Un avenant au Projet départemental sur l’École Inclusive dans le 13 vient démontrer une logique délétère qui fait que pression pour réduire les notifications d’AESH pour compenser la pénurie de recrutement.
Dans les Bouches-du-Rhône, un avenant au plan d’action départemental 2024 -2029 pour l’École Inclusive vient dévoiler cette année, si cela était vraiment nécessaire, la vision comptable que l’administration a de l’inclusion. Avec les Plan d’Appui à la Scolarité (PAS) en ligne de mire, il y est explicitement demander de réduire, limiter, alléger l’accompagnement humain des élèves en situation de handicap.
D’abord, l’objectif énoncé est claire :
« Réduire le taux de notifications d’accompagnement humain d’une part, et d’accompagnement humain individualisé d’autre part. » propose l’avenant dans ses objectifs.
Il s’agit de réduire les besoins parce qu’on n’a pas assez de moyens pour les compenser. Selon les données de la DGESCO, dans l’académie d’Aix-Marseille, à la rentrée 2025 sur un total de 22 568 enfants notifiés, 7 587 enfants sont encore en attente d’AESH, soit un taux de carence de 33%. On manque d’AESH. On n’arrive pas assez à recruter. Les besoins sont de plus en plus criants. La précarité des contrats est clairement en cause. Que fait-on alors ? Puisqu’on n’arrive pas à trouver des moyens, on réduit les besoins. Qu’importe si la MDPH juge nécessaire ces accompagnements. On finira bien par lui faire comprendre que ça coûte cher.
On met en place une stratégie des plus explicites :
« Travail avec la MDPH pour réduire les notifications en EPE - Formation des directeurs d’école pour la rédaction du GEVASCO première demande - Formation des ERSEH sur l’accompagnement des besoins des élèves notifiés en dehors de la compensation humaine » continue l’avenant.
Pour réduire les besoins, il faut donc changer de paradigme : les notifications de la MDPH en impose trop. Avant que les PAS la fassent passer définitivement au second plan décisionnel, il faut dès maintenant lui demander de diminuer ses notifications en général et à défaut de réduire drastiquement les accompagnements individualisés. On demande aussi d’agir en amont et de faire en sorte que les équipes arrêtent d’en demander trop. C’est bien connu, les équipes pédagogiques évaluent mal la capacité des élèves en situation de handicap à gagner en autonomie. Il faut leur faire comprendre qu’on peut remplir un GEVASCO qui oriente les décisions de la MDPH afin que les notifications en compensation humaine baissent. Et puis, surtout, mutualiser les moyens pour faire courir les AESH de classe en classe, d’école en école, de collège en collège, d’école en collège. Le PIAL permet déjà tout cela. Si les notifications allaient dans le même sens, elles prépareraient l’avènement des PAS !
La difficulté de recrutement parce que le métier d’AESH est précarisé, le manque de moyen alloué pour aider les élèves en situation de handicap pousse l’administration à construire des discours et des actions délétères : une logique comptable est alors à l’œuvre qui méprise l’expertise des équipes pédagogiques et de la MDPH.
A rebours de cette tendance destructrice qui dégrade les conditions de travail de tous les personnels (AESH, enseignants…), qui empêche la réussite éducative de ces élèves que l’on prétend aidé et qu’on laisse se perdre dans une inclusion sans l’accompagnement humain nécessaire, il faut repenser les moyens humains qui servent l’inclusion dans leur nombre et dans leur statut.
Ce n’est pas en réduisant artificiellement les besoins que l’école pourra jouer pleinement son rôle dans l’inclusion des élèves.
Baisser les effectifs dans les classes pour permettre un accompagnement de toutes et tous, créer un vrai statut pour les AESH qui les sortent de la précarité et leur donne le rôle essentiel qu’iels doivent avoir, donner les moyens nécessaires pour répondre aux notifications de la MDPH sans PIAL, ni PAS voilà les vrais leviers pour qu’enfin l’école soit pleinement inclusive.
