« Il nous faudrait un comité d’entreprise à l’Education Nationale. Pour les vacances des enfants, pour les tickets-restaurant, pour les loisirs et les activités culturelles... ». N’est-ce pas ce que l’on entend de plus en plus souvent dans les salles des professeurs, comme un écho sans doute étouffé des difficultés de fin de mois, malgré nos qualifications, malgré nos statuts de fonctionnaires de la catégorie A ?
En 2007, la rémunération d’un certifié au 11e échelon lui assure à peine le même pouvoir d’achat que son aîné du 9e échelon en 1981 ! A cette date, la carrière d’un certifié commençait à deux fois le salaire minimum. Aujourd’hui, le début de carrière représente 1,2 fois le SMIC. La grande revalorisation de 1989 (création de l’ISOE, de la hors classe, intégrations dans le corps des certifiés…) a fini de faire sentir ses effets : « il nous faudrait un comité d’entreprise » ?
Mais comment contraindre l’Etat à abonder les crédits dédiés aux personnels, comme cela se fait par exemple à EDF où le budget du comité d’entreprise représente 8% de la masse salariale ? Avec 8% des crédits du programme budgétaire de l’enseignement scolaire, l’Etat nous gratifierait de 3 milliards d’euros par an.
Avec 3 milliards, nous pourrions revenir sur les 45 000 suppressions de postes qui ont touché notre ministère, ou augmenter de plus de 3% les salaires de tous les fonctionnaires, ou attribuer 60 points d’indice supplémentaires à chaque enseignant de France (3 300 euros
de plus par an), ou faire gagner à chacun une promotion de deux échelons d’un coup.
Il nous faudrait un comité d’entreprise… Il nous faudrait surtout une vraie revalorisation de nos métiers !
3 milliards, est-ce utopique ? Non, lorsqu’on sait que c’est l’équivalent de la baisse de la TVA dans la restauration, que le coût de la loi TEPA de 2007 (défiscalisation, droits de succession, bouclier fiscal) est de 15 milliards par an, ou que les niches fiscales permettant aux plus riches d’échapper à l’impôt représentent un manque à gagner pour l’Etat de 70 milliards d’euros.
Il nous faudrait la revalo.
Et nous pouvons l’avoir parce que nous allons nous mobiliser ensemble pour la gagner. En novembre, au moment du débat parlementaire autour du budget de l’Etat, tous en grève pour nos salaires, tous en grève pour nos carrières, tous en grève pour que nos qualifications et notre travail soient reconnus et respectés comme il se doit.
Laurent Tramoni