acceptable.

Face à ces dérives le rapport de force collectif à l’échelle de l’établissement devient de plus en plus nécessaire. Il ne faut pas se laisser faire et, tant bien que mal, essayer de faire respecter notre droit à la formation. Lorsque l’on se forme on est bien en train de travailler. Certes, nous ne sommes pas devant nos élèves mais ce temps de formation nous le faisons aussi pour eux, dans une logique de service public et d’intérêt général.

N’hésitez pas à faire remonter auprès de l’institution les blocages qui peuvent survenir quant à ce droit à la formation.

SNES-FSU : L’administration est-elle consciente de la pression mise sur les collègues pour ne pas rater les heures de cours, y compris lorsqu’ils ou elles organisent des sorties/voyages scolaires ? Qu’en est-il des collègues auxquelles on demande de rattraper leurs heures parce qu’ils ou elles vont à des formations et pour lesquelles on demande de remplacer les heures non assurées ?

Sur la question du rattrapage des heures « perdues » du fait des formations ou des voyages ou sorties scolaires l’administration se dit « consciente » qu’il y a des « incitations » de la part des CE en direction des collègues. Lorsqu’il n’y a pas de RCD via le pacte il arrive en effet que les cheffes d’établissement déplacent les cours et financent par le biais d’HSE.

Là encore, le risque est grand de voir le pouvoir des chefs d’établissement se renforcer. Plus que jamais, l’organisation de collectifs à l’échelle de l’établissement via l’engagement syndical devient nécessaire pour résister à cette offensive managériale. Ne nous laissons pas imposer du travail supplémentaire. Encore une fois : la formation est un travail à part entière !

SNES-FSU  : Nous avons également interrogé l’administration sur les risques que font peser les annonces de réduction budgétaire. Quelles sont les implications sur les formations ?

Pour l’instant, l’administration affirme qu’elle n’a pas de visibilité sur les économies annoncées. Il est difficile pour l’instant de cerner si les économies vont affecter les crédits de fonctionnement ou la question de la formation.

SNES-FSU : Qu’en est-il des formations sur les vacances ?

L’administration a bien conscience des contraintes que cela génère pour les personnels. Les enquêtes de qualité menées post-formation en témoignent. Ce choix suscite « pas ou peu d’adhésion ». Aux dires de l’administration, 3,5% seulement des formations se font pendant les vacances. Il n’y aura pas de formation continue sur les vacances sans l’accord des personnels. Pour le moment ceux qui ne sont pas venus n’ont pas eu besoin de le justifier. Cela ne peut pas se faire sans l’accord des intéressé.e.s. Les quelques formations qui se déroulent en juillet et en août sont destinées aux néo-contractuels, mais aussi à des formations établissement (PSC1).

Là encore donc, il ne faut pas se laisser imposer ces formations pendant les vacances ! La continuité du service public passe aussi par ces temps de repos nécessaires pour tous et toutes (les élèves comme les personnels !).

Nous avons également interrogé l’administration sur son désir, affiché, de rendre les emplois du temps « compatible » avec les temps de formation.

Pour les « formations pouvant recourir au RCD (formations Phare, laïcité, réformes statutaires, formations réglementaires, l’organisateur doit travailler en amont avec l’EAFC pour désigner les stagiaires en tenant compte de leurs heures de face à face pédagogique ».

A nos interrogations l’administration a répondu qu’elle réfléchissait à la création d’un outil pour extraction des EdT. Outil SIIPRIEN (en lien avec l’académie de Bordeaux). L’objectif est de limiter aux mieux l’impact sur les cours même s’il y a des contraintes.

Ne vous étonnez donc pas si, l’année prochaine, vous êtes convoqué.e les jours où vous ne travaillez pas et/ou vous travaillez le moins ! Le procédé est quelque peu choquant et en dit long sur la manière dont le ministère perçoit les fonctionnaires.

SNES-FSU : les convocations hors temps de face-à-face pédagogique impliquent-elles un retrait de salaire en cas d’absence ?

Pour l’administration il faut bien distinguer le temps de travail du temps de face à face pédagogique. Il n’y a pas encore de réponse de la centrale pour l’instant.

Là encore il est impératif de ne pas se laisser faire et de bien surveiller collectivement les pratiques au sein de l’établissement. Les HIS peuvent être utiles pour faire, de temps en temps, le point sur les jours de convocation.

SNES-FSU  : Qu’en est-il des taux de rémunération envisagés par l’administration pour les formateurs (https://bulacad.ac-aix-marseille.fr...) ? Comment expliquer les taux très inégaux envisagés ? Sur quelle base ont-ils été construits ?

L’administration nous a indiqué que les taux de vacation avaient été revalorisés à hauteur de 20%. Il s’agit semble-t-il d’un effort significatif comparativement à d’autres académies. Il y a une vacation « spéciale vacances » pour les formateurs. Quant aux niveaux de rémunération proposés pour les « experts identifiés par l’EAFC » il s’explique par le fait qu’il s’agit de rendre l’intervention « attractive » pour attirer des personnes ressources sur des sujets très précis et pointus.

Nous avons fait remarquer qu’il n’y avait plus qu’à généraliser cela sur l’ensemble des personnels de l’éducation nationale et on arrivera aussi peut-être à rendre le métier attractif.

Cette revalorisation s’explique aussi par la volonté du rectorat d’attirer des formateurs/formatrices. Une campagne de recrutement devrait être lancée. Il faudra indiquer ses nom et prénoms, son établissement, son mail, mentionner l’existence de certifications reconnues en matière de formation, indiquer si l’on est formateur/trice ainsi que le domaine d’intervention. Attention ! Si vous êtes désignés en tant que formateur ou formatrice cela ne sera pas non plus sans contraintes ! Là aussi, un dialogue devra avoir lieu entre le rectorat et le chef d’établissement pour anticiper l’organisation des emplois du temps mais également les solutions de remplacement à travers le recours à des étudiants M2 non alternants ! Il faudra indiquer les journées où l’on peut être potentiellement mobilisable !