14 novembre 2011

Notre vie syndicale

Crise de la dette publique, éducation : Passer à l’action !

Le texte adopté lors de la CA académique du lundi 14 novembre 2011

Lecture plus aisée à partir du document PDF joint à cet article : par ici

La CA nationale du SNES propose de multiplier les initiatives de sensibilisation, d’explication et de mobilisation sur la question de la crise, de soutenir l’appel pour un audit citoyen de la dette, de participer aux actions de l’interprofessionnel.

Sur le champ éducatif, la CA nationale confirme la décision de construire une grève en décembre, en particulier sur la question de l’évaluation, et une manifestation nationale à Paris en janvier pour une rupture dans les politiques éducatives. D’ici là, toutes les actions sont imaginables au quotidien pour construire la mobilisation.

Plan du texte :

I ) L’emballement de la crise p.1 (l.19)

Retour sur la crise de 2008 p.1 (l.22)
Les limites des interventions publiques p.1 (l.46)
La situation particulière de l’Europe p.2 (l.66)


II) La nécessaire irruption du politique
p.3 (l.130)

Une lutte idéologique p.3 (l.135)
Ce que nous voulons p.3 (l.148)
Le service public d’éducation : un atout et un rempart p.4 (l.190)

III) Entre l’économique et le politique : le syndical au cœur des enjeux et des débats p.5 (l.221)

Dans le second degré, l’implantation du SNES confirmée p.5 (l.232)
Travailler à l’unification du syndicalisme p.6 (l.283)
Passer à l’action p.7 (l.337)

I ) L’emballement de la crise

La crise systémique que traverse le capitalisme se poursuit, avec comme nouvel épicentre l’Europe et la dette des Etats.


1.1 Retour sur la crise de 2008

La crise s’est déclenchée en 2008 : elle fut alors la crise de l’endettement privé. L’endettement des ménages, en particulier américains, était devenu insoutenable : Trente années de rigueur salariale et de partage des richesses en défaveur des salariés ont généré la baisse du pouvoir d’achat. Tout c comme le gonflement de bulles spéculatives (nouvelles technologies, immobilier, matières premières), favorisé par la libéralisation des échanges, en particulier boursiers, l’injection de liquidités dans le système financier et la déréglementation du secteur : ont ainsi été favorisés une financiarisation du capitalisme et un décrochage entre l’activité boursière et l’économie réelle. La tutelle des marchés financiers sur l’économie s’est traduite par une exigence accrue de profitabilité au bénéfice de l’actionnariat et de la spéculation. La recherche du profit maximum et à cout terme s’accompagne d’une pression maximum sur le coût du travail. Dans le cadre des politiques libérales il est impératif de :

  • diminuer la masse salariale (salaire direct mais aussi indirect ou continué)
  • baisser le coût social de la formation et de l’entretien de la force de travail en s’attaquant à l’école et à la santé ce qui passe par le démantèlement des Services Publics qui en assurent les fonctions.
    Ces déséquilibres ont déjà amenés l’économie mondiale au bord du gouffre en 2008. Les Etats ont été appelés à la rescousse pour soutenir et assurer la solvabilité des principales institutions bancaires. Si les banques avaient fait faillite, c’est toute l’économie qui aurait pâti d’un tarissement des liquidités. Les Etats sont également intervenus pour soutenir l’économie. Mais, cette intervention des Etats a connu deux limites essentielles.


1.2 Les limites des interventions publiques

Premièrement, ils n’ont pas remis en cause le système financier international, renonçant à le réglementer ou à prendre le contrôle des banques qu’ils soutenaient, ni en les nationalisant, ni en entrant dans les conseils d’administration. L’afflux de liquidités empruntées à bas prix aux institutions publiques ou internationales (banques centrales, FMI…) ont alors représenté une aubaine pour les spéculateurs qui ont pu reprendre très vite leurs activités juteuses. Celles-ci se sont alors concentrées sur la spéculation sur les matières premières et les dettes publiques. En pariant, avec l’argent obtenu à un coût modique auprès des banques centrales, sur un défaut de paiement des Etats, les banques ont fait grimper les taux d’intérêt exigés de ces mêmes Etats pour les crédits qu’elles leurs accordaient. A cet égard, il faut bien parler de « dette illégitime ».

