24 février 2025

Notre académie, nos établissements

CSA SD du 6 février sur les DGH : unanimité contre !

Le Conseil social d’administration spécial départemental qui répartit les DGH dans les collèges des Bouches-du-Rhône s’est tenu le jeudi 6 février 2025.

Lors du CSA SD du 6 février 2025, les élu.e.s SNES-FSU ont dénoncé le manque d’ambition d’une dotation qui si elle augmente avec 11 ETP supplémentaires ne permet pas de revenir aux taux d’encadrement d’avant 2017 et dont la légère hausse est surtout répartie dans le panier autonomie des établissements pour poursuivre les groupes de niveau du « choc des savoirs ». Le FSU demande une dotation à la hauteur des besoins.

Pour rappel nos analyses lors du groupe de travail sur les DGH :

https://www.aix.snes.edu/le-groupe-...

Les membres du CSA SD se sont prononcé unanimement contre la dotation et sa répartition.

Déclaration liminaire

Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale,

Bonne année 2025 ! 2024 aura été marquée par les coupes budgétaires, les réformes passées en force au mépris de la communauté éducative, les propos dénigrants, les postes non pourvus, et les menaces de l’extrême droite sur l’École et son personnel.

Le dernier exemple de ce climat chaotique est la fin brutale des fonds alloués à la part collective du Pass’culture. Le gouvernement réduit le budget de 94 à 72 millions d’euros, et plafonne la dépense au niveau national jusqu’en juin 2025, à hauteur de 50 millions d’euros. En l’absence totale de communication, chacun se précipite pour valider ses projets dans une débâcle digne du radeau de la Méduse. Cette logique d’ouï-dires, de chacun pour soi, de premier arrivé et les autres à terre, nous est insupportable. Elle est complétement inégalitaire, et nous la rejetons.

L’éducation artistique et culturelle, trop coûteuse ? Trop coûteux ces enseignantes qui, en dépit des difficultés nombreuses et de conditions de travail toujours plus dégradées, continuent à proposer à leurs élèves la venue d’une compagnie de théâtre, une sortie au musée, au cinéma, à l’opéra ? Quel mépris pour le travail des équipes éducatives pour permettre l’accès à la culture de tous les élèves ! Quel mépris pour les artistes qui voient s’envoler la possibilité de partager leur travail, leur création, - et de pouvoir en vivre.

Le budget présenté en décembre était déjà une provocation. 4000 suppressions de postes, 3 jours de carence, diminution de l’indemnisation des arrêts maladie, absence de revalorisation salariale… Notre colère, exprimée le 5 décembre et nos mobilisations ont permis de mettre dans le débat public la question de l’état de l’École, et nous saluons l’annulation des 4000 suppressions d’emplois et la création de 2000 emplois d’AESH.

La création de 11 postes de CPE et 21 ETP d’AED dans notre académie est aussi une nouvelle positive. Mais ces créations imposent de revoir le calendrier rapidement. Dans le département, nous demandons que les postes d’AED soient positionnés en priorité là où ils ont été supprimés dans le cadre du redéploiement acté sans concertation en juin dernier. Nous demandons que leur implantation se fasse en toute transparence, dans une logique de démocratie sociale.

Parce que, parlons-en de démocratie sociale, il s’agirait plutôt de son déni dans la préparation de la rentrée scolaire 2025. En effet, comment peut-on entendre que le CSA-A ait eu lieu alors que les chefs d’établissement connaissaient déjà leur DGH ? Comment comprendre que certains établissements aient commencé le travail de répartition des moyens avant que le groupe de travail du CSA SD ait été réuni ? Qu’on ne nous laisse pas nous prononcer aujourd’hui par un vote ? Le contournement de nos instances représentatives est ici manifeste. La répartition des DGH est un acte politique qui détermine les conditions de travail du personnel et les conditions de réussite des élèves. Nous n’acceptons pas d’être ici simplement « pour information », dans un simulacre de représentativité fantoche, comme semble le laisser supposer la convocation à ce CSA SD.

D’ailleurs, si vous aviez bien voulu nous entendre avant, nous aurions pu vous dire que les 30 ETP supplémentaires qui ont été octroyés à notre département aurait dû être utilisés pour réduire la pression des effectifs dans les classes. Parce que le saupoudrage de ces 540 heures dans le panier autonomie des DGH est insuffisant au regard des 18 divisions qui pouvaient être créées. D’autant que cette autonomie reste opaque et sous couvert de liberté laissée aux établissements, elle met en concurrence les projets, dédoublements et disciplines. Elle sert à alimenter la mise en place des regroupements en français et mathématiques en 6e et 5e et pourrait permettre, paraît-il, l’accompagnement des élèves de 4e et 3e. Pauvre panier de prétendue autonomie qui ne cesse d’augmenter pour couvrir de plus en plus de commandes au détriment des effectifs par division.

Nous vous aurions aussi alerté sur l’inégale répartition de cette enveloppe et nous vous aurions expliqué en quoi elle est loin de suffire. Il suffit de regarder le H/ E dans le département :

Les établissements de type 3 (les plus favorisés) montent de 1,08 à 1,09, les types 2 passent de 1,12 à 1,14, les types 1 de 1,18 à 1,20, les REP de 1,28 à 1,31 et les REP+ reculent de 1,59 à 1,58. Pour rappel le h/e REP+ était en 2018 de 1,68 (3 postes en plus en moyenne par établissement). Globalement, il faudrait environ 120 postes supplémentaires pour revenir à peine à l’encadrement de 2017 où le H/E départemental était de 1,25.
Comment se satisfaire de ce déclin hoquetant ? Il est temps de sortir d’une vision de court terme, les yeux rivés sur la calculatrice et d’engager une loi de programmation pluriannuelle de créations d’emplois et de recrutement.

