Le ministère de l’éducation nationale prévoit 43 000 recrutements au budget 2013. C’est un effort nécessaire qu’il faut saluer après des années de suppressions massives et le crédo du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Pour ce faire, le ministère a officialisé l’ouverture d’une deuxième session de concours, ouverte aux étudiants inscrits ou titulaire d’un Master 1 :
les épreuves d’admissibilité auront lieu du lundi 17 juin au mardi 25 juin 2013 et les épreuves d’admission se dérouleront en juin 2014.
Les candidats se verront proposer, durant leur année de M2, un service devant élèves de 6 heures et seront rémunérés à la hauteur d’un mi-temps de contractuel. Les inscriptions pour cette session seront ouvertes du 15 janvier 2013 midi au jeudi 21 février 2013 17h sur le serveur national :
http://www.education.gouv.fr/siac2 (et jusqu’au 28 février pour l’envoi postal du dossier d’inscription papier).
Si le Snes se félicite de la prise de conscience gouvernementale de la nécessité de recruter dans l’éducation nationale, il déplore en revanche que les mesures nécessaires à la reconstitution du vivier de candidats aux concours n’aient pas été prises :
Le Snes revendique en effet des pré recrutements donnant aux étudiants un statut de fonctionnaire et une rémunération équivalente permettant de cotiser pour les pensions de retraite.
Par ailleurs, le Snes déplore l’accumulation des exigences pour les étudiants admissibles qui devront en M2, préparer leur oral d’admission, valider leur master 2 en effectuant un travail de recherche, et éventuellement effectuer un service de 6 heures devant les élèves (avec quel encadrement et quelle formation ?)...
Le Snes dénonce par ailleurs le retour de la place du concours en fin de M1 : l’impérieuse nécessité de recrutement ne justifie pas ce recul d’exigence sur la qualification des enseignants. Ce recul ne résout par ailleurs pas les problèmes de la mastérisation car les étudiants devront toujours valider leur M1 tout en préparant leur concours...Seul un concours placé après le M2, accompagné de véritables pré recrutements aurait permis aux étudiants de répondre aux exigences du master et de la préparation d’un concours.
Enseigner est un métier qui s’apprend : au delà des déclarations ministérielles, les moyens ne seront pas réellement mis en œuvre pour la restauration d’une véritable formation des enseignants à la rentrée 2013 :
• les lauréats des concours 2013 (admis en juin-juillet) effectueront, comme cette année, un quasi temps-plein avec 3 heures de décharge seulement : ils recevront donc une formation qui s’ajoutera à leurs heures de travail, effectuant ainsi bien plus de travail qu’un enseignant titulaire.
• Par ailleurs, le ministère a refusé d’abroger l’exigence du CLES2 (certification de langue) et du C2i2e (certification informatique) et les stagiaires seront contraints, en plus de l’apprentissage du métier et de la validation de leur Master 2, de valider ces certifications pour pouvoir être titularisés.
Ces conditions d’entrée dans le métier demeurent inadmissibles et le fait que la formation de ces stagiaires s’effectuera au sein des ESPE, les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education, n’y changera rien.
Le Snes a déjà alerté les médias et le ministre sur les très difficiles conditions d’apprentissage du métier que vivaient les stagiaires cette année et continue de revendiquer la restauration d’une réelle formation avec un tiers de service devant élève, un tiers de formation et un tiers d’observation, dès la rentrée 2013.
Par ailleurs, la restauration de la formation annoncée pour la rentrée 2014 ne doit pas se faire à n’importe quel prix :
les informations sur les ESPE et les contenus des maquettes, qui sont délivrées au compte goutte par le ministère sont alarmantes :
Distinguer la formation des certifiés de celle des agrégés, créer un master métier de l’enseignement strictement professionnel et transdisciplinaire en M1 alors que ce sera l’année de préparation au concours, et où on mélangerait PE (Professeurs des Ecoles) et certifiés….
Tout cela révèle un projet de formation niant les spécificités disciplinaires auxquels les enseignants du second degré sont attachés, ainsi qu’une volonté de professionnaliser le concours à outrance, sans qu’il ne soit plus question de sélection sur la base de qualification disciplinaire….Or les modules transdisciplinaires étaient les plus rejetés et les plus critiqués du temps des IUFM !
Pour le Snes, la didactique et la pédagogie ont un sens quand ils s’inscrivent dans un cadre propre à chaque discipline.
Par ailleurs, ces annonces font écho au projet de l’école du socle qui cherche à fondre dans un seul corps enseignants de collège et de l’école primaire tandis que le pôle bac–3/bac+3 serait réservé aux seuls agrégés ? Cette conception de l’éducation a déjà été rejetée à plusieurs reprises par les enseignants : enseigner en école primaire ou en collège, ce n’est pas le même métier !
Le Snes s’alarme d’un tel projet d’école et de formation car il n’est pas de nature à répondre à la demande sociale d’élévations des qualifications, car il heurte les enseignants autant qu’il décourage les étudiants passionnés par leur discipline et qui souhaitaient la transmettre en devenant enseignants.
Voilà qui risque de freiner sérieusement la reconstitution des viviers de candidats aux concours de l’enseignement !