Compte-rendu de l’audience auprès de l’inspection de STI
Nous avons été reçus par l’inspection vendredi 29 janvier au sujet du projet concernant la Première STI2D : compte rendu de l’audience.
Stage syndical « Quel avenir pour les STI ? » le mardi 23 février 2015 : Cliquer ici
Présents :
Pour l’administration : Monsieur Lazzerini Secrétaire Général Adjoint – Messieurs Laulan, Cerato et Pelissier, IPR de STI – Monsieur Garnier, DAFPIC
Pour le SNES : Caroline Chevé Secrétaire académique adjointe – Patrick Prigent Responsable académique enseignements technologiques et Lycée du Rempart – Julie Baudinaud Lycée Artaud – François Minetti Lycée Jean Perrin – Bernard Ogourlou Oglou Lycée Méditerranée.
Contexte :
Ayant appris de façon informelle que l’inspection projetait de mener une expérimentation à l’échelle académique sur la Première STI2D et que les chefs de travaux étaient déjà informés, voire les CA, nous avons fortement interpelé l’administration en CHSCTA et dénoncé le fait que les représentants des personnels soient écartés du processus de décision concernant une série aussi sensible à tous points de vue que la STI2D. L’audience est l’effet de notre réaction.
Le SGA expose le diagnostic, le projet et l’intention. La série STI2D n’a pas été renforcée par la réforme, les effectifs n’augmentent pas. Il s’agit donc de travailler sur l’orientation des élèves en partant du principe que la spécialisation dès la Première est un obstacle à l’orientation en STI2D. L’idée est donc de reporter en Première le moment où les élèves choisissent leur spécialité. L’expérimentation est sur la base du volontariat.
Monsieur Laulan, IPR de STI présente le projet plus précisément. Les élèves ne choisiraient plus leur spécialité en Seconde, ils découvriraient les différentes spécialités au premier trimestre par période de trois semaines avec des micro-projets. A l’issue de la période (autour de la Toussaint ou plus tard) ils choisiraient définitivement. Objectif : défendre la spécialité EE, attirer davantage de filles, améliorer l’orientation en STI2D en général. Des expérimentations ont été menées dans plusieurs académies qui auraient permis de « lisser » (sic) la répartition entre les différentes spécialités.
Le SNES remercie pour l’audience. Rappelle le travail conduit par le CHSCTA sur la réforme STI2D qui à lui seul aurait justifié une information des représentants des personnels, évoque les différentes occasions de les informer qui n’ont pas été saisies. Les établissements sont parcourus de nombreuses rumeurs, certains CT pensent qu’il s’agit de mettre en place obligatoirement une expérimentation sur un an. Certains CE refusent de passer par le CA. Aucune information directe et précise des collègues.
Le SNES demande des précisions sur le bilan des expérimentations menées dans les autres académies, et l’existence d’un bilan de ce qui se fait ou s’est fait dans notre académie. Pour exemple : Artaud en 2015-16, les collègues souhaitent arrêter, Rempart pendant 3 ans, les collègues ont arrêté, Briançon, les collègues sont satisfaits. Nous n’obtenons que peu de réponses sur ce point. Pas de bilan chiffré des résultats. Dans l’académie les expérimentations menées n’ont pas changé grand-chose (sic).
La discussion porte alors sur le bien-fondé de l’expérimentation. Les collègues partagent le constat sur les effectifs, et l’objectif (EE, STI2D) mais sont très sceptiques quant à la pertinence de la réponse portée par l’Inspection.
- - Pourquoi agir en Première et pas en Seconde ? Nous pensons que c’est le rôle des EDE de favoriser l’orientation vers les STI2D (CIT, SI, MPS). Or les EDE ne fonctionnent pas bien, les collègues ne sont pas satisfaits et les EDE jouent mal leur rôle. Nous sommes preneurs d’un travail sur les EDE, notamment pour sortir de l’unique explication de la chute de EE par la nomenclature peu vendeuse. L’argument est trop court. Il faut mener un travail sur le fonctionnement des EDE pour comprendre ce qui se passe et c’est là qu’il faut expérimenter. Nous pensons que l’horaire n’est pas suffisant.