Deuxièmement, les Etats ont trop rapidement mis fin aux politiques de soutien car leurs finances publiques pâtirent de la baisse des recettes fiscales du fait du ralentissement économique et de l’accroissement des dépenses conjoncturelles (plans de soutien et de relance, dépenses sociales). La crise de la dette privée était devenue crise de la dette publique. Près de trente ans de politiques libérales avaient en effet abouti à un déficit structurel, important mais soutenable, à une réduction conséquente de ses capacités d’intervention dans l’économie réelle et à une substitution de l’emprunt public à l’impôt.


1.3 La situation particulière de l’Europe

La situation de l’Europe est à cet égard particulièrement problématique. Tous les pays se sont lancés en même temps, sous la pression de la France et de l’Allemagne, dans des politiques d’austérité qui ont cassé le retour de la croissance, ralenti les économies et réduit les recettes des Etats. Nous sommes sans doute à la veille d’une nouvelle phase de récession économique. La zone euro menace d’éclater.

Ces politiques d’austérité provoquent le contraire de ce pour quoi elles sont imposées aux peuples : au lieu de réduire l’endettement public par une baisse des dépenses publiques, elles l’accroissent en tarissant les recettes publiques. Ces politiques sont illégitimes car elles sont inefficaces, injustes et contre-productives. Elles auront (et dans certains pays, elles ont déjà !) des conséquences dramatiques pour les populations : augmentation du chômage, baisse des salaires, démembrement et dégradation des services publics, fragilisation des missions sociales des Etats, difficultés d’accès aux soins, au logement, à l’éducation, délitement des systèmes de retraite par répartition et de protection sociale, licenciements massifs et désindustrialisation, intensification du travail …

L’Europe paie en outre les vices de forme de sa construction, qui avaient conduit les populations de plusieurs pays à s’opposer en 2005 à la ratification du traité constitutionnel européen car il constitutionnalisait les principes libéraux de l’Europe actuelle. En construisant « un marché libre et non-faussé », les Etats ont peu à peu abdiqué certains éléments essentiels de leur souveraineté : entreprises publiques, services publics, secteurs non-concurrentiels, soutien et subventions de l’emploi industriel … Le principal renoncement consiste en l’abandon de la politique monétaire avec la délégation du pouvoir d’émission de la monnaie à une banque centrale indépendante du pouvoir politique. Après avoir privé les Etats de l’outil monétaire, les libéraux entendent aujourd’hui les priver de l’outil budgétaire, en voulant faire inscrire dans la constitution une soi-disant « règle d’or » budgétaire interdisant les déficits.

La différence essentielle entre la zone euro et les USA ou le Royaume Uni tient à l’impossibilité de toute politique monétaire en Europe, étant donné les choix qui ont présidé à sa construction. Aux USA ou au Royaume Uni, les marchés sont rassurés : en cas de problème, les banques centrales créent de la monnaie.

Ces renoncements à la souveraineté nationale n’ont en outre pas été compensés par un renforcement de l’Europe politique et du contrôle démocratique au niveau européen. Ce sont d’abord des renoncements démocratiques, et le déficit de démocratie dont l’Europe actuelle n’a jamais réussi à s’extraire se transforme aujourd’hui sous nos yeux en crise de la démocratie : tragi-comédie du référendum grec, règle d’or, troïka, mise sous tutelle de gouvernements légitimement élus et de pays entiers, parlements sommés d’adopter des plans d’austérité élaborés par des institutions non-élues…

Ce déficit démocratique empêche l’Europe de se doter de politiques communes susceptibles de promouvoir la coopération entre les Nations européennes, de tendre vers une harmonisation fiscale et salariale, d’atténuer les déséquilibres économiques internes et de lutter contre les forces centrifuges qui peuvent à terme conduire à un éclatement de la zone euro et à un repli nationaliste et identitaire. L’Europe privée d’outils démocratiques de débat et d’élaboration collective des politiques publiques se trouve sous le joug des plus forts : marchés financiers, banques privées, groupes transnationaux, agences de notation et autres institutions financières. Les institutions internationales, comme le « couple franco-allemand », les gouvernements français et allemand, semblent à leurs ordres. A côté du renoncement démocratique, il y a aussi un renoncement social de la construction européenne imprégnée par les dogmes libéraux.

