Edito : Stop !

Sourd aux signaux qui traduisent le désaccord croissant des Français, Emmanuel Macron pose en dogme un programme que la majorité des électeurs n’ont pas lu et prétend l’appliquer malgré les contradictions : la politique en faveur des « forces vives » de l’économie ne porte pas ses fruits, la révolution verte n’est pas d’actualité, la croissance n’est pas au rendez-vous et les inégalités s’accroissent.

En matière éducative, les choix budgétaires insultent l’avenir : comment, et pourquoi, supprimer des emplois d’enseignants alors que le nombre d’élèves à scolariser est en augmentation continue ?

La réforme du baccalauréat et du lycée, dont le marketing promet la liberté de choix pour les familles, désorganise les établissements. avec le baccalauréat Blanquer, les épreuves colonisent l’année scolaire au détriment des apprentissages. Avec les enseignements à la carte, il faudrait attendre de connaître les choix des familles avant de répartir les heures entre les disciplines, de déterminer le nombre de groupes alloué à chaque enseignement, de concevoir les emplois du temps. L’équipe pédagogique deviendrait la variable d’ajustement. Le lycée Blanquer suppose des professeurs au statut plus souple, affectés sur un réseau d’établissements, ou bien contractuels, recrutés à l’année. Le gouvernement est cohérent, qui annonce la « déconcentration managériale » de la gestion des ressources humaines (primes, promotions, mutations...) et son corollaire, la marginalisation des commissions paritaires et la suppression des CHSCT.

In cauda venenum, la réforme des retraites dont les grandes lignes ont été annoncées mi-octobre 2018 serait particulièrement grave pour nous, nous enseignants, ne percevant que peu de primes, alors que la prise en compte des primes est promise aux autres salariés, nous fonctionnaires, dont le statut crée un lien fondamental entre la nation et ses agents. Le régime universel signerait la fin du code des pensions en 2025 (carrière, six derniers mois, bonifications pour enfants...) mais aussi la fin de la pension pensée comme un salaire continué, versée par la nation elle-même, au moyen du budget de l’Etat et non d’une caisse de retraite.

Emmanuel Macron ne dispose pas d’un blanc seing pour appliquer une politique de casse totale des services publics, des retraites et de la fonction publique. Le moment est venu de le signifier vertement, par le vote massif aux élections professionnelles de fin novembre et par le recours puissant à la grève unitaire dans l’éducation le lundi 12 novembre 2018.