Le matin, sur France Inter, le ministre reprenait à son compte le terme d’aparteid au sujet de l’accroissement des inégalités scolaires. Toute la journée, les corps intermédiaires de l’Institution n’ont pourtant pas hésité à prolonger le même discours et le même argumentaire qui a servi à promouvoir la loi d’orientation Fillon de 2005 ou les réformes Chatel.
Sentiment de double décalage, par rapport à la réalité du terrain, par rapport aux nouvelles orientations ministérielles.
Les enquêtes PISA montrent que l’Institution fait erreur depuis des années, mais quels enseignements en tirent les échelons intermédiaires ? Hélas, les professeurs, les parents et les élèves n’eurent que peu d’espace pour développer les approches...
Nous n’avons pas manqué de le dire : l’académie d’Aix-Marseille s’est distinguée dans la phase de concertation et de rédaction des synthèses académiques par un souci rare d’ouverture, de démocratie et de transparence.
Nous avons salué ces efforts.
Notre déception est grande à l’issue de ces Assises inter-Académiques : nous espérions rencontrer des usagers, des fédérations de parents d’élèves, des collectifs d’habitants tels que le Collectif du 1er juin, des associations de soutien scolaire, d’éducation populaire (ACT), des agents des autres ministères qui travaillent sur la Politique de la Ville, et surtout des collègues, beaucoup de collègues qui œuvrent au quotidien pour l’éducation prioritaire.
Las !
Le piège de l’organisation pyramidale et des filtres successifs de l’Institution s’est refermé sur cette journée. Nous avions pointé très tôt le risque que ce soient les cadres intermédiaires de l’Institution qui préemptent le peu de place (et de parole) disponible : c’est bien hélas ce qui s’est passé. Les Assises inter-académiques avec trois académies était, il faut bien le reconnaître, une gageure pour les organisateurs qui n’ont pas ménagé leur peine.
Les interventions de Frédéric SAUJEAT, professeur des Universités à l’ESPE (stimulant ! Mais bref !), d’Olivier BRIARD, proviseur de Lycée St-Exupéry, de Jacques MEARD, maître de conférence, ou de Danielle GALUS, directrice de centre social, furent très appréciées.
Pour le reste, nous avons assisté à une journée d’auto-promotion de la technostructure pédagogique de l’Institution : par elle-même, pour elle-même !
Le déséquilibre était visible le matin avec deux Tables Rondes, il s’est révélé pleinement lors des ateliers où le poids des corps intermédiaires était inversement proportionnel à leur nombre réel.
Bivalence, échanges de services, école du socle, bonnes pratiques, ... la doxa de l’encadrement éducatif. Un journaliste avisé ayant gardé ses notes de 2005 aurait pu constater que les propos et les thèses ont peu variés depuis la promotion de la d’orientation Fillon !
Comme si depuis 7 ans, le socle commun, le livret de compétences, le disposition ECLAIR ... n’avaient pas rencontré quelques difficultés dans leur mise en œuvre, justifiant la rédaction d’une nouvelle loi, la volonté de refonder l’Ecole, la composition d’un Conseil Supérieur des Programmes chargé de tout repenser !
L’Institution file sur son erre et semble sourde tant aux remontées du terrain (ça, on le savait déjà) qu’aux nouvelles orientations ministérielles : au mieux avons-nous eu un habillage nouveau de la pensée unique pédagogique resservie d’inspections en stages de formation et que les collègues sur le terrain connaissent sur le bout des doigts.
Le SNES et la FSU ont joué leur rôle jusqu’au bout, en prenant la parole trois fois deux minutes (sic) dans les débats du matin, en portant la contradiction dans les ateliers, en venant en appui des interventions des rares collègues de terrain présents.
Toute la question est donc maintenant de savoir ce qui restera de l’élan démocratique de départ, une fois qu’il aura été reformulé dans la novlangue institutionnelle.
Un espoir s’est levé autour de cette ambition de relancer l’éducation prioritaire. Nous serons vigilants à ce qu’il se concrétise.
Tout savoir sur les Etats Généraux de l’Education Prioritaire organisés par le SNES-FSU Aix-Marseille : lire ici
L’analyse du SNES-FSU Aix-Marseille sur la synthèse académique des remontées de réseaux :Lire ici