Les pays du sud de l’Europe sont aujourd’hui confrontés à la fois aux conséquences de la spéculation, de déséquilibres économiques internes (faiblesse de l’appareil d’Etat en Grèce, place de l’immobilier en Espagne, …) et aussi de déséquilibres internes au marché européen. Le refus simultané de toute harmonisation fiscale et de toute politique économique commune achèvent de dresser le tableau d’une Europe impuissante et incapable de prendre les décisions nécessaires. Enfin, une telle politique assure en général une monnaie forte sur la place internationale, un Euro fort, qui entrave fortement les exportations et encouragent par contre les importations. Ajoutons enfin qu’une telle politique est conduite en Europe depuis les années 90, avec comme conséquence immédiate une croissance moindre en Europe qu’ailleurs, et par conséquent un endettement mécanique des Etats plus important depuis maintenant presque 20 ans.


II ) La nécessaire irruption du politique

La situation économique est explosive. Les mobilisations sont incessantes dans les pays européens, la colère gronde et s’accroit à mesure que les plans d’austérité se succèdent et que les conséquences sociales de la crise se font plus visibles : taux de chômage, perte de pouvoir d’achat, réforme des retraites, hausse de la TVA …

2.1 Une lutte idéologique

Dans ce contexte incertain, alors que la mobilisation des salariés n’est pas à la hauteur des enjeux, nous assistons à une véritable offensive idéologique consistant pour les libéraux et les puissances dominantes, à tirer partie de la crise économique pour renforcer encore les politiques libérales et porter des coups décisifs contre la puissance publique et les salariés. Alors qu’en 2008, même Nicolas Sarkozy avait été contraint de louer « les amortisseurs naturels de la crise que sont les services publics et l’emploi public en France », la crise de la dette offre une occasion historique de réduire de façon significative les dépenses, le périmètre et le rôle de l’Etat. Avec l’austérité, plus aucune revendication sociale n’est légitime. Il est de la responsabilité du mouvement syndical, en France et en Europe, de porter des alternatives face à ces choix politiques régressifs : c’est non seulement nécessaire et urgent, mais c’est possible. La démocratie sociale est partie intégrante de la démocratie politique

2.2 Ce que nous voulons

Contre la pensée unique qui vise à faire accroire qu’il n’y aurait pas d’autre solution que les politiques d’austérité, à faire assumer par les populations la rigueur et les sacrifices, qui focalise les débats sur la dette publique et escamote les responsabilités du système financier, de la spéculation et de la libéralisation des économies, le SNES entend prendre toutes les initiatives possibles pour que les raisons de la crise et les politiques alternatives soient débattues dans la population.

Nous entendons œuvrer pour que les responsabilités de la spéculation boursière soient pointées et qu’elles entraînent une nouvelle réglementation de la finance : séparation des activités de dépôt, de crédit et de courtage, taxation des transactions financières, accroissement du ratio de fonds propres, interdiction de l’effet de levier, lutte contre les paradis fiscaux, contrôle public des banques ayant reçu des fonds publics …

Les Etats européens devraient pouvoir se financer, autant que de besoin, auprès de la banque centrale européenne ou d’un fonds européen de stabilité qui lui serait adossé, afin de mettre fin à leur soumission aux marchés. La solidarité des Etats européens devrait pouvoir s’exprimer par l’émission d’obligations européennes. Les politiques négociées en Europe devraient être débattues et ratifiées par le parlement européen et les parlements nationaux. L’indépendance de la Banque Centrale européenne doit être remise en cause et ses objectifs doivent être débattus par le parlement européen pour ne plus faire de la stabilité des prix le principe directeur de ses choix politiques mais intégrer les besoins de relance et de soutien à l’économie, à l’emploi. Au-delà, c’est la construction de l’Europe qu’il faut refonder sur des bases nouvelles et démocratiques

Le SNES est partie prenante et œuvre à populariser l’appel pour un audit citoyen de la dette publique. Cet audit devrait permettre pour chaque Etat de déterminer quelles sont les dettes légitimes qui doivent être remboursées, et quelles sont les dettes illégitimes qui doivent être annulées. Sont illégitimes les dettes contractées par les dirigeants des pays concernés contre l’avis des populations, qui n’ont pas été utiles au développement des sociétés concernées, qui ont été contractées à des taux d’usure, qui ont été émises par des créanciers au fait de la situation des débiteurs.

