Le gouvernement a décidé de mettre fin à l’indexation des pensions et retraites sur l’inflation. Plus aucune règle n’existe et la revalorisation des pensions et retraites ne dépendrait plus que du bon vouloir du pouvoir en place.
Voilà qui éclaire parfaitement la volonté de transformer de fond en comble le système de retraites, en passant à un système par points, afin de baisser les pensions de toutes et tous, celles des actuels comme des futurs retraités, en effaçant tout repère collectif.
Bien au-delà des actuels retraités, il s’agit d’une attaque en règle contre le salariat.
Après le gel des pensions en 2018, faisant suite à une série de mesures régressives et une succession d’années blanches, la revalorisation sera de + 0,3 % en 2019 et en 2020. Or l’inflation est repartie. En juillet 2018, elle était de 2,3 % sur un an. Pour 2019, le budget devrait prévoir une inflation de 1,7 %. Dès lors, la valeur réelle des pensions reculerait de 1,4 % l’an prochain.
La hausse de 1,7 point de la CSG en janvier 2018 se traduit par une perte moyenne de 600 euros par an pour 9 millions de retraités, ou bien plus encore pour les catégories A de la fonction publique. Sans compensation.
L’abandon de l’indexation sur les salaires au profit de l’indexation sur les prix mise en œuvre par les précédentes réformes des retraites a déjà porté un coup rude aux retraité-es puisque leur pension se dévalorise par rapport au revenu des actifs. Ce phénomène a été aggravé par le report des dates de revalorisation. Rappelons que pour les fonctionnaires, la note a été fortement accrue par le quasi gel des salaires depuis 2010 : un départ à la retraite en 2015 ou 2018 accumule ainsi un retard de plusieurs points sur l’inflation (taux cumulés de l’inflation 2010-2018 : environ 10%).
Les retraités sont donc devenus une cible de ce gouvernement, qui tente de transformer sa politique de classe en guerre de générations, pour faire oublier ses choix rétrogrades.
Car dans la réalité, le gouvernement s’en prend aux revenus des ménages, retraités comme actifs. Aujourd’hui, les salaires des actifs augmentent moins vite que l’inflation dans le privé, premiers effets des lois travail... Ils sont à nouveau bloqués dans la fonction publique. En s’en prenant une nouvelle fois aux retraités, il bloque les transferts intergénérationnels des retraités actuels vers leurs parents très âgés (qui ont globalement de faibles retraites), et/ou vers leurs propres enfants qui font souvent partie des jeunes ayant du mal à trouver un emploi, à cause d’un haut niveau de chômage... provoqué par des politiques austéritaires qui s’enchaînent et bloquent croissance et création d’emplois. Soit un mécanisme bien connu qui accroît mécaniquement les déficits, choix politique actuel de tous les pays de l’Union Européenne.
La pension est un traitement continué (Code des pensions). Elle n’est en effet ni une prestation sociale, ni ne fait partie des minima sociaux (à la différence du minimum vieillesse). C’est une conception novatrice du rapport entre traitements et pensions. Élargir ce principe de salaire continué au privé est à l’ordre du jour, si l’on veut inventer un autre avenir, portant l’amélioration des retraites pour tous.
L’histoire des retraites, c’est l’invention de la sécurité des ressources de toute la vie d’un travailleur. Chaque année, une partie des richesses produites retournent au salariat, sous forme de salaire direct pour l’actif, et sous forme de salaire continué pour le retraité. L’État verse directement les retraites sur son budget (Code des pensions) ; dans le privé, cela passe par les cotisations (patronales et salariales) versées à des caisses qui les transforment immédiatement en prestations. Le salaire se substitue à l’épargne salariale comme à la fiscalité redistributive. La péréquation est assurée sans aucune accumulation financière.
La retraite ne relève pas d’un contrat entre générations ; elle correspond à un salaire que le capital doit verser pour obtenir du travail. Pour cela, il doit reconnaitre collectivement les individus tout au long de leur vie.
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Ce gouvernement tente d’imposer à des millions de salariés et de retraités des reculs sans précédents. Autrement dit, un immense bond en arrière. A savoir le retour de la pauvreté pour les futurs et actuels retraités. La mise en place des retraites ( par répartition) s’est faite progressivement à partir de 1945, devenant obligatoires pour tous en 1972. Elles ont été fortement revalorisées dans les années 80. Elles atteignent aujourd’hui un niveau proche des actifs. La proportion de pauvres chez les retraités a ainsi fortement diminué, passant de 35% en 1970 à 6% en 2006. Mais l’ensemble des régressions induites par les réformes successives de retraites depuis 1993 (avec des aggravations progressives pour les prochaines générations arrivant à l’âge de la retraite) annoncent une chute globale des pensions au milieu du siècle. Les mesures Macron actuelles et ses projets de diminution drastique de la dépense publique, avec dans le collimateur les retraites, auront comme résultat le retour de la pauvreté. Le projet, très libéral, consiste en matière de retraites d’instaurer un mince filet de sécurité ( par la fiscalisation), de diminuer les pensions (refus constant depuis 1993 d’augmenter les ressources alors que le nombre de retraités s’accroit sous l’effet de l’augmentation de l’espérance de vie), afin d’ouvrir d’ouvrir un juteux marché à la finance (les fonds de pension). Avec à la clé non seulement l’explosion des inégalités sociales, mais aussi le renforcement d’un capitalisme financier dont le caractère prédateur de l’environnement n’est plus à démontrer.
Défendre les retraites, actuelles et futures, c’est élaborer un tout autre projet porteur d’avancées pour tout pour le salariat, à savoir les actifs comme les retraités, la retraite étant un salaire continué. C’est tenter ainsi l’unification entre jeunes, actifs, retraités, hommes et femmes, public et privé, ces « catégories » que les différents pouvoirs opposent sciemment. Avec une plate-forme commune et offensive : c’est l’enjeu de la bataille qui s’ouvre en cette rentrée.
Le projet est inconnu à ce jour, pour une loi prévue en 2019.
Le SNES-FSU rappelle son opposition à un recours aux financements privés ou à une assurance complémentaire qui plus est à partir d’un certain âge. Avec le groupe des 9, il défend la prise en charge du droit à l’autonomie dans le cadre de la Sécurité sociale.
Face à un gouvernement qui écarte une fois de plus la question du partage des richesses et poursuit une politique en faveur des plus riches du pays, le SNES-FSU revendique des mesures immédiates pour revaloriser le pouvoir d’achat des retraités, la suppression de la hausse de la CSG, le retour à l’indexation sur les salaires.