Retraites : Gagner la bataille de l'opinion !

Face à l’ampleur des mobilisations et au rejet de la retraite par points, le gouvernement choisit de rester droit dans ses bottes : faire passer les retraites par points comme l’âge pivot : 64 ans aujourd’hui et combien demain ?
Il entend par cette réforme en finir avec l’Etat social et la Sécurité sociale.
Pour obtenir naturellement tout autant l’abandon du projet par points (et de l’âge pivot), les mobilisations doivent se poursuivre. Nous devons tout autant nous emparer plus que jamais de la bataille de l’opinion, auprès de tous les salariés et partout où nous serons les prochains jours… Pour rebondir victorieusement en janvier.

 NOTE 1 - 20/12/2019 Décembre

  Mobilisations inédites, confiance retrouvée<small class="fine d-inline"> </small>!
Dans les prochains jours, se joue la bataille de l'opinion.

Vous trouverez rassemblés un choix d’argumentaires variés au sein des prolifiques contributions des derniers jours, classées par thématiques.

 1/ Le guide d'autodéfense


par d’Anaïs Henneguelle, Maîtresse de conférences en économie, Université de Rennes 2

Le guide permet de déconstruire les éléments de langages, les idées simplistes et autres mensonges de la doxa dominante….

1 – « Il n’y a pas de perdants à la réforme » - 2 – « Le système n’est pas viable financièrement : il faut réformer » - 3 - « L’espérance de vie augmente et il faut en profiter » - 4 – « Il faut un âge d’équilibre à 64 ans » - 5 – « Il faut sanctuariser la part des retraites dans le PIB à 14 % » - 6 – « On conserve un système par répartition » - 7 – « Il faut en finir avec les régimes spéciaux » - 8 – « La réforme permet de protéger les droits des plus faibles » - 9 – « Le nouveau système bénéficiera aux femmes et aux familles »n- 10 – « Les hauts salaires contribuent plus dans le nouveau système »- 11 – « Le nouveau système sera plus lisible »- 12 – « Le Président a annoncé cette réforme durant sa campagne présidentielle »

 2/ Avec les statisticiens de l'INSEE mobilisés, des chiffres et des arguments…

Mercredi 11 décembre 2019, le Premier ministre, M. Édouard Philippe, a affirmé : « La responsabilité, c’est tenir compte, comme tous nos voisins, de données économiques et démographiques incontestables. » Le comité de mobilisation de la direction générale de l’Insee l’a pris au mot et publie les chiffres fondamentaux afin que les citoyens s’en saisissent et comprennent l’enjeu d’un refus collectif de la réforme.

C’est ici.

 3/Combattre les fondements de la retraite à points : «<small class="fine d-inline"> </small>une réforme néolibérale<small class="fine d-inline"> </small>»

Comme l’écrit Romaric Godin dans Médiapart.

Extraits…

C’est « un moyen de réduire les transferts sociaux, de baisser les impôts et de désarmer le monde du travail. C’est bel et bien une réforme structurelle néolibérale. Et c’est bien pourquoi le gouvernement et le président de la République y sont si fanatiquement attachés ».

« La justice d’un régime de retraite ne peut être réalisée sous la toise d’une règle unique parce qu’il n’existe pas d’égalité de conditions de travail, ni d’égalité d’espérance de vie, ni d’égalité de départ dans les carrières, ni enfin d’égalités de conditions au sein des entreprises ».

« L’élargissement du calcul de la pension à l’ensemble de la carrière ne saurait être considéré comme une mesure de justice par rapport à un mode de calcul favorisant les meilleures années. Pour une raison évidente : le calcul va intégrer les moins bonnes années. C’est aussi simple que cela. »

« Lorsque le gouvernement annonce une très lente revalorisation du métier de professeur pour compenser les effets de la réforme, c’est bien qu’il reconnaît que leurs pensions seront beaucoup plus faibles »

« Quant aux plus précaires, ils continueront à être doublement pénalisés, dans leur carrière et à la retraite ».

A propos du CNR : « L « égalité » revendiquée consiste surtout à réduire les droits de certains, à rebours de l’ambition du CNR. [Lequel]avait défendu l’universalité du système de retraite pour donner des droits à tous dans un pays où l’assurance-vieillesse était une exception. L’universalité était celle de l’accès au droit à la retraite. Mais l’ambition du CNR s’inscrivait dans une logique de rattrapage par le haut, ce qui a motivé de conserver les exceptions pour les régimes plus généreux. Aplanir les pensions et les droits par le bas est l’inverse de l’esprit et de la lettre du projet de 1945 ».

« Le vrai problème, c’est bien la baisse du niveau de vie des retraités futurs qui a été programmée par les anciennes réformes et que la nouvelle n’entend pas corriger ».

« Si le gouvernement insiste tant sur l’équilibre, ce n’est pas par souci d’équilibre financier. C’est parce qu’un tel équilibre va permettre de financer… des baisses d’impôts. (…) Pour comprendre cette réforme, il faut comprendre le point de départ de l’idéologie gouvernementale : la dépense publique en France est trop élevée parce qu’elle empêche des baisses d’impôts qui favoriseront la compétitivité du pays. Or, la dépense publique, c’est d’abord et avant tout de la dépense sociale. Avec la retraite par points à « cotisations définies », on pourra plus aisément maîtriser ces dépenses pour assurer l’équilibre et ainsi financer les futures baisses d’impôts et de cotisations ».