Le SNES appelle à une profonde réforme fiscale dont le but est de réintroduire justice et progressivité et de financer l’Etat dans son rôle de protection des populations, de relance de l’économie et de financement des dépenses d’avenir. En période de récession, le rôle de l’Etat est de s’endetter pour soutenir l’activité économique. Il faut revenir sur les baisses du rendement de l’impôt sur le revenu et sur la réduction du nombre de tranches, supprimer les niches fiscales injustes et inefficaces, comme la défiscalisation des heures supplémentaires.

Le SNES milite pour une politique de développement économique, qui s’appuie sur la relance de l’emploi, y compris l’emploi public, la hausse des salaires (en renonçant aux niches à bas salaires), la relance par l’Etat d’une politique industrielle porteuse d’emploi dans le cadre de la transition écologique.

2.3 Le service public d’éducation : un atout et un rempart

Dans cette optique, les investissements d’avenir que l’Etat peut réaliser sont à encourager pour sortir par le haut de la crise économique : en formant et qualifiant la population pour qu’elle soit en mesure de relever les défis du XXI° siècle. A titre d’exemple, le SNES revendique le renforcement de l’institution scolaire et du service public d’éducation et de formation afin de parvenir dans les meilleurs délais à une élévation générale du niveau de qualification de la population française. Prendre la décision politique de porter l’âge de fin de la scolarité obligatoire à 18 ans et donner au service public d’éducation les moyens permettant d’amener chaque jeune d’une génération jusqu’à un baccalauréat permettrait de créer une dynamique de progrès pour toute la société. Pour ce faire, le développement des formations technologiques et professionnelles est un levier essentiel de la modernisation de l’appareil productif du pays. Passer de 65% à 100 % d’une classe d’âge obtenant le baccalauréat implique de répondre enfin sérieusement au problème que rencontrent les élèves des milieux populaires qui composent le noyau dur de l’échec scolaire et pour lesquels aucune des dispositions de la politique éducative actuelle n’offre de perspective. Il faut laisser les professeurs travailler et cesser de démultiplier leurs activités, les évaluer sur ce qui est au cœur de leur métier. Il faut se recentrer sur les apprentissages et renoncer à l’évaluation permanente des élèves et à leur mise en concurrence perpétuelle.
Une telle stratégie impliquerait de recruter des professeurs pour la mener à bien. Pour ce faire, la programmation du rétablissement des postes supprimés par les gouvernements de droite s’impose, mais elle ne saurait suffire tant la crise de recrutement est aigue. Aussi, la crédibilité d’un plan pluri-annuel de recrutement suppose que nos professions soient revalorisées de façon significative et que la formation des professeurs soit rebâtie. Le SNES milite pour le rétablissement d’une année de formation en alternance après la réussite au concours, la mise en place de dispositifs de pré-recrutement et la recherche active de candidats. Les concours doivent avoir lieu à la fin de l’année de M2, à une date et suivant des modalités et des contenus qui n’empêchent pas des titulaires de master de s’y présenter. L’Etat doit mettre en place un plan de titularisation des personnels non-titulaires qu’il emploie afin de leur permettre de s’installer durablement dans le métier.

III ) Entre l’économique et le politique : le syndical, au cœur des enjeux et des débats

La gravité de la crise que nous traversons, l’ampleur de ses conséquences pour les salariés, la profondeur de la rupture démocratique et la puissance de l’étau idéologique de la pensée unique, placent les salariés et les citoyens dans un rapport de force a priori défavorable. On le voit, les mobilisations interprofessionnelles ne sont pas suffisantes, qu’elles soient portées par des confédérations neutralisées par les divisions, des indignés coupés des relais habituels du mouvement social ou des associations altermondialistes à l’audience limitée.

Le SNES entend cependant prendre part à la construction de ripostes et d’alternatives, car il n’y aura pas d’issue pour les salariés et les citoyens hors de la mobilisation.


3.1 Dans le second degré, l’implantation syndicale du SNES confirmée

Tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le SNES, avec la FSU, a été à la pointe des mobilisations pour la défense des métiers, contre les suppressions de postes et les réformes qui les rendaient possibles, pour la promotion du service public.