- - Pourquoi déstabiliser ce qui marche bien et laisser ce qui ne marche pas bien ? Après quelques années, l’enseignement de spécialité a commencé à trouver son équilibre. En revanche le transversal est toujours à la peine. Il faut laisser souffler les collègues là où ça fonctionne, les laisser reconstruire la relation avec les élèves mise à mal par la réforme. L’expérimentation serait une source de forte déstabilisation, augmentation de la charge de travail. Il n’existe pas de référentiel, tout serait à construire, les services seraient très compliqués.
- - L’idée que la spécialisation précoce ne favorise pas l’orientation est discutable. La série STMG a depuis la réforme une Première généraliste, comme tend à le souhaiter l’IG. Pourtant cette série perd des élèves année après année. Un grand nombre d’élèves choisiront leur spécialité en Seconde de toute façon. Ils verront la découverte des autres spécialités comme une perte de temps et ne s’impliqueront pas. Les autres spécialités n’ayant aucun mal à attirer, il s’agit de mener une expérimentation lourde simplement pour agir sur le petit nombre d’élèves qui pourraient choisir EE et ne l’ont pas fait. La spécialisation est par ailleurs un élément fort d’identité et de structuration de l’élève qui semble poser problème à l’inspection alors que nous la voyons comme positive.
- - Que se passera-t-il si EE n’attire pas davantage d’élèves, si un nombre insuffisant la choisissent et si au contraire les élèves sont trop nombreux dans les autres ? Il sera alors trop tard pour modifier les capacités d’accueil, ou pour changer l’élève d’établissement. Aujourd’hui un élève qui n’a pas de place dans la spécialité choisie peut encore changer d’établissement. L’inspection répond qu’en effet quand le cas se présente les élèves font des vœux et sont affectés en fonction de leurs vœux et des places disponibles. On comprend mieux le « lissage ». Au final certains élèves seront orientés par défaut, ce qui se passe déjà en EE. Il est bien sûr inenvisageable que les emplois du temps ou les services changent en cours d’année. Ce serait un casus belli.
- - Au total c’est 20% du temps d’apprentissage en spécialité qui sera amputé sur les deux ans. Les conséquences sur les apprentissages peuvent être lourdes si les professeurs ne prennent vraiment leur classe qu’en décembre. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
En conclusion de ce point Monsieur Lazzerini insiste sur le fait que cette expérimentation n’a pas vocation à être imposée à tous les lycées de l’académie, mais à concerner un petit nombre d’établissement dont les équipes sont volontaires. L’inspection affirme qu’un nombre important d’établissements sont volontaires pourtant aucun des enseignants présents n’a entendu parler d’une quelconque consultation. Du côté de l’inspection, nous avons le sentiment d’une forte volonté pour que l’expérimentation ait l’amplitude la plus large possible voire soit généralisée l’an prochain.
Afin d’assurer que le volontariat soit véritable, et que l’expérimentation en soit vraiment une et non un moyen détourné d’imposer une dé-spécialisation de la Première STI2D dans les faits nous formulons les revendications suivantes :
- - Respecter le volontariat des collègues et limiter fortement le nombre d’expérimentations menées
- - Intégrer les établissements qui appliquent aujourd’hui des dispositifs approchant au nombre des lycées qui expérimentent
- - Comme le prévoit la réglementation l’expérimentation doit être soumise à l’approbation du CA de l’établissement
- - Fixer une durée de l‘expérimentation (2 ou 3 ans) à l’issue de laquelle un bilan sera tiré par les collègues de manière critique et non a priori.
Dans l’immédiat nous appelons les collègues à se réunir et à débattre à partir de ce compte rendu. Dans l’hypothèse d’une équipe volontaire, nous vous invitons à formaliser la nature et la durée de l’expérimentation ainsi que la nécessité d’un bilan avant de le soumettre au CA. A plus longue échéance nous invitons les équipes qui auront participé à une telle expérimentation à garder la main et à faire leur propre bilan.
Le SNES informera régulièrement les collègues des avancées de ce dossier, et leur donne rendez-vous au stage du 23 février au lycée Jean Perrin.
Pour la section académique
Caroline Chevé