La politique du gouvernement et la majorité présidentielle ont été lourdement sanctionnées à l’occasion des élections régionales. Dans plusieurs secteurs, et en premier lieu dans les collèges et les lycées, la fronde s’étend contre les conséquences des choix politiques que le Président de la République n’entend pas remettre en cause : normalisation de la fonction publique par la Révision Générale des Politiques Publiques et la loi sur la mobilité des fonctionnaires,
non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, down-sizing de l’Etat, de ses administrations et des services publics, cure d’austérité pour les fonctionnaires et les salariés, pour la protection sociale
et les retraites.
Les décisions du paquet fiscal, du dumping fiscal au bénéfice des entreprises, de la TVA dans la restauration montrent que les moyens de financement de l’éducation nationale, des retraites, des services publics, existent en France, mais que les choix opérés par le gouvernement se font en faveur des catégories les plus aisées.
Nos mobilisations ont permis de remettre au premier plan du débat public le sort réservé à l’Education Nationale. Le manque de personnels atteint un niveau critique qui nous fait revendiquer un Plan d’Urgence pour l’académie
d’Aix-Marseille. Mais l’enjeu principal des réformes en cours consiste à modifier profondément le fonctionnement du système éducatif pour renvoyer au local la
gestion de la pénurie et créer un service public d’éducation à l’ambition étroite : donner le minimum vital à tous, le « socle commun » jusqu’à 16 ans et de réserver le lycée aux 50 % d’une classe d’âge que l’on jugerait apte à aller jusqu’à la licence. L’ambition d’une véritable culture commune riche et diversifiée pour tous, d’un accès démocratisé aux savoirs émancipateurs, l’effort volontariste pour amener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat
seraient abandonnés.
Si la suppression de la carte scolaire et la réforme des lycées, qui consiste d’abord à donner toute latitude à l’établissement dans la définition des horaires et des formations, allaient à leur terme, les logiques libérales percuteraient de plein fouet le fonctionnement quotidien et concret de nos collèges et de nos lycées, avec des conséquences lourdes pour nos métiers. L’objectif est de
mettre les établissements en concurrence les uns contre les autres, les élèves entre eux, les personnels entre eux. C’est cette analyse qui nous amène à refuser la mise en place du Conseil pédagogique, cheville ouvrière de l’autonomisation des établissements.
Le nouveau contexte politique et la force de nos mobilisations créent aujourd’hui une situation propice à des victoires, comme nous ne l’avions plus connu depuis de longues années.
Dès la fin des vacances de printemps, reprenons la bataille de l’opinion, reprenons l’action.
Laurent Tramoni