Aussi, tout laisse à penser que le gouvernement a trouvé dans les élections professionnelles d’octobre 2011, l’occasion de laisser se mettre en place une véritable machine de guerre contre notre syndicalisme et le projet d ‘école et de société que nous portons. En imposant un vote électronique complexe dans la seule Education Nationale, le Ministère porte la responsabilité de la baisse de 20 pts de la participation. Cette baisse de la participation s’est traduite pour le SNES et pour la FSU par une perte d’un tiers des suffrages, entraînant mécaniquement son recul au niveau de la Fonction Publique de l’Etat.
Si le coup porté à la FSU au niveau de sa représentativité dans la Fonction Publique est rude, lui faisant perdre certainement à terme la première place au profit de FO, l’opération a en partie échoué : la FSU a renforcé son implantation dans la plupart des Ministères de l’Etat. Et ses syndicats ont amélioré leurs positions en pourcentage des exprimés et en sièges dans l’Education Nationale. On peut affirmer que l’affaiblissement de la FSU est la seule conséquence de la manœuvre du ministère et non d’une sanction des électeurs.

Ainsi, le SNES repasse nationalement au dessus de 50% des voix et le SNES Aix-Marseille obtient 55,6 % des voix dans les corps où il se présentait (+2,8 pts), décrochant ainsi 37 des 54 sièges à pourvoir dans les CAPA et la CCP.
Ce résultat n’aurait pas été possible sans l’implication inouïe de tous les militants sur le terrain, à commencer par les S1 et les membres de la CA. Qu’ils en soient remerciés au nom de tous les collègues qui comptent sur le SNES pour les défendre, et qu’ils sachent qu’ils peuvent être fiers du travail accompli.

Des milliers de collègues ont été privées de vote, dans des proportions scandaleuses dans certaines catégories comme les assistants d’éducation. La transparence des opérations et le contrôle citoyen des urnes et du dépouillement n’ont pas été possibles, faute d’expertise citoyenne et indépendante. La sous-traitance, coûteuse, source d’opacité et de rigidité, à une entreprise privée a engendré une dépossession complète des électeurs et de leurs interlocuteurs administratifs. Nous entendons mener une campagne politique pour dénoncer ce sabotage démocratique et demander la création de commissions d’enquête parlementaire sur les motifs de ce fiasco.

En l’état, ce dispositif de vote électronique ne peut être utilisé de nouveau : Pour qu’un tel hold-up démocratique ne se reproduise pas, il faut découpler les élections professionnelles et les élections au CA de l’établissement, éditer les listes électorales plusieurs semaines après la rentrée, procéder aux scrutins à la fin du premier trimestre, assurer un contrôle indépendant et citoyen des opérations, rendre possible la récupération des identifiants et le réassort jusqu’à la fin du vote, organiser pleinement le vote sur le lieu et sur le temps de travail en systématisant les kiosques de vote, donner aux personnels les plus précaires, agents non-titulaires et Assistants d’Education en particulier, des outils de vote qui leur soient accessibles, instaurer des décharges de services dans les cas les plus problématiques. Tous les agents de la Fonction Publique doivent avoir des modalités de vote comparables.
En opposition à l’ensemble de ce paragraphe, était proposé un amendement demandant que le SNES revendique le vote à l’urne : Pour : 8, Contre : 23, Abstention : 7, refus de vote : 2

3.2 Travailler à l’unification du syndicalisme

Le bilan des premières élections professionnelles sous le régime de la Loi de modernisation du dialogue sociale montre un recul de la participation et un renforcement des grandes fédérations de l’Etat sans qu’aucune force n’émerge du lot. Ce paysage syndical morcelé ne semble pas de nature à rompre avec les difficultés que traverse le syndicalisme français, durablement neutralisé par la division syndicale. De plus, les nouvelles règles de négociation dans la Fonction Publique imposent, de façon transitoire, jusqu’en 2014, pour conclure un accord valide de représenter au moins 20% des électeurs, sans que des organisations syndicales représentant 50% des électeurs ne s’y opposent. Cette phase transitoire devrait être réduite.

