22 février 2024

Notre académie, nos établissements

Rentrée 2024 : CDEN du 22 février 2024. Contre le manque de moyens ! Contre le « choc des savoirs ! »

Le CDEN (conseil départemental de l’éducation national) sur la préparation de la rentrée 2024 dans les écoles et collège du département des Bouches-du-Rhône s’est tenu ce jeudi 22 février 2024.
En présence des représentants des fédérations de parents d’élèves, des collectivités locales (municipalités et département), des représentants des personnels, de l’IA-DASEN mais en l’absence du préfet, M Bessol (IA-DASEN) a présenté les moyens prévus dans le département pour la rentrée 2024. Dans les collèges, les DGH réparties utilise une partie de l’autonomie pour la création de groupes de niveau en français et mathématiques en 6e et en 5e.
Les élu.e.s de la FSU y ont dénoncé les mesures du « choc des savoirs » et le manque de moyens autant dans le 1er degré que dans les collèges. Ils ont dénoncé la logique comptable à l’œuvre qui retire une heure d’enseignement en 6e et siphonne l’autonomie pour des groupes de niveau véritable usine à gaz contre-productive.

La FSU avec la FCPE, l’UNSA éducation, la CGT éduc’action, la FNEC FP FO, a présenté un vœu pour demander l’abandon complet et immédiat du « choc des savoirs ». Le vœu a été adopté avec 13 voix pour et 7 abstention (dont la PEEP et le SAIES)

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Consultés sur la répartition des moyens dans le 2nd degré, les votants du CDEN, ont voté à 15 contre (dont 4 FSU).

A la sortie du CDEN, un rassemblement avec les établissements mobilisés sur Marseille, les parents d’élèves de la FCPE et les autres organisations syndicales a permis d’expliquer à la presse tout ce que nous avions dénoncé durant l’instance.
Avant les vacances et pour préparer une rentrée combative dans la perspective de la grève du 19 mars, nous avons montré que nous ne lâcherions rien !