« Avec le système actuel, il fallait une réforme tous les cinq à dix ans pour piloter le système. Désormais, le système se pilotera lui-même par la règle d’or de l’équilibre financier. Mieux même, ce pilotage sera assuré par les partenaires sociaux, permettant à l’État de se décharger de sa responsabilité »

« C’est donc une formidable machine à permettre de futures baisses d’impôts sur le capital et de destruction du système de solidarité »

« Le système de retraite à points est donc le couronnement des réformes précédentes de destruction du modèle social. On a détricoté le système de protection du travail, puis on prétend que le « monde est ainsi fait » et qu’il faut adapter les retraites à cette « réalité ».

« La retraite à points est donc une garantie future pour une plus grande libéralisation du marché du travail, mais aussi une assurance de plus que le coût du travail va rester bas. C’est donc bien une machine à désarmer le travail face au capital ».

Poursuivre : une analyse lumineuse du néolibéralisme en acte, du même auteur, « La guerre sociale en France »

 4/ La destruction des solidarités

Dans le système par points, sous couvert d’une prétendue « universalisation », c’est en réalité une logique d’individualisation et de pseudo-capitalisation qui prévaudrait.
Sébastien Villemot, membre du collectif d’animation des Économistes atterrés, explique que la réforme systémique envisagée n’est pas un simple artefact technique. Au-delà de la baisse prévisible du niveau des pensions, il s’agit d’une logique d’individualisation et de pseudo-capitalisation, destructrice des solidarités.
C’est ici.

 5/ Le très radical rêve de Macron : éradiquer l'État Social et la Sécurité Sociale

Les fondements de la Sécurité Sociale : retour sur l’histoire, par l’historienne Mathilde Larrère :

« La sécu des origines à nos jours, histoire d’une révolution »

 6/ Contrer la stratégie de la désunion de la solidarité intergénérationnelle

Livia Garrigue, Journaliste co-responsable du Club de Mediapart, a rassemblé ici toute une série d’argumentations dans les blogs de Médiapart

 7/ Les femmes grandes gagnantes<small class="fine d-inline"> </small>?

« Grandes gagnantes » de la réforme des retraites, les femmes, vraiment ?

Militant pour le retrait de cette « réforme sexiste », un ensemble de femmes – syndicalistes, personnalités du spectacle, élues, universitaires demande « une réforme féministequi repose sur la réduction du temps de travail, l’égalisation des salaires, le renforcement de l’activité professionnelle des femmes ».

Les explications très précises de C Marty, Attac-Copernic sur le sujet}.

 8/ Les régimes spéciaux et les pensions des fonctionnaires, des privilèges<small class="fine d-inline"> </small>? Une salutaire mise en perspective historique des réformes des retraites

La réforme des retraites annoncée en 2019 a provoqué depuis plusieurs semaines un mouvement social opposé à la réforme des retraites, sommes-nous face à une rupture historique ?
La question est posée à Michel Pigenet, historien, Professeur émérite d’histoire contemporaine. La réalisation est de Jeanne Menjoulet.
Cette vidéo est produite par le Centre d’Histoire des mondes contemporains (Unité mixte de recherche de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et du CNRS (UMR 8058).

 9/ Avec Alain Supiot, élargir la perspective au travail

Le juriste du droit du travail propose de mettre au centre du débat politique et social aujourd’hui « le travail », qui « n’est pas une marchandise ». Alain Supiot s’intéresse notamment aux professions libérales et publiques, encore à l’abri du paradigme du travail-marchandise. Il se penche notamment sur la question du statut du travail universitaire, questionnant le fait que le travail des chercheurs soit traité comme une marchandise soumise aux règles du marché et de la compétitivité…
Au passage, le juriste tacle les forces néolibérales qui s’opposent à la prise en compte du réel… Il reprend l’idée défendue par la Déclaration de Philadelphie (1944), celle d’un « régime de travail réellement humain », pose « la question du sens du travail, du “pourquoi travailler ?” (pour contribuer le mieux au bien-être commun) et celle de son contenu, du “comment travailler ?” (en ayant la satisfaction de donner la mesure de son habileté et de ses connaissances). »
C’est-à-dire ce qui est au centre des attaques sans précédents contre l’école, l’hôpital et tous les services publics…

Son dernier cours au collège de France, magistral, a été édité}}, mais vous pouvez aussi en visionner la vidéo sur le site du collège de France .

 10/ Enfin, lu dans les journaux …

La construction d’un projet de progrès social , par Catherine Mills Économiste, directrice d’ Économie et Politique (Humanité du 19 decembre)
« Le financement est la bataille centrale…Une unification vers le haut est à l’ordre du jour » ….

Une réforme ni sociale ni écologique,par JM Harribey, Économiste, membre d’Attac et de la Fondation Copernic (Humanité du 19 decembre)
« Après les annonces du premier ministre, la chose est entendue : la réforme des retraites ne sera ni universelle, ni juste, ni responsable. Elle ne sera donc pas sociale et elle ne s’inscrira pas non plus dans une vision écologique de l’avenir »

« Le peuple français est engagé dans un processus de résistance », par Gérard Noiriel, Humanité Dimanche, 12 Décembre 2019

Retraites amères pour les classes populaires , par Guillaume Duval, journaliste, éditorialiste à « Alternatives économiques » et Daniel Goldberg , ancien député — Libération -19 décembre 2019
« Le projet de réforme ne permet pas de garantir une réduction des inégalités. Il existe au contraire de bonnes raisons de penser que celles-ci risquent de s’accroître ».