Les résultats des élections aux Comités techniques, qui fondent dorénavant la représentativité des organisations syndicales, rendent la FSU incontournable, avec 40.6% des voix et 7 sièges sur 15 au CTM, et 44.6% des voix et 6 sièges sur 10 au CTA. Les positions de la FSU dans les différents ministères est renforcée. Au niveau de la Fonction Publique de l’Etat, malgré la perte de 100 000 voix du fait du mode de scrutin dans l’Education Nationale, la FSU recueille toujours 17.1% des voix devant FO (16.7%), la CGT (15%), la CFDT (14.6%), l’UNSA (13.8%) et SUD (8.1%). Le renforcement et l’élargissement de la FSU restent d’actualité, en particulier à destination des PLP, des personnels de direction.
Dans l’éducation nationale, seules la FSU (40,6%) et l’UNSA (20.7%) peuvent signer seule un accord valide, et la FSU doit être soutenue par d’autres organisations pour atteindre les 50 % nécessaires à bloquer un accord qu’elle conteste : CGT (6.5%), SUD Education (5.8%), FO (10.1%), SGEN CFDT (10%). Dans la Fonction Publique de l’Etat, aucune organisation syndicale ne peut signer seule un accord, et quatre organisations seront nécessaires pour s’opposer à un accord.

La FSU est la seule fédération qui perde un nombre conséquent de voix dans les scrutins aux CT par rapport aux scrutins aux CAP. La fédération et les syndicats nationaux doivent en analyser les raisons, améliorer l’articulation entre les différentes structures et renforcer l’identification SN/fédération.

A la veille de nos congrès de mars/avril 2012, notre mandat d’unification du syndicalisme français, sans exclusive et avec toutes les forces qui partagent notre projet d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale, de démocratie interne et de prise en compte des réalités et des aspirations que vivent les salariés, est plus que jamais d’actualité. La place qu’occupe la CGT dans le paysage syndical français rend nécessaire sa participation à ces dynamiques d’unification. L’intervention du SNES et de la FSU doit favoriser, accélérer ce mouvement. Notre objectif est de construire une confédération syndicale d’un type nouveau, démocratique, unitaire, de masse, moderne et efficace. De même, l’importance des enjeux économiques, sociaux et politiques au niveau européen, la communauté des luttes et des destins entre les salariés des différents pays européens, appellent à un renforcement du syndicalisme et du mouvement social européen. La présence de la FSU dans la CSE comme dans la CSI est pleinement justifiée pour y soutenir les forces de lutte et de transformation sociale qui y participent.

Ces dynamiques de rassemblement s’appuieront sur l’unité d’action dans les luttes. Mais elles s’appuient également sur des initiatives intersyndicales à géométrie variable avec tous ceux qui seront disponibles pour les mener pour contribuer à la prise de conscience des salariés, à l’analyse des phénomènes à l’œuvre et à l’élaboration de réponses alternatives.

Le mouvement social, et en particulier les forces syndicales, doivent permettre aux salariés de s’imposer dans le débat public pour y porter leurs revendications et leurs attentes, et les rendre incontournables, en particulier au moment des campagnes électorales en vue de scrutins décisifs tels que les élections présidentielles ou législatives.

3.3 Passer à l’action

Aussi le SNES appelle à prendre à tous les niveaux toutes les initiatives possibles pour organiser des débats unitaires, des distributions de tracts, avec les autres syndicats et les associations altermondialistes, comme ATTAC, pour analyser la crise, expliquer ses ressorts, convaincre que d’autres politiques sont possibles et contribuer à les élaborer. L’interpellation des partis politiques, des élus et des candidats aux élections sera un objectif majeur de ces actions.

Le SNES entend ainsi prendre part à l’élaboration d’un grand mouvement social interprofessionnel dont la construction paraît aujourd’hui impérative. Le SNES appelle ses syndiqués à une grande réactivité en fonction de la suite des événements économiques et sociaux, en France et en Europe.
Ce mouvement social à même de renverser les logiques économiques à l’œuvre ne peut se construire qu’en articulant les revendications globales avec les luttes sectorielles. Le SNES mobilisera contre le durcissement de la réforme des retraites et pour la défense de la protection sociale et d’objectifs ambitieux de santé publique.