Déclaration liminaire

Monsieur le Directeur Académique,
Mesdames, Messieurs les membres du CDEN

Les 1er février et 6 février derniers, les personnels de l’Education Nationale étaient massivement en grève et dans la rue. Ils et elles revendiquaient des moyens pour l’Ecole, les augmentations de salaire promises et l’abandon des mesures du choc des savoirs. Depuis le début de la nouvelle mandature, l’École publique dans son ensemble est l’objet d’une politique de démantèlement : réforme de la voie professionnelle, contractualisation des moyens, individualisation des rémunérations par le PACTE et désormais mesures du choc des savoirs : toutes ces mesures attaquent frontalement et au cœur l’École dans son rôle fondamental de correctrice des inégalités sociales pour permettre la réussite de tous les élèves. A l’inverse, elles organisent une politique de tri, confinant nos élèves dans leurs conditions sociales de naissance, les enfermant dans des trajectoires préétablies de reproduction sociale et d’échec scolaire. En témoignent les groupes de niveaux imposés — en rupture avec l’égalité du droit à l’éducation — qui génèrent déjà de vives tensions dans les équipes du 1er et du 2nd degré puisqu’il reviendra aux collègues de CM2 de préparer ce tri.
Sélection d’autant plus stigmatisante qu’elle devra se poursuivre chaque année durant tout le collège. Sélection encore avec un DNB barrière qui empêchera 10 % des élèves d’accéder à toutes les voies du lycée ! Parce que le « choc des savoirs », au collège, c’est moins de cours (les élèves de sixième perdent une heure d’enseignement), des emplois du temps désorganisés, un groupe classe éclaté, des évaluations nationales imposées chaque année qui trient les élèves, nous refusons ce « choc » rétrograde qui assignerait les élèves les plus faibles à une place d’où ils ne pourraient plus sortir !
Dans le 1er degré, le “choc des savoirs”, c’est un pas de plus vers la caporalisation pédagogique avec la labellisation des manuels et l’imposition de méthodes pédagogiques. C’est l’accélération de l’instabilité des programmes qui empêche les enseignant.es de se les approprier. C’est un renoncement de plus à une école égalitaire avec la fin du socle commun de connaissance, de compétence et de culture par l’instauration de “connaissances de base”, une Ecole au rabais pour les milieux des quartiers populaires. Enfin, au lieu d’engager la baisse des effectifs et le retour de dispositifs RASED ou PDMQDC, plutôt que d’en revenir au cycle et au respect des temps d’apprentissages des élèves, le ministère porte en étendard et démagogiquement une politique de redoublement dont toutes les études, même celles de l’OCDE montrent l’échec.
Sur le front de l’Ecole égalitaire, la politique d’éducation prioritaire est d’ailleurs en berne. Toujours pas de révision de sa carte dont les lycées et les écoles orphelines sont toujours exclus. Désormais, les moyens sont attribués dans l’opacité à certains établissements par de nombreux dispositifs (CLA, TER, NEFLE, Expérimentation Marseille) sans aucun critère d’attribution. Une politique de vitrines se substitue à un idéal au cœur du projet républicain : la réussite de tous. Dernier avatar, la création de la Cité Internationale à Marseille. Encore une vitrine et des postes à profil où la réussite de quelques-uns, construite sur l’abandon des autres, se substitue à la réussite de tous. Une fierté pour notre administration ! Pour nous, le symbole d’un renoncement !
Aucune des réformes en cours n’améliore le service public d’Education, aucune n’améliore les conditions de travail, aucune ne reconnaît à la hauteur nécessaire le travail des personnels. Le PACTE ne résout ni la crise du remplacement ni la question des rémunérations.
Une ministre arrive. Elle indique que les négociations salariales sont closes, fait l’éloge d’une Ecole privée du tri social. Elle repart. Changer de ministre a du sens quand le désaveu est à ce point profond et partagé. Mais c’est une tromperie si on ne change pas la politique qu’elle incarnait.
Vous avez aimé la 1re loi de transformation de la Fonction Publique qui défaisait le paritarisme et toute forme de transparence dans les opérations concernant les personnels, vous adorerez la seconde qui visera à démanteler le statut de fonctionnaire ! Assouplissement du système de promotion, rémunération au mérite, droit de licencier...un pas de plus vers la privatisation des services publics. Les personnels de l’Education Nationale, attachés aux services publics, seront mobilisés le 19 mars et déterminés à ne pas laisser passer cette nouvelle attaque.
Les personnels sont dans la rue car les moyens manquent : classes surchargées, détricotage des moyens de prise en charge de la difficulté scolaire, non-remplacement, manque de moyens pour l’inclusion, formation initiale et continue abandonnée, scolarisation des élèves allophones et des EFIV insuffisante.
Monsieur le Préfet, nous étudions aujourd’hui la répartition des moyens pour l’année 2024-2025 sur la base d’aucun moyen d’emploi supplémentaire pour le 1er degré et de 75 dans le Second degré.
Dans le 1er degré, 0 poste donc. La baisse démographique vous a permis d’abaisser les repères de fermeture en maternelle hors Education Prioritaire. Malgré cela, l’abondement de la brigade de remplacement ne sera pas a la hauteur des besoins. Il a été annoncé en CSA-SD la possibilité de surseoir à la récupération de postes RASED rendus vacants par l’impossibilité pour les personnels non titulaires du CAPEI d’y postuler. Y surseoir est bien. Y renoncer serait encore mieux. A ce propos, la FSU demande un plan pluriannuel de départs en formation CAPPEI pour constituer le vivier nécessaire et pourvoir les postes RASED avec des collègues formés.
