Le déficit atteint 11,4% du PIB et la dette publique 80%, loin des critères de l’orthodoxie libérale. Les dettes des organismes financiers privés ont été nationalisées au moment des plans de soutien et de relance. Aujourd’hui, ce sont les Etats qui sont sommés d’assainir leurs comptes, sous peine d’être déclarés insolvables sur les marchés où ils empruntent.

Qui va payer l’addition ?

On pourrait imaginer que les prélèvements obligatoires augmentent afin que chacun participe à l’effort selon ses capacités. Mais la majorité présidentielle ne semble pas décidée à renoncer au dogme de la baisse des impôts ou des cotisations sociales. Les sacrifices sont donc attendus des salariés, et d’eux seuls.

La rigueur s’annonce, la rigueur est là.

Et pour nous, enseignants, fonctionnaires, l’addition risque d’être salée : baisse des salaires et des pensions, augmentation de la charge de travail, à l’instar de ce qu’annonce la réforme des lycées qui se traduira pour chacun par deux à trois classes supplémentaires, suppressions de poste, voire licenciement de fonctionnaires, mais aussi allongement de la durée de cotisation, report de l’âge légal de départ en retraite, calcul des pensions sur les vingt-cinq dernières années au lieu des six derniers mois.

Notre travail, dont l’intérêt se structure autour de la liberté pédagogique et du triptyque professeur/ savoirs/groupe d’élèves, est dénaturé par le pouvoir pédagogique coercitif donné au chef d’établissement et par le dynamitage des repères collectifs que sont les horaires nationaux, les programmes nationaux et, in fine, le baccalauréat.

Alors que faire ?

Se résigner, et croire que localement, telle situation individuelle sera préservée par le contexte particulier de tel ou tel établissement ? Ce serait s’aveugler tant le sens, le rôle et le sort de nos métiers sont intrinsèquement liés à l’effort de la nation.

Non, il faut se mobiliser, se battre, se défendre et imposer d’autres solutions, qui toutes passent par la capacité politique des citoyens à imposer un autre partage des richesses, c’est à dire une politique fiscale redistributive qui finance les dépenses socialement utiles et porteuses d’avenir : service public d’éducation, emploi public, protection sociale, retraite par répartition.

Dès la rentrée, investissons le débat public, investissons
l’action.

Laurent Tramoni