Dans notre département, cela se traduit aussi par une augmentation du nombre d’enseignant.es non remplacé.es, et par des disciplines entières en tension. Le RCD, encouragé par vos services auprès des chefs d’établissement, outre qu’il est une aberration pédagogique, ne peut pas combler le manque de professeur.es titulaires remplaçant.es.
Il est urgent de revoir le calibrage dans certaines disciplines afin d’avoir des enseignant.es formé.es en nombre suffisant pour assurer la continuité du service public.

Sur les mesures du « choc des savoirs », l’annonce de l’abandon du DNB obligatoire pour passer en Seconde va dans le bon sens. La fin des prépa-Seconde annoncée pour 2026 aussi. Ces mesures étaient inacceptables d’un point de vue scolaire et social. La classe prépa seconde n’a rien réglé concernant le nombre important d’élèves non affectées en fin de troisième, notamment dans le 13. En 4e/3e, en ouvrant la porte à des dispositifs qui ne sont pas des groupes de besoin et qui ne se limitent pas au français et aux maths, la ministre enterre d’une certaine manière les mesures initiales du « Choc des savoirs » de Gabriel Attal. Et le CSE a voté unanimement pour la seconde fois contre ces groupes. Il s’agit là du premier coup d’arrêt à une succession de réformes, de Parcoursup au « Choc des savoirs » en passant par le lycée Blanquer, s’inscrivant à rebours de plus de 40 ans de démocratisation scolaire par une politique d’exclusion et de tri social, pour économiser des moyens au détriment des jeunes les plus fragiles.

De la même manière qu’elle portera la lutte contre l’indemnisation à 90% seulement des arrêts maladies, la FSU est déterminée à poursuivre la mobilisation pour obtenir l’abandon complet de toutes les mesures du « Choc des savoirs » avec en premier lieu le refus de la poursuite des groupes de niveau en 6e et 5e.

Nous vous avions alerté sur la désorganisation provoquée par ces groupes dans les collèges cette année. Nous nous opposons à leur poursuite à la rentrée prochaine. Les moyens qui avaient servi à leur mise en place doivent être réaffectés pour diminuer les effectifs par classe, pour toutes les disciplines, pour rétablir les dédoublements, les options supprimées, l’heure de technologie en Sixième.

Si nous nous félicitons de la poursuite des créations de dispositifs ULIS dans les collèges des Bouches-du-Rhône. Cela n’est, hélas, pas encore suffisant. Nous sommes, aussi, inquiet.es du faible nombre de places dans les dispositifs d’UPE2A et des conditions d’enseignement qui y sont proposées. Surtout, nous ne pouvons accepter que la catégorie des enseignants dans ces dispositifs détermine le nombre d’heures allouées dans les DGH. Le panier autonomie ne pourrait pallier au manquement de moyens de dispositifs qui devraient être sanctuarisés avec un volume d’heures conséquent, pour toutes et tous le même.

Alors qu’en 2025, nous fêtons les 20 ans de la loi sur le handicap, force est de constater que le défi éducatif de l’inclusion n’est pas relevé. Une fois les RASED démantelés, on a abandonné en première ligne les AESH et les enseignant.es, sans formation, sans reconnaissance professionnelle, dans un empilement de textes et de dispositifs qui ne servent qu’à camoufler cette stratégie d’économie qu’on a le culot d’appeler « un redéploiement de moyens ». Pour pourvoir 2000 postes d’AESH, nous avons une solution simple : écouter leur revendications, et en finir avec la précarité imposée à cette majorité de travailleuses par la création d’un corps de fonctionnaire de catégorie B dans la Fonction publique d’État, l’abandon des PIAL, des PAS, une augmentation significative des rémunérations sur toute la carrière et la reconnaissance d’un temps complet sur la base d’un accompagnement élève de 24 heures, sans ajouter de nouvelles missions sur le temps périscolaire.

Finalement, la seule courbe qui augmente vraiment dans notre ministère est celle des risques psycho-sociaux. Plusieurs établissements dans notre département souffrent des méthodes de management toxiques de certains personnels de direction et nous demandons que les inquiétudes et la souffrance de nos collègues soient entendues, dans un cadre protecteur, pour qu’ils et elles retrouvent des conditions de travail sereines.

Nous insistons aussi sur l’urgence d’une réflexion sur le bâti. Repenser la rénovation, les agrandissements des collèges. Prévoir des établissements à dimension humaine. Il est impératif que la F3SCT départementale puisse se saisir des nombreuses alertes du terrain, et qu’elle soit entendue dans les avis qu’elle vous présente.

Tout cela fait que la FSU revendique plus et mieux d’école publique et cela ne peut que passer par des moyens conséquents, partout où cela est nécessaire : dans le 13e arrondissement de Marseille, il faut un collège supplémentaire et nous soutenons Le comité de mobilisation Un collège pour le 13e. Dans le 15e arrondissement, il n’est non plus envisageable que ce soit un collège privé jésuite qui assure le service public d’éducation.

Notre département est à un point de bascule et pour l’an que vèn, la FSU revendique un vrai plan d’urgence pour le département, incluant les dotations d’enseignant.es, les équipes pluri-professionnelles, les AED, les AESH, les aspects bâtimentaires, afin de rattraper les retards accumulés et porter une Ecole juste, égalitaire, émancipatrice.

Les élu.e.s SNES-FSU au CSA SD
Elise Kahlat, Julien Weiz, Nicolas Bernard-Hayrault