Par ailleurs, nous constatons que la réduction des effectifs de classes en maternelle ne se fait pas proportionnellement entre l’Éducation Prioritaire et le milieu ordinaire. Cet élément, concomitant avec la multiplication de la contractualisation de moyens matérialise une extinction de la politique d’éducation prioritaire, cohérente, me direz-vous, avec le choc des savoirs mais loin des préoccupations de justice sociale.
Aussi, démonstration est faite que l’absence de création de poste dans le département ne permet pas, malgré la baisse démographiquede donner à l’Ecole publique les moyens de la réussite de toutes et tous.
Dans les collèges du département, la création de 38 emplois supplémentaires aurait pu faire croire à un changement de politique. Cependant, outre que ces emplois ne couvriront qu’à peine la hausse des effectifs de 450 élèves supplémentaires, ils sont en grande partie consacrés à la mise en place des groupes de niveaux que nous dénonçons et dont nous savons qu’ils ne résoudront rien et aggraveront la situation des élèves les plus fragiles. Conséquence : le nombre d’élèves par classe sera encore dans les établissements sur les repères les plus hauts ! Le « choc des savoirs », c’est un appauvrissement des DGH qui perdent une partie de leur autonomie et dont un certain nombre de projets ne pourront pas avoir lieu ! Le « choc des savoirs », c’est des classes toujours plus chargées dans les autres disciplines que français et mathématiques. Le « choc des savoirs », c’est des conditions de travail toujours plus compliquées pour les enseignant*es comme pour les élèves !
Si on y ajoute que les moyens en surveillantes (AED) seront les mêmes que cette année, alors que tant de vies scolaires sont en souffrance, que les remplacements sont impossibles, on comprend que le « choc » est un « choc » de réduction des moyens !
Depuis des semaines, des collèges se mobilisent dans tout le département. A Marseille, ils seront devant les portes de la DSDEN à 12h pour dénoncer la casse du collège ! Anatole France, Malraux, Vallon-des-Pins, Longchamp… La gronde s’amplifie et ce n’est que le début ! Tant que le « choc » sera là, les enseignants qui défendent un collège pour toutes et tous, lui feront face !
Dans le 1er comme dans le second degré, la politique d’inclusion se fait sans baisse des effectifs dans les classes, sans la formation des personnels le permettant. De ce point de vue, l’acte 2 de l’école inclusive ne répond pas aux besoins et risque d’accélérer les fractures au lieu de faire de l’inclusion une perspective défendue par tous. Il manque des places en Etablissements médico-sociaux, il manque des postes d’ULIS, il manque d’AESH.
Le manque de moyens et la perte de sens fabriquent une souffrance du quotidien dans nos établissements qui s’exprime dans les F3SCT académique et départementale dont vous êtes le témoin et à laquelle il faut répondre.
61 % des collègues se disent stressés par leur travail, et près de la moitié indiquent que celui-ci entame leur santé physique ou mentale. Un sujet paraît donc évident à traiter : celui de l’organisation du travail !
La santé des personnels doit être une préoccupation et il faut de ce point de vue se réjouir du travail qui a débuté lors de la F3SCT Amiante du 8 février dernier. Pour autant, comme constaté lors de cette instance, le retard est colossal et il y a urgence ! Informer et former les personnels est une première étape mais il ne s’agit pas de se contenter de leur confier la responsabilité de leur santé et de celle de leurs élèves, il faudra protéger et agir. Nous profitons donc de ce CDEN pour interpeller élu.es et administration sur le sujet : mettez les personnels et les élèves en sécurité chaque fois que cela est nécessaire ! Mettez les DTA à jour, rendez-les réellement accessibles et faites les travaux pour garantir la sécurité des personnels et des élèves.
Vous le savez toutes et tous, notre département, les Bouches-du-Rhône a une spécificité : il accueille continuellement des nouveaux élèves allophones ! L’intersyndicale a interpellé la DSDEN et a été reçue le 6 décembre dernier. Depuis, 7 postes ont été consolidés dans le second degré, 7 autres ouverts. 2 postes supplémentaires seront créés dans le 1er degré. Ces premiers pas sont à saluer mais il reste beaucoup à faire en la matière !!
Monsieur le directeur académique, les personnels sont en souffrance et il est parmi eux certain.es qui le sont encore plus. Les AESH sont toujours soumises à une mobilité non définie. Elles ont des salaires indécents et des conditions de travail difficiles. Elles ne sont pas remplacées lorsqu’elles sont absentes. Nous continuons de réclamer un statut, une rémunération alignée sur les grilles de catégorie B de la fonction publique. La reconnaissance des 24h de présence sur le temps scolaire comme un temps plein.

Enfin, nous ne finirons pas cette déclaration liminaire sans évoquer le 8 mars, et la journée internationale de défense des droits des femmes. Dans l’éducation, le plan égalité femme-homme est un outil indispensable pour avancer vers l’égalité réelle. Il faut mettre en œuvre ses préconisations et approfondir les mesures qu’il porte en rappelant que le PACTE et l’individualisation des rémunérations est un recul inquiétant de ce point de vue.

Les élu.e.s SNES-FSU au CDEN : Nicolas Bernard-Hayrault, Julien Weisz, Angélique Muniga