D’aucuns voudraient nous convaincre que la séquence sociale est terminée. Réforme des retraites votée, gouvernement remanié, le mouvement social n’aurait d’autre choix que de renoncer. Média et politiques nous invitent maintenant à nous tourner vers les échéances électorales de 2012. Celles-ci sont essentielles, nul ne le nie. Mais une possible alternance dans deux ans et nos revendications seraient satisfaites ? La condition semble nécessaire, est-elle suffisante ?

Un début de réponse s’offre opportunément à nous en ce mois de Novembre au cours duquel les grandes lignes des projets pour 2012 sont dévoilés. Sur la protection sociale et les retraites, on peut s’étonner d’entendre les experts aborder la question sous le seul angle du redéploiement de la génération du babyboom vers les générations montantes, sans même poser la question de ressources nouvelles. Sur l’éducation, en guise de propositions novatrices, en particulier pour le collège, c’est une antienne régulièrement conspuée : Ecole du socle commun jusqu’à la fin du collège, polyvalence des enseignants, utilisation locale d’une part de la DGH, autonomie des établissements, professeurs des écoles en collège et réciproquement, poursuite de la réforme Chatel des lycées … D’aucuns osent même le retour du certificat d’études à l’entrée en sixième !

Reprennent les vieilles habitudes, comme s’il ne se passait rien en France en 2010 !

Le mouvement que nous venons de connaître marque pourtant une bascule idéologique. Les salariés, les fonctionnaires, les jeunes, refusent clairement les logiques politiques à l’œuvre depuis 30 ans. Ils ont ouvert des débats, esquissé des perspectives. L’intersyndicale doit maintenant lancer des Etats Généraux du mouvement social pour établir un corpus de revendications unitaires sur l’emploi et le travail, sur la rémunération du travail, sur les retraites et la protection sociale, sur le rôle de l’Etat et les services publics, éducation, santé, justice, sur la fiscalité et les prélèvements obligatoires.

Car ce n’est qu’en intervenant en permanence dans l’espace public, par l’action et le débat d’idées, que nous parviendrons à nous faire entendre. Plus que d’une alternance, c’est d’une alternative dont il est question aujourd’hui. Sans attendre.

Laurent TRAMONI