Dans l’éducation, le SNES appelle à se mobiliser dans chaque établissement contre l’augmentation de la charge de travail et le travail bénévole en organisant le refus collectif des tâches non-obligatoires et des réunions non-pédagogiquement pertinentes. Il appelle à une opération « Vérité VS » pour éviter toute minoration de la reconnaissance du travail réellement fait. Il appelle à réunir des heures d’information syndicale pour débattre ensemble du travail enseignant, des contraintes qui pèsent sur lui, de la pénibilité du travail, et pour élaborer ensemble des réponses collectives. Il mobilisera contre tout projet d’allongement de la durée de l’année scolaire sans contreparties sérieuses.

Le SNES lancera une pétition pour l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat, qui rappellera les revendications de revalorisation de nos professions, de reconstruction de la grille et d’augmentation du point d’indice, mais qui intégrera aussi des mesures d’urgences sur l’ISOE, les primes et les indemnités.

Le SNES poursuit ses campagnes sur la situation au collège, contre les réformes des lycées, pour la relance de l’éducation prioritaire et pour la formation des maîtres. Il dénonce les projets ministériels tendant à confier la responsabilité de notre évaluation professionnelle aux seuls chefs d’établissement, au mépris de nos missions. Le SNES sera très réactif à la parution des projets ministériels, y compris en recourant rapidement à la grève. Sur ce sujet, la publication de propositions alternatives pour améliorer l’existant est urgente.

Ces revendications sont de nature à justifier le recours à la grève dans l’éducation nationale, sur la base d’un appel fédéral ou unitaire, avant les vacances de Noël (proposition de supprimer la période : Contre : 14, Pour : 13 Abst : 1 Refus de vote : 2). Le SNES œuvrera en ce sens en multipliant toutes les initiatives de mobilisation locales et thématiques. (amendement visant à supprimer le paragraphe : Pour : 2, Contre : 24, Abst : 4, Refus de vote : 0)

Afin d’être entendus dans le débat public pré-électoral et d’imposer des revendications ambitieuse et conformes aux intérêts des populations, le SNES propose à la FSU d’organiser entre les vacances de Noel et les vacances de février une grande manifestation nationale à Paris pour populariser notre projet pour l’éducation.

La rentrée 2012 doit être véritablement en rupture avec les rentrées passées.

Pour cela le SNES s’adressera aux candidats aux élections présidentielle et législatives et leur demandera de prendre des engagements. Nous sommes convaincus de la nécessité d’une nouvelle Loi d’orientation sur l’école qui rompe avec la Loi Fillon de 2006 et renoue avec l’ambition de démocratisation et d’amélioration du système éducatif et d’élévation du niveau de qualifications. Dans l’immédiat nous demandons des mesures d’urgence :

 Rémunération des tâches supplémentaires et harmonisation des pratiques (HDA, évaluation 6e...)

 Restauration d’une grille nationale des dédoublements au lycée pour les trois niveaux et possibilités d’utiliser les heures d’AP pour des enseignements disciplinaires. Augmenter notamment les horaires des EDE en Seconde à 2h30 minimum.

 Relance de l’Education prioritaire avec de véritables incitations pour les personnels (décharges horaires), le respect des cadres nationaux et l’augmentation conséquente des moyens d’enseignement.

 Reconstruction d’une formation initiale des enseignants et retour à une année de stage en alternance après le concours.

Le SNES investit le champ du « travail » comme aspect nouveau et fondamental de la pratique syndicale. Il invite l’ensemble des militants à s’emparer des travaux déjà menés et à s’impliquer dans les initiatives nouvelles, notamment la création de « collectifs travail » dans les établissements. L’enjeu est de fournir à la profession les outils d’une reprise en main du métier selon des modalités collectives. Contre les prescriptions verticales, l’individualisation fragilisante et la perte de sens de nos métiers, reconstruisons des collectifs de réflexion et d’action qui rendent à la profession son dynamisme, sa force et son ambition.

Le SNES demande solennellement à chaque militant à et à chaque syndiqué de participer avec volontarisme à la campagne de syndicalisation en s’adressant à chaque électeur, à chaque sympathisant privé de son droit de vote, pour qu’il rejoigne le SNES en adhérant. Cette campagne s’appuiera sur une tournée téléphonique des S1 en novembre, sur des heures d’information syndicale et sur le parrainage de nouveaux syndiqués par les syndiqués déjà présents dans l’établissement. Dans la perspective du congrès 2012, le SNES Aix-Marseille prendra d’ores-et-déjà les mesures permettant d’organiser les débats et les votes internes dans chaque établissement de l’académie.