1er décembre 2015

Notre vie syndicale

Audience Lettres classiques au Rectorat, enfin !

Réforme du collège, enseignements optionnels malmenés dans de nombreux lycées, mise en
concurrence des disciplines les plus fragiles, les attaques ne manquent pas contre les « Lettres
classiques », même renommées Langues et Cultures de l’Antiquité.
Pourtant, défendre ces enseignements, ce n’est pas s’enfermer dans une conception
patrimoniale et conservatrice de l’éducation, c’est au contraire s’interroger sur la place qu’elles
peuvent occuper dans une éducation progressiste et tournée vers l’avenir.

Le SNES-FSU porte une conception émancipatrice de l’éducation. Celle-ci doit passer par l’accès pour tous, dès le collège à des enseignements variés, porteurs de réflexion, interrogeant la diversité culturelle dans ses fondements. De ce point de vue, les Langues et cultures de l’Antiquité, dont l’enseignement se renouvelle constamment, ont la prétention d’apporter leur contribution à notre système éducatif.
Le sort qui leur est fait dans le « Collège 2016 », entre EPI et « enseignement de complément » ne leur permettra plus de jouer ce rôle.
C’est le message que les représentants du groupe « Lettres classiques » du SNES ont voulu porter lors de l’audience obtenue auprès du Rectorat après une première demande effectuée en octobre 2014 suivie de plusieurs relances. C’est donc le 3 novembre 2015 que la délégation a été reçue par le Secrétaire Général et son adjoint.
La présence d’un IPR avait été annoncée, mais aucun n’a assisté à l’audience. Comment interpréter cette absence : avaient-ils seulement été informés et
invités ?

Dans ce contexte, la situation des LCA est examinée sous différents angles :
1. Le lycée :
En prenant comme base les données récoltées il y a un an lors de la consultation des collègues de
lettres classiques sont mises en avant les difficultés à enseigner correctement avec des horaires
légaux amputés dans de nombreux établissements.

2. Le collège actuel :
Même si la situation est plus conforme aux textes officiels, en règle générale, une grande majorité
d’établissements respectant les horaires légaux, certains ne proposent pourtant ni latin ni grec. A
l’inverse, quelques autres ont plusieurs groupes par niveau, ce qui est une preuve de l’attractivité
des langues anciennes. Il est rappelé que les pourcentages d’élèves étudiant des langues
anciennes au collège sont faussés par le refus fréquent d’ouvertures de groupes supplémentaires là
où la demande en est faite. Les options latin et grec souffrent aussi de l’organisation des emplois du
temps puisque les heures auxquelles sont généralement placés les cours de latin ou de grec sont
souvent dissuasives pour les élèves.

3. Le « Collège 2016 » :
Cette démarche s’inscrit évidemment dans le cadre de l’ opposition
majoritaire de la profession à la réforme du collège . La mise
en concurrence des disciplines que la marge d’autonomie génèrerait est particulièrement inquiétante. Les langues anciennes subiraient les attaques les plus violentes
par le biais de nouveaux dispositifs:les EPI n’ont pas
de support disciplinaire, peuvent être faits par n’importe quels enseignants et sont dépourvus de
contenus fixés par un cadrage national.
les plus vives craintes sont exprimées sur l’existence même
des Enseignements de Compléments entièrement tributaires des EPI et du choix de l’établissement
dans l’utilisation de la marge d’autonomie. On assisterait à une véritable casse de l’enseignement
des langues anciennes tel qu’on le pratique depuis longtemps par la dissociation de la langue et de la
civilisation ce qui conduirait à la disparition du latin et du grec dans les collèges. Enfin,
il est à craindre que cette réforme puisse servir l’enseignement privé et porter atteinte au peu de
mixité qui existe encore dans certains établissements, notamment en zone d’éducation prioritaire.
4. Les problèmes de services (actuels et futurs) :
L’attention de l’administration est attirée sur les cas de mesures de carte scolaire qui touchent les collègues de Lettres classiques
même s’ils ne sont pas les derniers arrivés. En cas de suppression de poste, le Snes réclame que les
postes de Lettres (modernes et classiques) soient vus dans leur ensemble afin qu’un collègue de
Lettres classiques ne parte que si les deux conditions suivantes sont réunies : qu’il soit le dernier
arrivé parmi tous les collègues de Lettres et qu’un autre poste de Lettres classiques subsiste dans
l’établissement. En cas de complément de service, les mêmes règles doivent s’appliquer
s’appliquent. Le nombre énorme d’heures appelées à disparaître avec la réforme ne ferait
qu’amplifier la perte de postes en Lettres classiques.

Après une heure d’exposé de la part des représentants du SNES, l’administration apporte quelques éléments de réponse,
ne raisonnant qu’en termes de chiffres, ne
connaissant que trop peu les réalités de terrain et reprenant les arguments ministériels.
La méconnaissance des réalités pédagogiques et l’absence des
spécialistes que sont les IPR nous ont privés de réponses argumentées et fiables.
Sur le premier point, l’administration affirme qu’il n’est pas envisageable de financer conformément
aux horaires réglementaires des options ayant si peu d’inscrits, que les langues anciennes ne sont
pas assez attractives. Pour éviter un gaspillage de moyens, l’administration propose d’appliquer
dans l’Académie d’Aix-Marseille ce que le Recteur a déjà mis en place dans l’Académie d’Amiens,
c’est-à-dire que l’option soit ouverte dans un lycée sur deux ou trois et que les élèves aillent dans
le lycée concerné uniquement pour les heures de latin ou de grec...! Une telle organisation n’est pas envisageable, ne serait-ce que pour
les aménagements d’emploi du temps que cela impliquerait (fin de journée,
mercredi après-midi, samedi matin) et le découragement que cela susciterait.
Ensuite, l’administration considère que les effectifs dans les groupes de latin et de grec sont
globalement trop bas, et que, les moyens étant restreints et devant être partagés avec d’autres
matières il est impossible de les utiliser massivement pour donner des heures aux langues
anciennes.
Pour l’administration l’ inquiétude de la profession est excessive et injustifiée mais avance que
toute façon les matières que nous défendons sont déjà mortes. En opposition à la mise en
concurrence des matières que nous évoquons nos interlocuteurs affirment qu’il s’agit
d’interdisciplinarité et que si les équipes travaillent bien entre elles il n’y aura pas de problème.
Quant à nos revendications sur les suppressions de poste et les compléments de service,
aucun engagement clair n’est pris par l’administration.

Pour conclure, si la délégation a été écoutée lors de la première partie de l’audience ,
lors de l’échange qui a suivi, force est de constater que les inquiétudes exprimées n’ont pas été levées par une administration focalisée sur une logique avant tout comptable.

Le Snes appelle donc les collègues de Lettres classiques à assister aux séances d’information sur les programmes proposées
par les IPR, pour y faire entendre la voix des acteurs de terrain, et à peser en toute occasion pour l’abrogation des décrets Collège 2016.